Organisation du tourisme

 

 

Dès 1837, Auguste Gillet, conserveur au Kernével, demande à établir un établissement de bains de mer sur la plage à proximité de sa propriété.

 

En 1858, Jean Pierre Simon instituteur laïque ayant ouvert une école libre à Larmor l'année précédente, sollicite l'autorisation d'installer des cabanes de bains à proximité du fort de Locqueltas. Le 21 août, le préfet l'autorise à établir dans l'est et à 45 mètres du fort une file de cabanes de bains de 10 mètres de longueur. Il réservera entre son établissement et les terrains voisins un chemin de 4 mètres de largeur qui sera public. Il ne troublera en aucune façon les personnes qui voudraient se baigner près de ses cabanes sans en faire usage. L'autorisation est valable pour trois saisons moyennant une redevance annuelle de 10 francs.

 

Le 9 juillet 1894, considérant que certains points très fréquentés par le public sont choisis par les personnes qui se baignent nues ou viennent s'habiller ou se déshabiller au milieu des baigneurs, que cet état de chose constitue un outrage public à la pudeur et aux mœurs, le maire de Plœmeur prend un arrêté stipulant qu'il est expressément défendu de se baigner sans caleçon sur toutes les plages de la commune, ainsi que dans l'étang du Ter et au pont de Kermélo.

 

Par arrêté préfectoral du 5 août 1896, Louis Edelin est autorisé à occuper une surface de 15 m sur 2 sur la plage près du Casino pour l'établissement de cabines de bains.

Le 26 mai 1898, M. Bébin, cafetier à Lorient, demande l'autorisation de monter une tente à usage de buvette, sur la plage de Larmor de juillet à septembre 1898. Cette tente mesurerait 15 m de long sur 5 m de large et serait située près du Casino.
S'agissant d'une occupation temporaire du domaine public, une redevance de 1 franc par mètre carré et par an lui est imposée. Mais il renonce à sa demande un mois plus tard.

 

Le 10 juin de la même année, Louis Edelin, restaurateur à Larmor, sollicite l'autorisation d'établir une tente pour buvette à côté de ses cabines. Après instruction de son dossier par le service des ponts et chaussées, l'autorisation lui est accordée moyennant une redevance de 23,75 francs pour trois mois, de juillet à septembre.

Le 6 juin 1900, il fait une nouvelle demande pour l'établissement à l'ouest de ses cabines d'une petite buvette mesurant 4 m de large sur 8 m de long. L'autorisation lui est accordée pour une durée de cinq ans et moyennant une redevance annuelle de 8 F.

 

Le 1er août 1900 le journal "Le Morbihannais" se fait l'interprète de nombreux habitants de Larmor pour protester contre le sans-gêne de certains baigneurs. Chaque jour, que la plage soit à peu près déserte ou couverte de monde, des hommes, des femmes se déshabillent sur la grève avec une désinvolture et une impudeur non pareilles, sans se préoccuper des familles qu'un spectacle aussi naturaliste offusque à juste raison.
Il y a pourtant un arrêté du maire placardé sur les murs. Pourquoi l'autorité ne le fait-elle pas observer ? Jamais on a vu le garde champêtre dresser le moindre procès-verbal.

 

Le 11 juillet 1902, le maire de Plœmeur prend un nouvel arrêté concernant la police des plages, confirmant celui de 1894 et ajoutant que sur les plages du Kernével, de la cale au fort, de Larmor, depuis Toulhars jusqu'à Locqueltas […] les baigneurs devront avoir le maillot.

 

Au début de l'été 1903, la Société des Hospitaliers Sauveteurs Bretons informe les promeneurs et baigneurs qu'elle a fait déposer au poste des douanes de Larmor une boite de secours contenant les médicaments, instruments et pansements nécessaires en cas d'asphyxie ou d'accident.

 

Les plages de Larmor, puis de Toulhars quelques années plus tard, font l'objet, par des Lorientais, de demandes de concessions d'une petite partie de plage, en général de 4 m², pour l'établissement de cabines de bains. Après étude des dossiers par les ponts et chaussées, le préfet prend un arrêté d'occupation temporaire du domaine public maritime. La cabine de bains sera située sur la plage de Larmor, en face la propriété du demandeur et au-dessous de la laisse des hautes mers d'équinoxe. Elle occupera une surface de 4 m². Le permissionnaire n'entravera en rien la circulation sur le rivage maritime et ne troublera en aucune façon les personnes qui voudraient se baigner près de sa cabine sans en faire usage. Une redevance annuelle de un franc révisable tous les cinq ans est due au receveur des domaines.

 

En juillet 1908, le conseil municipal est saisi d'une pétition de plusieurs propriétaires et habitants de Larmor demandant en particulier la disparition des cabines de bains et autres établissements qui encombrent la plage. Après en avoir délibéré, le conseil charge le maire de demander au service de la marine le retrait des concessions faites aux propriétaires de cabines.
A la séance suivante, M. Puren, adjoint, demande une rectification du procès-verbal de la séance précédente, considérant qu'il n'a jamais été question de la suppression des cabines qui existent sur la plage de Larmor. Après en avoir délibéré, il est décidé de ne faire aucune démarche à ce sujet.

 

L'année suivante, le conseil se penche à nouveau sur la question des cabines de plage trop nombreuses. Elles ne laissent plus de place aux étrangers en villégiatures pour y établir leurs tentes, les contraignant à aller se fixer ailleurs. Il décide que l'administration des ponts et chaussées n'accordera plus que 4 m² par famille sur la plage de Larmor.
Les ponts et chaussées, saisis de cette demande, constatent qu'en effet les cabines occupent des surfaces variables, la plus étendue étant celle de Thuauden qui fait 24 m². Mais elles sont toutes situées en haut de la plage pour ne pas être détériorées par la mer et n'empêchent nullement l'établissement de tentes plantées plus bas pour la journée.
Néanmoins pour éviter l'implantation de cabines de bains de dimensions excessives, ils proposent au préfet d'en limiter la taille à 2 m sur 2.

 

Le même jour, 18 septembre 1909, une pétition signée d'une vingtaine de propriétaires se plaint des baraques en bois qui nuisent aux propriétés ayant vue sur la mer. Elle demande au préfet une réglementation et en particulier leur suppression en face des maisons habitées et l'interdiction de leur installation sur les plages de Larmor.
Les ponts et chaussée estiment qu'aucune suite ne peut être donnée à ces réclamations qui ne sont en aucun point justifiées.
Ne parvenant pas à obtenir satisfaction, les propriétaires riverains demandent alors des concessions devant leurs propriétés pour y établir leurs cabines de bains ou parfois laisser libre l'emplacement. Certains vont jusqu'à demander à louer toute la surface devant chez eux pour ne pas être dérangés. Cela leur est refusé.

 

En août 1912, un groupe de baigneurs écrit au "Nouvelliste du Morbihan" : étant à Larmor pour la saison des bains de mer, nous avons remarqué que certaines personnes venaient jeter leurs ordures ménagères sur la plage du Casino.
Quant aux plages du Kernével, elles sont impraticables sans risquer de se blesser car jonchées de débris de toutes sortes : ferraille, bois, morceaux de verre, chiffons sales, etc.

 

En juin 1913, "Le Nouvelliste du Morbihan" se fait l'écho d'un projet de Casino à Larmor. Un groupe de capitalistes se sont entendus pour l'établissement sur la plage même d'un vaste casino-hôtel qui procurera aux fervents de notre agréable station balnéaire, avec la vue et l'air salubre du large, le bénéfice du confort le plus moderne.
Cette construction d'environ cinquante mètres de façade et qui doit comprendre soixante-douze chambres, occupera le seul endroit resté libre à l'aboutissement de la rue descendant de l'église, à peu près où se trouvent actuellement les tentes de l'hôtel Edelin.
Les plans ont été dressés par MM. Dutartre et Caro, architectes à Lorient et peuvent être consultés dans la vitrine de M. Apard, peintre décorateur, cours de la Bôve. Ce projet reste sans suite.

 

En 1916, une trentaine de cabines de bains sont implantées sur la plage de Larmor.

 

Une dizaine d'années plus tard, à Port-Maria 

 

Et à Toulhars après 1931

 

En 1920 il est interdit aux cavaliers de circuler à cheval sur les plages en particulier entre Kernével et Lomener. 

Le 22 juin 1922, le maire de Plœmeur prend un arrêté interdisant aux baigneurs de se déshabiller sur les plages du Kernével et de Larmor en dehors des cabines de bains ou tentes fermées. Le maillot ou costume de bain est rigoureusement exigé pour tous les baigneurs sur toutes les plages de la commune et la rivière du Ter. Par ailleurs il est expressément défendu de déposer des ordures ménagères et immondices le long des plages.

En juin 1927, le maire de Larmor arrête que le seul costume de bain autorisé est le maillot long et interdit de se promener en costume de bain dans les rues.

 

Le 24 septembre 1927, le maire signe avec l'Etat représenté par le sous-préfet un contrat de location des plages de Larmor et de Toulhars. Il a pour objet :
- le droit de placer pendant la saison des bains, du 15 mai au 15 octobre sur les plages des tentes, cabines, chemins en planches, etc.
- le droit de percevoir les redevances auxquelles donneront lieu :
                                 les permissions de dépôt de cabines ;
                                 la location des sièges à des particuliers.
L'Etat conserve la faculté d'autoriser toutes les occupations ayant une autre destination, notamment les kiosques pour la vente des journaux, des livres, de la pâtisserie, etc.
La location est consentie pour 9 ou 18 ans à compter du 1er janvier 1928 moyennant une redevance fixe de 3600 francs la première année et une redevance proportionnelle fixée à 33% pour les premiers 12 000 francs et à 50% pour le surplus des produits des sous-locations.

C'est maintenant la commune qui délivre les autorisations pour l'établissement de cabines de bains et qui perçoit la redevance fixée par elle. L'année suivante, suite à une plainte d'un usager, le préfet est amené à préciser que la commune perçoit une redevance pour les tentes, cabines ou guérites placées à demeure pendant la saison balnéaire, sur les emplacements désignés par le maire. Toutefois, la commune ne peut exiger de redevance pour les sièges mobiles que les personnes apportent en vue de leur usage personnel, non plus que pour les abris mobiles contre le soleil ou le vent, enlevés chaque soir.

En 1928, le Nouvelliste publie un article intitulé "Larmor, Plage d'avenir", dans lequel on peut lire : en plein mois d'août, et par belle saison, la colonie de cinq cents baigneurs se compose de familles de cinq à six personnes, mais de familles qui se connaissent presque toutes, où les liens de parenté sont extrêmement nombreux et où les relations d'amitié sont multiples, parce que basées sur les souvenirs d'enfance. […] Ce sont des Lorientais, mais des Lorientais Parisiens, Rennais, Nantais, Bretons, Marseillais, que sais-je encore !
La colonie des baigneurs est composée des propriétaires ou locataires de villas, des pensionnaires des hôtels, des personnes qui louent à la saison ou à l'année un appartement chez l'habitant.
Les hôtels sont au nombre de quatre auxquels viennent s'ajouter deux pensions de famille. Mais il n'y a qu'un établissement d'où quelques rares privilégiés peuvent contempler la rade.

D'autres arrêtés de police pris en 1930 et 1932 précisent que :
- Les personnes utilisant des abris mobiles (écrans, etc.) non payants sur les plages devront les disposer de manière à ne pas masquer les cabines à usage de bain (en toile ou en bois) ;
- Il est formellement interdit de se baigner dans le petit port abrité par le môle où sont amarrées les embarcations ;
- Les jeux de tennis et de football sont interdits sur les plages. Seuls les ballons légers sont tolérés.
Les personnes qui montent une tente en toile sur la plage paient une redevance mensuelle ou pour la saison. Le 29 juillet 1934, le conseil municipal pense qu'il est plus juste de fixer également un tarif à la journée. Une redevance de 2 F est décidée.

 

En février 1936, le sous-préfet approuve un arrêté du maire concernant les cabines de bain. Il prévoit notamment que :
- chaque particulier ne pourra obtenir qu'une concession unique ; les concessions multiples seront supprimées ;
- les demandes de concessions nouvelles seront inscrites sur un registre d'ordre et toute concession vacante sera attribuée au pétitionnaire tête de liste. En cas de refus, il passera en queue de liste ;
- toutes les cabines nouvelles devront être édifiées selon un plan déposé en mairie. Elles auront une superficie de 4 m² (2 sur 2) et une hauteur maximum de 2,50 m. Elles seront disposées suivant un plan arrêté par l'administration municipale ;
- il est interdit d'édifier des ouvrages de maçonnerie pour supporter une cabine ou pour en faciliter l'accès.

 

A partir de 1936, plusieurs personnes demandent et obtiennent l'autorisation d'installer un portique, tant sur la plage de Toulhars que sur celle de Larmor. Ainsi, René Le Cloërec, professeur d'éducation physique à Lorient, souhaite donner des leçons d'éducation physique pendant les vacances. M. Pouedras, professeur de culture physique à Versailles, désire monter un portique démontable en bois, d'une hauteur de 3 m. cela lui permettrait de parfaire les leçons de culture physique qu'il donne aux enfants pendant les vacances. Une vingtaine d'années plus tard, on le trouve toujours à Toulhars où il donne également des cours de natation et loue des pédalos. Pierre Ramadier, professeur d'éducation physique à Lorient, demande à installer un portique sur la plage de Larmor, face aux établissements Gretener, où il désire créer un cours d'éducation physique. 

 

En 1948 la commune saisie de deux demandes d'autorisation de location de périssoires, canoës, bateaux sur les plages, prend des dispositions pour réglementer cette activité. Tout loueur de périssoires ou autres embarcations légères sur l'une des plages de la commune est tenu de prendre les mesures nécessaires à la sécurité des usagers des embarcations. Le loueur doit disposer d'un bateau à moteur piloté par un homme sachant nager et disposant à bord d'une "ligne Brunel" et de plusieurs bouées de sauvetage. Il doit également être inscrit au registre du commerce et posséder une assurance contre tout risque d'accident pouvant survenir à sa clientèle.

M. Pennec, loueur de périssoires, obtient le renouvellement de sa concession.
M. Alain Perrot est autorisé à louer des périssoires, canoës et bateaux de plaisances à Toulhars.

 

Le 28 août 1949, la location des plages n'étant plus d'aucun rapport, la commune résilie son contrat qui arrive à expiration le 1er juin 1950. En 1951, le conseil décide que si la location des plages est consentie à un particulier, il sera responsable de leur nettoyage. Deux ans plus tard, il constate la négligence persistante dont fait preuve le nouveau concessionnaire des plages et enregistre avec satisfaction la décision du préfet de résilier son bail. Le conseil décide de reprendre à son compte la location des plages dès 1954.

 

En 1959, pour éviter le développement anarchique du camping, la commune décide la création d'un terrain de camping municipal à l'extrémité du boulevard des Touristes.

 

Il est procédé à la clôture du terrain et à des travaux d'installations sanitaires : robinets d'eau, bacs à laver, W.C. Le "Camping des Algues" ouvre dès l'été 1959.
Des travaux d'amélioration sont effectués l'année suivante en vue d'obtenir le classement en 2e catégorie.