A propos des chemins 

 

 

Prestations en nature pour les réparations et entretien

Le 13 fructidor an X (31 août 1802), le maire propose au conseil l'établissement d'une prestation en nature tant pour les réparations et l'entretien des chemins vicinaux de la commune que du pavé et empierrement des rues et places publiques du bourg. Le conseil arrête un règlement fixant le mode selon lequel sera fournie cette prestation.
                                                                                                      Art 1er
Le maire fera d'abord faire par un entrepreneur capable le devis des réparations à faire aux chemins vicinaux de la commune ainsi qu'aux rues et places publiques du bourg.
                                                                                                      Art 2e
Ce devis fait, il fera appel de tous les citoyens portés au rôle de la contribution personnelle et mobilière de la commune, pour travailler à tour de rôle, tantôt au ramassage et charroi de la pierre nécessaire aux dites réparations, tantôt à celles-ci les uns avec leur voiture, les autres avec brouettes, pelles, pioches, tranches, masses, suivant qu'ils en seront requis.
                                                                                                      Art 3e
On prendra chaque année pour faire les dites réparations la saison la plus convenable, tant pour les travaux à faire que pour ne pas gêner ceux des semailles et de la récolte dans la commune.
                                                                                                      Art 4e
Le maire demandera à être autorisé comme s'agissant de travaux publiques et qui intéressent non seulement les habitants de la commune mais encore tous ceux qui y ont quelque propriété, le gouvernement même pour le charroi et transport des munitions aux forts qui bordent la côte et à la troupe qui y est cantonnée, à faire tirer aux frais de la commune dans les diverses carrières ouvertes sur le territoire de la commune toutes les pierres nécessaires aux dites réparations et ce sans être la commune tenue de rien payer aux propriétaires ou fermiers des dites carrières.
                                                                                                     Art 5e
Il sera nommé pour chaque section de la commune un commissaire chargé de commander sur le réquisitoire du maire, un certain nombre de travailleurs et de voitures chaque jour et d'en faire, avec le piqueur dont il sera parlé ci-après, l'appel sur les lieux c'est-à-dire à l'endroit des travaux.
                                                                                                     Art 6e
Il sera pris moyennant salaire, un homme capable, ou un piqueur, pour diriger les travaux et surveiller les travailleurs.
                                                                                                     Art 7e
Le nombre de journées à faire par chacun des citoyens désigné en l'article 2 du présent règlement ne pourra excéder chaque année celui de deux journées avec voiture et de quatre pour les travailleurs ordinaires.
Ceux qui ne pourront ou ne voudront pas faire leurs tâches seront tenus de se faire valablement remplacer ou de payer les journées d'absence (savoir, à raison de trois francs la journée avec voiture et d'un franc celle ordinaire).
Il sera à cet effet tenu au secrétariat de la mairie un registre où seront inscrits par ordre de date, sur le rapport du piqueur et des commissaires pour leurs sections respectives, les citoyens qui auront manqué de faire la journée de travail commandée et de se faire valablement remplacer.
Le produit de la journée manquée, s'il y a lieu, sera employé au besoin avec d'autres fonds pour ce destiné, à payer le piqueur pris pour diriger et surveiller les travaux en question.
                                                                                                    Art 8e
Comme une partie des habitants de la commune de Guidel limitrophe de celle de Plœmeur, passe habituellement pour se rendre à Lorient, soit avec chevaux, soit avec voiture sur le territoire de la commune de Plœmeur et fréquente particulièrement le chemin qui du village de Loyan conduit au bourg de Plœmeur et de là à Lorient, il parait juste que ceux-là concourent avec les habitants de Plœmeur et de la même manière qu'eux à la réparation et entretien des dits chemins.
Quant à la réparation et entretien des pavés ou plutôt de l'empierrement des rues du bourg, le conseil est d'avis qu'il se fasse comme suit.
1° chaque propriétaire de maison ou terrain clos donnant sur les rues du bourg sera tenu de faire ou faire faire à ses frais en droit soit des dites maisons ou terrain et suivant la longueur de la rue 1 mètre 950 millimètres (ou six pieds) au plus de pavés ou de bon empierrement ; la commune se chargeant de faire l'excédent, en largeur qui doit être considéré comme chemin vicinal, ainsi que de la réparation à faire aux places publiques du bourg.
2° cette réparation faite et reçue par le maire et l'adjoint de la commune, sur l'avis de l'entrepreneur qui aura fait le devis des dites réparations ou de tout autre nommé à cet effet, la commune se chargera pendant l'année, à compter du jour de la réparation des dits ouvrages, de la réparation et entretien des rues du bourg.
3° en considération de la tâche peut-être un peu plus forte à faire par les propriétaires de maisons ou terrains au bourg, ceux d'entre eux qui se trouveront être en même temps habitants de la commune seront exempts de l'appel aux travaux à faire pour réparations et entretien des chemins vicinaux.
4° à défaut par les dits propriétaires de faire ou faire faire la réparation ordonnée, le maire sera autorisé à les faire faire à leurs frais et à se faire rembourser du montant de l'avance faite.
5° le présent règlement ne recevra d'exécution qu'après avoir été approuvé par le préfet, auquel pour cet effet, il en sera adressé expédition.

Cette délibération ressemble beaucoup à la corvée royale d'entretien et de construction des routes qui a subsisté en Bretagne jusqu'à la fin de l'ancien régime. Elle ne reçoit pas l'approbation du préfet mais le 27 février 1804 le conseil décide de la soumettre de nouveau à l'autorité préfectorale. Nous ignorons quelle suite il y est donné.

 

Ateliers de charité

Le 22 janvier 1854, le conseil municipal et les plus imposés votent une imposition extraordinaire de cinq centimes additionnels aux quatre contributions existantes afin de pourvoir à la création d'un atelier de travail en vue de donner de l'occupation aux ouvriers sans ouvrage de la commune et d'adoucir pour eux la privation qu'entraine la cherté des subsistances.
La somme de 1800 francs est nécessaire. Cette dépense a le double but d'assurer de l'ouvrage aux malheureux en attendant l'époque de la reprise des travaux et de venir en aide à la commune pour la confection, la réparation et l'entretien de ses nombreuses lignes vicinales.

 

Tableau de classement des chemins vicinaux

Le 19 mars 1833, le conseil municipal de Plœmeur dresse le tableau du classement des chemins vicinaux de la commune.

Dans la 1ère classe, celle des chemins de communications principales, de bourg à bourg, il est fait état de la grande route de Plœmeur à Port-Louis d'une longueur approximative de 5000 m sur le territoire de la commune et de 3 m de largeur moyenne. Il va du bourg jusqu'à Kernével.

Dans la 2e classe, celle des chemins de communications intérieures, du bourg aux hameaux ou des hameaux entre eux, on relève 10 chemins sur le futur territoire de Larmor.
- Le chemin du Ter à Kerdroual et à la route de Lorient, depuis Kerhoas en passant par Saint-Déron.
- Le chemin du Kernével à Larmor en passant par la grève : 2500 m et 3 m de large.
- Le chemin du passage de Kermélo, depuis le polygone au Kernével, en passant par la grève et les villages de Quélisoy et Kervogam. Le chemin conduit aussi à Kerblaizy et Larmor par le moulin de Kercavès. 5000 m de long et 3 m de largeur.
- Le chemin de Larmor au bourg, en passant par Le Ménez et des deux côtés de Kervihan et Kercavès. 5000 m et 4 m de largeur.
- Le chemin de Quéhello Congard au bourg 2500 m, 3 m de large.
- Le chemin de Kerpape au bourg, passant par Kergalan et Kervam. 5000 m et 3 m de large.
- Le chemin de Kerguélen au bourg, en passant par Quéhello Congard et le long des champs de Laudé et de Kerbrient. 2500 m, 3 m de large.
- Le chemin du Moustoir au bourg, par les communs du Moustoir et de Kerguélen, puis par Quéhello Congard. 2500 m, 3 m de large.
- Le chemin de Larmor au Tallut, passant par Locqueltas, les presses de Kerpape, Lomener et le Guermeur. 5000 m et 3 m de large.
- Le chemin de Locqueltas au bourg, en passant par l'embranchement des deux chemins de Kerderff. 2500 m et 3 m de large.

Ce tableau est affiché en mairie pour recevoir les observations et réclamations du public. Personne ne s'étant présenté, il est déclaré définitif le 9 mai, et le conseil demande que les chemins en question soient reconnus nécessaires et que leur vicinalité soit déclarée.

Le 14 novembre 1847, le conseil constate qu'il existe des terrains vagues et inutiles le long des chemins vicinaux qui pourraient être rendus à l'agriculture. Il autorise le maire à les vendre au bénéfice de la commune.

En 1862, le tracé des chemins n'a pas dû évoluer, puisque le maire certifie conforme une copie du tableau de 1833.

Un an plus tard, le conseil vote une prestation de 3 journées et 5 centimes additionnels au principal des contributions pour dépenses des chemins vicinaux et en particulier pour l'entretien et les réparations à effectuer sur le chemin du bourg à Larmor.

Chemins existants en 1833 (dessinés sur le cadastre napoléonien)

 

Fin du régime particulier de Ploemeur

Le 20 février 1872, monsieur Duboëtiez de Kerorguen, conseiller général d'Hennebont, attire l'attention du préfet sur le régime très particulier auquel est soumis la commune de Plœmeur en matière d'entretien des chemins. En effet, exception unique dans le département, par décision préfectorale du 7 octobre 1857, monsieur de Raime, maire de l'époque et conseiller général, a été autorisé à employer les ressources en nature et en argent de sa commune sur les chemins vicinaux, sans le concours des agents voyers, avec pour conséquence des chemins dans un état déplorable.
Le 4 mars, dans son rapport, M. Prulhicre, agent voyer en chef, pense qu'aujourd'hui que M. de Raime est décédé, il conviendrait en présence des plaintes nombreuses qui se produisent sur le mauvais état des chemins, de faire rentrer Plœmeur dans le droit commun et de mettre fin à un état de choses qui est préjudiciable aux intérêts de ses habitants.
Nous sommes d'avis que M. le maire de Plœmeur soit invité à accepter le concours des agents voyers pour la direction des travaux qui s'exécutent sur les chemins ordinaires de sa commune et qu'il soit procédé à une révision du classement de ces chemins, car il est impossible de considérer comme voies vicinales les 70 chemins qui figurent à l'état de classement et d'y employer fructueusement les ressources en nature ou en argent qui y sont éparpillées chaque année.Signature

 

Dans son projet de révision du classement des chemins, l'agent voyer en chef propose de n'en retenir que 13 ayant une longueur de 48,177 km, au lieu des 70 présentant un développement de 203,450 km.
Sur la future commune de Larmor, figurent les chemins :
   - n°2 de Plœmeur à Kernével d'une longueur totale de 5235 m dont 100 m à l'état de sol        naturel,
   - n°4 de Lorient à Larmor de 4328 m dont 607 m à l'état de terrassement,
   - n°13 de Plœmeur à Kerpape de 2785 m dont 2005 m à l'état de sol naturel, 515 m à l'état de terrassement (dont 135 à élargir) et      seulement 265 m à l'état d'empierrement.
Il fait remarquer que l'entretien des chemins a été tellement négligé et opéré avec de si mauvais matériaux, qu'on peut dire que toutes les chaussées d'empierrement sont déformées et n'offrent plus aucune solidité.
Pour les ramener à un bon état d'entretien, sera-t-il nécessaire, pendant quelques années, d'y affecter une notable partie des ressources.

Le 18 mars, en application du nouveau règlement sur les chemins vicinaux, le préfet décide qu'à compter du 1er avril la commune de Plœmeur rentrera dans le droit commun et ses ressources vicinales seront confiées aux agents voyer. Il demande à l'agent voyer en chef de désigner un agent voyer intelligeant et conciliant pour prendre ce service.

 

Dans son rapport sur la situation des chemins de la commune, l'agent voyer considère que tous les chemins ont été à un tel point négligés et entretenus avec de si mauvais matériaux par des cantonniers ou des ouvriers inexpérimentés, qu'on peut dire que toutes les chaussées d'empierrement sont déformées et sans solidité. Ce n'est qu'en prenant les plus grands soins dans le choix et l'emploi des matériaux qu'on parviendra à leur rendre le bombement nécessaire. On devra creuser des douves partout où la largeur le permettra.
Il envisage la création d'un service de cantonniers composé de trois ouvriers sous la direction de M. Robin qui deviendrait cantonnier chef de 2e classe aux appointements de 660 F par an, tandis que les cantonniers seraient payés 1,60 F par jour. Chaque cantonnier sera responsable d'un secteur bien précis. M. Mahé aura en charge les chemins n° 2 et 4.

Ce projet de révision du classement des chemins vicinaux de la commune est soumis à enquête. De nombreux particuliers font part de leurs observations.
- MM. Mélin Yves-Marie, Rayet, Trouillet, fabricants de conserves à Locqueltas, Discot Jean-Joseph, Guillemin Louis, Le Clanche Hyacinthe, Audren Jean-Marie demandent qu'un chemin partant du Ménez, passant par Kerderff, aboutisse à Locqueltas, desservant ainsi les cultivateurs, la fabrique et le fort.
- Yves Le Coupanec de Kerguelen, Louis Martin et Jean-Marie Kermaduret de Quéhello-Congard, demandent à faire leurs journées de prestations sur le chemin non classé de Kerguélen à Quéhello-Congard, car il est impossible d'y passer en hiver.
- Les habitants de Kerhoas, Vieux-Moulin, Kergouledec, Moulin-Neuf, demandent que le chemin qui conduit de Vieux-Moulin à Kercavès, passant par Kerhoas et près de Kergoulédec soit classé et tenu en état d'entretien.
- Joseph Marie Le Darz réclame le classement et l'entretien du chemin de Kergalan à Kerpape.

 

Nouveau classement des chemins vicinaux

Le 6 juillet 1872, le conseil municipal de Plœmeur se réunit pour arrêter le nouveau classement des chemins vicinaux de la commune. Au final, ce sont 20 chemins qui sont retenus pour une longueur de 58,375 km. Ceux situés sur Larmor sont les suivants :
                1ère catégorie
                                     n°2 de Plœmeur à Kernével
                                     n°4 de Larmor à Lorient
                                     n°11 de Plœmeur à Kerpape
                3e catégorie
                                     n°18 du Ménez Coeffic à Locqueltas
Bien qu'il n'ait pas été possible de faire droit à toutes les demandes, le maire propose au moyen des ateliers de charité de faire réparer les chemins reconnus utiles qui ne sont pas compris dans ce classement.

Les vieilles querelles ne tardent pas à ressortir. Lors de la réunion du conseil municipal du 12 novembre 1872, certains conseillers font des observations au sujet des travaux faits par les agents voyers. Ils trouvent que les fonds de la commune sont employés pour des travaux inutiles, tandis que les routes sont à peine en état de viabilité.
Ils ne voient pas l'utilité des changements qui ont été faits dans l'administration des chemins de la commune.
Un an plus tard en novembre 1873 : plusieurs membres font observer que depuis l'arrivée des agents voyers, les chemins sont en très mauvais état. Beaucoup sont entièrement abandonnés et des réclamations sont faites de tous les côtés pour se plaindre de l'abandon de chemins autrefois entretenus. Il vaudrait bien mieux rendre à la commune la liberté qu'elle avait d'administrer ses chemins elle-même puisqu'on ne retire aucun avantage du régime qu'on lui a imposé.

Le 2 février 1902, le conseil décide de poser 8 poteaux indicateurs aux embranchements des routes vicinales afin de faciliter la visite de Plœmeur par les étrangers, les touristes et les Lorientais. En 1910; la société de chasse de Plœmeur offre une somme de 125 F à la commune qui servira à l'acquisition de poteaux indicateurs.

Lors de la réunion du conseil municipal du 1er décembre 1912, monsieur Richard manifeste son mécontentement. Il ne comprend pas que l'on demande toujours pour Larmor. "Eh bien ! dit-il en s'adressant aux représentant de cette importante section, puisqu'on vous a donné un bureau télégraphique, que vous allez avoir le pont, le tram, et que vous avez déjà une paroisse, il ne vous reste plus qu'à vous séparer et à nous laisser tranquilles."

 

Mauvais état des chemins

Au sortir de la guerre, en 1920, le maire constate que les chemins vicinaux et ruraux sont dans un état de délabrement tel qu'il importe de procéder au plus tôt à leur remise en état. Il expose que ces détériorations sont imputables au manque de main-d'œuvre, au peu de prestations acquittées en nature et au surcroit de roulage dû au voisinage de Lorient et de sa garnison.

En 1922, un arrêté du maire de Plœmeur réglemente la circulation.
- Il est interdit aux voitures hippomobiles et automobiles de se croiser sur les ponts de Kermélo et de Quélisoy.
- Sur la route de Lorient à Larmor, il est interdit aux conducteurs de voitures automobiles assurant le service des voyageurs de se doubler et en cas de croisement, la voiture vide se rangera pour laisser la place libre à la voiture chargée.
- Aucune voiture hippomobile ou automobile ne devra se garer en stationnement ou en charge le long de la route du pont de Kermélo à la plage de Larmor.
- Dans l'agglomération de Larmor, les voitures devront se garer en arrière et au sud de l'église. Les voitures assurant le transport en commun des voyageurs se rangeront sur la place nord à Larmor, à un endroit fixé par décision municipale.
- La circulation des voitures automobiles de toutes sortes est totalement interdite dans la ruelle située à Larmor entre la maison Calehan ?? et l'hôtel Edelin.
carte des chemins 11 et 2- Toutes les voitures rangées et garées sur les places de la commune sont passibles d'un droit de stationnement de 0,25 F par jour.

Le 31 janvier 1926, le conseil municipal de la nouvelle commune de Larmor-Plage proteste véhémentement contre le mauvais état des chemins vicinaux ordinaires n°2 et 11 qui sont complètement défoncés et que les usagers sont obligés d'entretenir eux-mêmes pour permettre la circulation de leurs véhicules.

En 1934, monsieur Guillerme, conseiller municipal, demande que les cultivateurs qui ont opté pour faire leurs prestations en nature ne soient pas convoqués pendant la période comprise entre le 1er juin et le 1er octobre pour ne pas nuire aux travaux des cultures et de la moisson. Il rappelle que sur sa demande, le conseil a déjà émis un vœu à cet effet dans sa séance du 10 avril 1927.