Observatoire de Locqueltas

 

Sa construction

Le 29 octobre 1870, le ministre de l'intérieur et de la guerre, autorise la marine à construire deux observatoires à torpilles dans les zones de servitudes des forts de Locqueltas et de Gâvres.
A cet effet, le 23 novembre monsieur François-Yves Rémot demeurant au village de Kerscouëdet en Plœmeur vend au département de la marine un terrain sous culture situé au lieu-dit Robinel, à l'est du fort de Locqueltas. Il se compose d'une partie des deux parcelles 1410 et 1418, d'une contenance de 766,50 m². La vente est faite moyennant la somme brute de 790,21 F, passible de la retenue de 3% au profit de la caisse des Invalides de la Marine. Le vendeur touchera 766,50 F, soit 1 franc du mètre carré.

Cet observatoire de torpilles vigilantes est rapidement construit. En 1878, il est modifié et présente un sabord de visée dirigé vers le barrage de torpilles installé entre la balise des Saisies et celle à l'ouest du haut fond de la Paix.

Le progrès technique conduit à la mise au point d'un système de mise à feu des torpilles nécessitant la convergence sur la même mine de deux viseurs installés dans deux observatoires distincts. C'est ainsi qu'en 1886 la marine construit l'observatoire extérieur situé à la pointe ouest de Locqueltas et l'observatoire intérieur à la pointe de Toulhars, sur des terrains très bien situés mais ne lui appartenant pas.

 

Réseau électrique entre Locqueltas et Toulhars

Il est également nécessaire de relier électriquement les trois postes installés à Larmor. A cet effet il est dressé un plan des lignes électriques de la défense fixe entre Locqueltas et Toulhars.

 

Les Installations

Ses installations se composent de : feu chercheur, feu fixe, casemate, usine de production d'électricité, hangars à charbon, le puits et enfin la batterie de 3 canons revolvers.

Cet observatoire joue un rôle important dans le dispositif de défense fixe. Son usine électrique alimente l'ensemble du réseau jusqu'à Toulhars et c'est lui qui met en œuvre le feu fixe et le feu chercheur.

 

Construction d'un logement pour le gardien

Le 13 février 1891, alors que les observatoires sont en service depuis une vingtaine d'années, le ministère de la marine informe le vice-amiral, préfet maritime du 3e arrondissement, qu'il autorise la construction de logements pour les gardiens de la défense fixe du port de Lorient. A proximité des postes de Ban-Gâvres, Gâvres, Toulhars et Locqueltas, il s'agit d'édifier une petite maison avec latrine mesurant extérieurement 10 m x 6 m et dont le prix de revient s'élève à 6400 F, soit en tout 25 600 pour les quatre postes.

Le 7 novembre 1901, le directeur des défenses sous-marines estime que la construction du logement pour le gardien des postes de la défense fixe à Locqueltas est nécessaire. En effet, le gardien est actuellement logé dans un ancien observatoire souterrain aussi peu hygiénique que confortable et trop petit d'ailleurs pour recevoir le personnel supplémentaire qui devra y être logé en cas de mobilisation.
D'autre part, les objections formulées antérieurement concernant les inconvénients qui auraient pu résulter de la visibilité du logement ne lui semblent plus exister.
Aujourd'hui, comme on doit construire une batterie de canons de 100 mm, à toucher le poste des torpilles, cette batterie deviendra forcément visible. On pourrait d'ailleurs construire une maison basse défilée en partie des vues du large par le relief même du poste au-dessus du sol, en évitant de lui donner un toit en tuiles rouges qui attireraient l'attention au milieu des autres maisons du voisinage couvertes en ardoises ou en chaume.
En conséquence, le 23 décembre, le ministère de la marine demande de faire réviser en ce sens le projet dressé dix ans plus tôt.
Une nouvelle dépêche ministérielle du 21 février 1903 précise que le projet est approuvé. Mais les travaux ne pourront être entrepris que lorsqu'il sera possible de mettre à disposition le crédit nécessaire à leur exécution.

Le 12 août 1905, la direction des travaux hydrauliques dresse les plans d'un logement pour les gardiens des postes de la défense fixe à Toulhars et à Locqueltas.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Le 29 décembre 1905, l'entreprise Gorel & Bouillet de Lorient demande au directeur des travaux hydrauliques de procéder à la réception provisoire des logements des gardiens qui sont enfin terminés tant à Locqueltas qu'à Toulhars. 15 années se sont écoulées depuis le premier projet !

 

Acquisition des terrains des observatoires

Le 1er février 1896, le préfet maritime fait inventorier les terrains sur lesquels sont construits les observatoires afin de procéder à leur acquisition.

En 1897, la Marine Nationale commence les procédures d'acquisition de terrains à la pointe de Locqueltas, à proximité du fort et à côté de l'observatoire des torpilles vigilantes pour son réseau permanent et ses ouvrages de la défense fixe.
Le plan ci-dessous montre les parcelles à acquérir, teintées en rose, et les installations : l'observatoire qui a changé de place, le feu chercheur, le feu fixe, la casemate, l'usine de production d'électricité, les hangars à charbon, le puits et enfin la batterie de 3 canons revolvers.

Occupation du domaine public

Un autre problème est latent : celui du passage des fils de torpille reliant Toulhars à Locqueltas. Le 15 juillet 1900, la municipalité de Plœmeur considère que l'occupation des terrains usurpés par la Marine empêche la mise en état du chemin rural conduisant de Larmor à Toulhars, coupe la place du village de Larmor et en supprime en partie l'usage par la création de regards, enfin empiète le chemin vicinal conduisant de la place au Casino.
Elle autorise le maire à passer avec la Marine un traité d'occupation provisoire au prix de 400 francs, alors que celle-ci ne propose qu'un franc !
Finalement un accord intervient le 30 octobre au prix de 200 F pour une durée de 3 ans à partir du 1er janvier.

En décembre 1901, la Marine cesse d'occuper le domaine communal avec ses fils de torpille. Considérant que pendant 14 ans, la Marine a occupé sans indemnité le terrain communal et qu'il n'est que fondrières, la commune entend faire respecter la convention et se faire payer les redevances jusqu'au premier janvier 1903.

 

Retrait d'une villa occupée par la Marine

Le 16 novembre 1915, la Marine dresse un état des lieux de la maison de monsieur Moulin qu'elle occupe près des ouvrages de la défense fixe à Locqueltas.
Cette maison dite "Villa Ker-Souris" est construite en pierres, recouverte en ardoises. Sa façade principale borde le chemin qui conduit aux ouvrages de la défense fixe.
La villa comprend un rez-de-chaussée comportant une chambre habitable, une cuisine et un grenier.
- La chambre qui possède une cheminée est éclairée par une croisée donnant sur le chemin, des volets en bois la ferment. Elle est en bon état et blanchie à la chaux ainsi que le poutrage apparent et son plafond en bois. Le sol est en bois, posé sur lambourdes. Deux lisses de couchage avec crocs à hamacs (5 sous-officiers couchent dans cette pièce) ont été installées par la Défense Fixe, ainsi que des porte-manteaux métalliques sur frises en bois. Une glace avec cadre en bois peint en noir surmonte la cheminée. Deux rideaux en mousseline ornent les fenêtres. Ces objets appartiennent au propriétaire.
- La cuisine qui est séparée de la chambre par une cloison en bois avec porte pleine, est occupée par 3 sous-officiers. Elle est éclairée par une croisée munie de volets, donnant sur un champ, et par une porte vitrée munie d'un volet à coulisse, surmontée d'une imposte. Cette pièce blanchie à la chaux contient un fourneau à 2 potagers appartenant au propriétaire et un autre fourneau en tôle appartenant à la Marine dont la sortie du tuyautage passe par un carreau de l'imposte.
- Le grenier prend toute la longueur du bâtiment. Il est éclairé par deux châssis mobiles en zinc et un œil de bœuf. Son accès se fait au moyen d'une échelle de meunier placée dans la cuisine.
Dans le jardin, des cabinets d'aisance à un siège muni d'une tinette. Un grand baquet est placé sous le tuyau de descente pour recueillir les eaux pluviales.

L'officier de direction, rédacteur de l'état des lieux, termine en soulignant : si l'on abandonnait ce bâtiment, je ne vois pas comment l'on pourrait loger le personnel qui l'occupe, aucun des locaux appartenant à la Marine ne pouvant s'y prêter et nulle habitation particulière disponible ne se trouvant aux environs de nos ouvrages.

Un nouvel état des lieux établi le 20 mars 1916 précise que les sous-officiers de la défense fixe ont finalement quitté les locaux qui ont été nettoyés et blanchis d'une manière satisfaisante. Des réparations sont à effectuer au compte de la marine :
                                Enlèvement des boulons du poste de couchage et remise en état                             10 F
                               Remplacement d'un carreau                                                                                          1 F
                               Réparation du plancher qui était déjà usagé et par suite de lavages intensifs,
                                          dans plusieurs planches l'aubier s'est complètement désagrégé, ce qui a
                                          occasionné de nombreux trous                                                                           7 F
                               Réparation de la table de cuisine                                                                                   2 F
                              Emboiture du contrevent                                                                                                 2 F

                                                                            Journées 2 hommes pendant 1 jour                                13 F

                                                                                                                                                            Total 35 F

Enfin

Le 11 juillet 1928, la direction des travaux maritimes signe avec monsieur Jamet, entrepreneur à Lorient, un marché de gré à gré, après appel à la concurrence, pour la réparation des dégâts occasionnés au feu chercheur de Locqueltas par la tempête du 22 au 23 mars 1928. Le marché s'élève à 12 645 francs. En outre, 2355 F sont prévus pour les dépenses en régie et imprévues soit au total 15 000 F.

Les défenses allemandes du Mur de l'Atlantique ont bouleversé le site. La plage du Lapin Blanc est barrée par un mur antichar, deux casemates de mitrailleuses lourdes sont construites à l'est et deux canons antiaériens de 105 mm à l'ouest.

En 1946, l'observatoire, devenu poste photo-électrique, ainsi que la maison du gardien figurent toujours dans l'inventaire du patrimoine de la Marine avec la mention "à conserver".