Après la Révolution les biens mobiliers et immobiliers du clergé, ceux de la couronne ainsi que ceux des simples individus émigrés ou considérés comme ennemis de la Nation tels les condamnés, les réfractaires ou les déportés, deviennent propriété de la Nation suite à une série de lois promulguées entre le 2 novembre 1789 et le 8 nivôse an II (28 décembre 1793). Le 19 août 1792 l'Assemblée législative décide que "les immeubles et rentes affectés aux fabriques seront vendus".

Avec 25 tenues mises en vente, la fabrique de Larmor est beaucoup plus riche que l'église Saint-Pierre de Plœmeur qui n'en a que 4. Les Oratoriens de Nantes du prieuré des Montagnes, quant à eux, possèdent 15 tenues à Larmor.

 

Biens de la fabrique de Larmor


La maison presbytérale
Le 26 avril 1793, le district d'Hennebont prie M. Ulliac de se transporter au village de Larmor aussitôt que le temps le permettra à l'effet de faire l'évaluation de la valeur de la maison destinée au logement du prêtre qui desservait la chapelle de ce village. Les dépendances de cette maison consistent en un jardin et un pré y attachés. Il peut y en avoir d'autres dont la municipalité de Plœmeur vous donnera connaissance.

Deux semaines plus tard, le 6 mai, Gabriel Marie Ulliac architecte et ancien arpenteur de la maitrise des eaux et forêts demeurant à Kermorvant près de Pont-Scorff, mandaté à cet effet, procède à l'estimation de la maison presbytérale. Accompagné du citoyen Joseph Palot, officier municipal habitant au Kernével, il se fait montrer la maison destinée au logement du prêtre qui desservait la chapelle ainsi qu'un petit pré, nommé le pré de la Vierge, éloigné d'environ une demie quart de lieu du village.
Il en fait la description suivante :
Maison presbytéraleLa maison construite de maçonnerie a deux longères et trois pignons, couverte d'ardoises, ayant ses jours et issues au levant, midi et couchant, a quarante-huit pieds de longueur et vingt-deux pieds de largeur Elle consiste au rez-de-chaussée en une petite cuisine, un cellier, un cavot, une petite écurie et une étable à vaches, le tout avec place de terre.
Au premier étage, une chambre à feu au-dessus du cellier, un cabinet au-dessus du cavot, une chambre à feu et un cabinet au-dessus de la cuisine et de l'étable à vaches, et un cabinet d'aisance ; le tout plancher.
Au-dessus des dites chambres, sont deux greniers planchers et une cheminée dans celui du bout du levant, le tout desservi par un escalier de pierres.
Au bout du couchant joignant la longère du midi de la maison est un petit logement de maçonnerie couvert d'ardoises en appentis à deux longères et un pignon, ayant ses jours et issues au levant, consistant au rez-de-chaussée en une chambre à feu, sans plancher et un grenier plancher dessus.
A l'autre bout de la dite longère est une petite écurie à porcs couverte d'ardoises en appentis, le tout en mauvais état. Le dit logement en appentis ayant de long dix-huit pieds et de large quatorze pieds de dehors en dehors, et l'écurie à porcs huit pieds et demi de long sur cinq pieds et demi de large.
Au couchant et joignant la dite maison est un petit jardin cerné de murs de clôture au midi, couchant et nord ayant son entrée dans le mur du midi. Lequel jardin a de longueur deux cordes et trois pieds et de largeur réduite une corde cinq pieds compris les épaisseurs des murs de clôtures.
Dans l'angle du midi et couchant est un cabinet circulaire en maçonnerie et vouté de même, lequel a environ dix pieds de diamètre. Lequel jardin et édifices ci-dessus décrits contiennent sous fond quarante cordes un quart, le tout estimé huit cent livres.
Ulliac signatureLe dit pré cerné de ses fossés de toute part est en bon état et contient sous fond douves et fossés compris cinquante-deux cordes un quart estimé quatre cent livres.
Total douze cent livres.

 

 

 

 Le 11 prairial an II (30 mai 1794) la maison presbytérale est le premier bien de la chapelle à être mis aux enchères. La vente a lieu dans la salle des séances du Directoire du district d'Hennebont en présence du Procureur-Syndic.

Il s'agit d'une maison couverte en ardoises, au lieu de Larmor, servant ci-devant de logement au vicaire, un appentis couvert d'ardoises, avec écurie, jardin cerné de fossés à un demi quart de lieu de Larmor, estimés 1200 livres restés sans enchère à la séance du 21 juin 1793.

Les conditions de paiement sont très favorables : un dixième dans le mois de l'adjudication, puis un dixième par an au taux de 5%.

Les enchères sont ouvertes sur la somme de 1200 livres, montant de l'estimation. Un premier feu est allumé pendant lequel plusieurs offres sont faites par les citoyens Dessaux, Portanguen, La Villeroux, Montfort, Petitcorre, Macé. Au onzième feu, Petitcorre 4425 livres, Montfort 4600, au douzième feu Petitcorre 4625, Montfort 4650, Petitcorre 4675 livres.
Il a été allumé un treizième feu, lequel s'étant éteint sans qu'il n'ait été fait aucune enchère, le Directoire a adjugé au citoyen Michel Petitcorre demeurant à Pont-Scorff comme dernier enchérisseur.

Le 3 messidor an II (21 juin 1794) le district d'Hennebont précise que cette maison ne peut pas être qualifiée de presbytère, car elle servait autrefois de logement au prêtre qui desservait la chapelle de Larmor qui n'est point une succursale. Depuis 1790 au moins, cette chapelle était fermée et ne s'ouvrait qu'au jour de la fête qu'un prêtre du bourg s'y transportait pour recevoir les offrandes. Cette maison inhabitée depuis fort longtemps périclitait.

Réclamation du district
Afin d'avoir une parfaite connaissance des biens de la fabrique, le 19 juin 1793, le district intervient auprès de la municipalité de Plœmeur. Nous avons appris que les rentiers de Larmor et de la fabrique de Plœmeur que vous nous avez adressés ne sont pas les seuls dont vous êtes nantis. Nous avons appris qu'il existe un nouveau rentier de la chapelle de Larmor reformé en 1779. C'est donc celui-ci que vous deviez nous faire passer puisque nous ne pouvons tirer aucun parti du premier. Adressez-nous donc sans différer les registres dont nous avons absolument besoin.

Le foin du pré de la Vierge
Le 22 juin 1793, le district d'Hennebont écrit à la municipalité de Plœmeur.
"Voilà le moment, citoyens, de faire la vente de la récolte en foin d'un petit pré dit pré de la Vierge, dépendant de la maison qu'occupait le prêtre qui desservait la chapelle de Larmor. Vous avez en conséquence à prévenir les particuliers de vos environs de cette vente que vous ferez huit jours après la publication. Comme un dimanche ou un jour de fête pourra procurer plus d'enchérisseurs, nous vous invitons à le préférer.
"Vous vendrez le foin sur pied tel qu'il est ; à l'acquéreur de le faucher et de le ramasser comme il voudra. Le prix en sera payé comptant. Nous nous reposons sur vos soins pour tirer le parti le plus avantageux pour les intérêts de la république qui dans le moment a besoin de toutes ses ressources pour terrasser les ennemis de notre liberté."

La vente aux enchères du foin du pré de la Vierge a lieu le 14 juillet. Guillaume Le Goff, Louis Le Quémener et Yves Le Coupanec se présentent. Ce dernier est déclaré adjudicataire moyennant la somme de 78 livres qu'il paye content.

Diverses tenues
Le 7 brumaire an IV (29 octobre 1795) deux pièces de terre appartenant à la chapelle sont mises en vente. Il s'agit :
 d'une parcelle de terre chaude d'une contenance d'un demi journal située à Cruguellic, exploitée par Jean Le Pogam selon un bail se terminant le 1er septembre 1796 et affermée pour 3 livres et 3 minots de froment. Estimée 500 livres, elle est vendue à André Chabrié d'Hennebont pour 2508 livres.

 d'une petite portion de tenue à Kerderff, contenant un demi journal de terre labourable et un quart de journal sous pâture, affermée sans bail 4 livres 10 sols et un minot et demi de froment à Françoise Guillerme veuve Le Clainche. Mise à prix 500 livres elle est vendue au même André Chabrié pour 3500 livres.

Le 9 germinal an VI (29 mars 1798) il est procédé à la vente d'une tenue située au village de Larmor, possédée par Guillaume Le Goff qui paye une rente convenancière de 21,25 francs.
Depuis le 28 thermidor an III (15 août 1795), le franc est devenu l'unité monétaire de la France. Il vaut une livre tournois et trois deniers.

Nous avons ouvert les enchères sur la somme de 398 francs 43 centimes qui est le montant de la première mise à prix.
En conséquence, nous avons fait allumer un premier feu, pendant la durée duquel il a été offert par le citoyen Le Masson, la somme de 1200 francs, par le citoyen Le Goff 2000 F, par le citoyen Le Masson 3500 F.
Il a été successivement allumé deux feux pendant la durée desquels il a été offert par les citoyens Caradec, Laudren et Le Masson 7000 F, puis par le citoyen Caradec 8000 F.
Il a été allumé un quatrième feu, lequel s'étant éteint sans qu'il y ait aucune enchère, l'Administration du département a adjugé au citoyen Caradec, homme de loi, demeurant à Vannes, rue des Vierges, comme dernier enchérisseur.
Lequel dit citoyen Caradec, en vertu de la faculté à lui accordée par la Loi, a déclaré faire valoir pour Guillaume Le Goff.

Le 24 thermidor an VI (11 août 1798) a lieu la vente de trois tenues ayant appartenu à la chapelle.
 à Kerroch, une tenue possédée par Guillaume Le Gouhir selon bail du 22 décembre 1786 et rente de 3 minots et demi de froment et 50 centimes en argent. Estimée 873,50 F et mise à prix pour les trois quarts, soit 655,12 F, elle est adjugée pour 2300 francs à Guillemin de Vannes pour le compte du fermier Le Gouhir.

 à Cruguellic, une tenue possédée par Jean Le Pogam selon bail du 17 septembre 1788 moyennant 3 minots de froment et 3 francs en argent. Mise à prix 609,75 F elle est vendue à Le Masson, juge au tribunal civil de Vannes pour 1200 F.

 à Locqueltas, une tenue possédée par Marie Rio veuve Le Maire pour 7 minots de froment. Mise à prix 1291,50 F, elle est vendue au même Le Masson pour 4000 F.

Autres biens de la chapelle

Ce n'est que 9 ans plus tard, que la plupart des terres de la chapelle sont mises en vente. 

Le 15 juin 1807 Après la publicité faite par voie d'affiches, Joseph Louis Victor Jullien conseiller d'état, préfet du Morbihan, accompagné de monsieur Vincent Alexis Boullé secrétaire général de la préfecture, en présence et sur le réquisitoire du directeur des domaines procède à la réception des premières enchères pour parvenir à la vente des biens nationaux. Aucun enchérisseur ne s'étant présenté, la séance est levée et l'adjudication définitive est renvoyée au 24 juin.

Lors de cette seconde séance, les ventes donnent lieu à très peu de surenchères et toutes sont adjugées au deuxième feu.

à Keroman, une tenue possédée par les enfants de Maurice Le Bihan suivant bail du 24 mars 1779 pour 13 francs. Mise à prix 260 F, elle est achetée 265 F par Philippe Aché, rentier, de Ploëren pour et au nom de Charles Louis Collin de Kergroix à Lorient.

à Mené Coëffic une tenue possédée par Pierre Le Pipe moyennant une rente annuelle d'un décalitre trois cent trente-deux litres de froment (1 perreau).
Le système métrique a fait son apparition et toutes les anciennes mesures de capacité sont désormais converties et exprimées en litres.
Mise à prix 51 francs, elle est adjugée pour 56 F à monsieur Le Masson, avocat à Lorient, agissant pour le sieur Le Maraer fils, commis de la marine à Lorient.

à Kerderff une tenue possédée par Jérôme Seau suivant bail du 22 décembre 1786 pour 12,95 F de rente. Mise à prix 256 francs, elle est acquise pour 505 francs par le fermier lui-même.

à Kerderff une tenue possédée par Guillaume Le Goff pour payer par an 666 litres de froment. Mise à prix 25,60 F, adjugée pour 30,60 F à monsieur Caradec homme de loi à Vannes pour monsieur Le Guevel notaire impérial à Plœmeur.

à Keryado une tenue possédée par Claude Kermarec pour en payer 10 décalitres 653 litres de froment (environ 2 minots). Mise à prix 406 F, elle est acquise par monsieur Le Masson avocat à Lorient pour 570 F lequel a déclaré agir pour et au nom de Claude Kermarec et Marie Josèphe Le Grand sa femme, édificiers de la dite tenue.

à Keramzec une tenue possédée par Jean-Marie Le Hunsec pour payer 8 décalitres de froment (environ 1 minot ½). Mise à prix 304,60 francs elle est achetée 330 F par monsieur Cougoulat maire de Guidel et notaire impérial pour Magloire Laurent Bisson négociant à Lorient.

à Kerloret une tenue possédée par Pierre Esvan adjugée à monsieur Jourdan avocat à Vannes pour le compte de monsieur Lauzach procureur impérial à Lorient.

à Kerderff et Locqueltas une tenue possédée par Guillaume Le Boulbar suivant bail du 10 octobre 1780 pour en payer 32 décalitres de froment (environ 6 minots). Mise à prix 1218 F, elle est adjugée pour 1500 F à monsieur Rialan homme de loi à Vannes pour et au nom de Jean-Louis Richard de Plœmeur.

à Moustoir Berhiet une tenue possédée par Jeanne Le Marec veuve de François Le Chaton suivant baillée du 22 mai 1779 moyennant une rente de 21 décalitres 307 litres de froment (environ 4 minots) et deux poules. Mise à prix 837,20 F elle est acquise pour 860 F par monsieur Caradec, conseiller de préfecture au nom de monsieur Le Guevel, notaire impérial à Plœmeur.

à Kerguélen une tenue possédée par la même Le Marec pour 3 décalitres de froment. Mise à prix 101,60 F, adjugée au même Caradec pour 120 F.

à Mené Coëffic une tenue possédée par Guillaume Le Chaton et femme pour une rente de 3,50 F. Mise à prix 70 francs elle est adjugée pour 100 F à Le Masson avocat pour le compte de Le Maraer fils, commis de la marine à Lorient.

à Kervaise une tenue possédée par Joseph Le Guerroué pour 3 décalitres de froment. Mise à prix 101,60 F, elle est acquise pour 115 F par Le Masson pour le même Le Marer.

au bourg de Plœmeur une tenue possédée par Pierre Le Boulbar suivant bail du 7 février 1785 pour en payer 2 F. Mise à prix 40 F, elle est adjugée pour 50 F à monsieur Caradec pour Le Guevel notaire.

à Kerforne une tenue possédée par Joseph Le Borgne par bail du 5 août 1784 moyennant une rente de 6,25 francs. Mise à prix 125 F, elle est adjugée à monsieur Benoit Mourot, rentier demeurant à Lorient pour 165 F.

à Kergouladec une tenue possédée par Julien Le Halper selon bail du 12 février 1781 pour en payer 2,25 F. Mise à prix 45 F, elle est acquise par monsieur Caradec pour Le Guevel notaire au prix de 65F.

à Keradéhuen une tenue possédée par Joseph Raoul et femme pour en payer 5 décalitres 326 litres de froment (environ 1 minot). Mise à prix 203 F, elle est acquise pour 215 F par Cougoulat, maire et notaire impérial à Guidel.

à Locqueltas une tenue possédée par Emmanuel Granic suivant bail du 3 juin 1780 pour en payer 10 décalitres 653 litres de froment (environ 2 minots) et 15 francs en argent. Mise à prix 706 F, elle est acquise pour 760 F par monsieur Caradec pour Le Guevel.

à Sainte-Anne une tenue possédée par Perrine Le Boulbar suivant bail du 27 janvier 1777 pour 16 décalitres de froment et 11 décalitres de seigle. Mise à prix 821,40 F, elle est adjugée pour 830 F à monsieur Gougoulat.

à Larmor une tenue possédée par Gabriel Le Gouhir pour 4 F. Mise à prix 80 F; elle est acquise par Le Masson pour 85 F.