Coups mortels au Moustoir

 

Les faits

Hyacinthe Marie Goulian, âgé de 22 ans, fils de Hyacinthe Marie et de Marie Yvonne Philomène Boulben, est né le 8 juillet 1904 à Plœmeur. Ainé de sept enfants, son père mobilisé en 1914, puis décédé en 1921, il a commencé à travailler très jeune. Il est cultivateur chez sa mère au Moustoir en Larmor-Plage, et en conflit permanent avec son voisin, Jacques Bernard, à cause de droits de passages sur leurs propriétés respectives.

Le 1er août 1926 vers 23 heures, après avoir reconduit des camarades, Goulian rentre chez lui quand il est interpellé par Bernard qui se trouve devant sa porte. Une discussion s'ensuit, au cours de laquelle Bernard lui aurait porté une gifle. Saisissant alors l'un de ses sabots, Goulian le lance avec violence dans la direction de Bernard, qui atteint à l'œil gauche, s'affaisse ensanglanté.

Dès le lendemain matin, Jacques Bernard se rend à la caserne de Plœmeur. Les gendarmes Le Tellier et Roux reçoivent sa déposition. Né à Rédéné le 28 janvier 1877, il a 43 ans, est manœuvre aux Kaolins de Kerpape et demeure au Moustoir. Marié, quatre enfants, il déclare : je sais lire et écrire, je n'ai jamais été condamné, je ne suis ni pensionné ni médaillé.
Hier soir, vers 23 heures, j'ai entendu mon chien aboyer. Je suis sorti dehors et ai vu mon voisin Goulian qui passait devant ma maison portant une lanterne allumée. Comme la lune éclairait, je lui ai fait observer qu'il n'avait pas besoin de lumière pour circuler. Sans aucune autre parole, le jeune homme a aussitôt pris son sabot et me l'a lancé à la figure, m'atteignant à l'œil gauche. Je suis tombé sans connaissance et un moment après, j'ai été relevé par M. Kermagoret François, mon voisin, qui avait entendu ma femme crier. Avant son arrivée, Goulian avait déjà pris la fuite, laissant après lui son sabot. Ma femme seule a été témoin de cette scène. Je me suis fait visiter par le docteur Rio de Plœmeur qui m'a remis un certificat médical que je vous remets. Il constate les deux plaies et estime le délai de guérison à environ quinze jours.

 

 

Enquête de gendarmerie

Les gendarmes commencent leur enquête et recueillent les dépositions. A 7 h 30, ils sont chez Goulian qui déclare : vers 23 heures 30, je suis allé montrer le chemin avec une lanterne allumée, à deux amis de Quéhello-Congard qui avaient été prévenir le vétérinaire, pour venir donner ses soins à une de mes vaches qui était bien malade.
En passant près de la maison de mon voisin Bernard, en rentrant chez moi, j'ai vu cet homme en corps de chemise, près de sa demeure. Arrivé à sa hauteur, il m'a dit "qu'est-ce que vous faites par-là ? Vous réveillez les chiens et ils empêchent le monde de dormir !" Je lui ai répondu "je ne réveille ni les chiens, ni personnes. Il faut bien que je vaque à mes occupations". Il a répliqué "Vous ne voulez pas aller vous coucher ? Moi, je vais vous y envoyer".
Puis il s'est avancé sur moi et m'a donné un coup de poing en présence de sa femme qui nous disait de rester tranquilles. Mais comme il m'avait frappé le premier, j'ai pris mon sabot et l'ai lancé dans sa direction. Je l'ai atteint à la figure et il est tombé à la renverse.
Je suis aussitôt rentré chez moi en laissant sur place mon sabot. Je n'ai pas agi sous l'empire de la boisson, mais il fallait que cela arrive, car à chaque fois qu'il me rencontre et qu'il est pris de boisson, chose qui lui arrive fréquemment, il me cherche dispute et ne cherche que l'occasion de me frapper.

A 8 heures, les gendarmes interrogent Victorine Le Clanche, épouse Bernard. Elle confirme les propos de son mari en précisant que Kermagoret l'a aidée à le rentrer à la maison et à lui faire un pansement car il perdait beaucoup de sang. Elle ajoute que depuis environ trois semaines, nous ne sommes pas d'accord avec nos voisins Goulian à cause de différents qu'il y a entre nous au sujet de droit de passage. Enfin, elle n'a pas vu son mari donner un coup de poing à Goulian.

François Kermagoret, voisin, est interrogé sur son lieu de travail à l'usine des Kaolins de Kerpape. J'étais couché lorsque vers 23 heures 30 j'ai entendu crier près de chez mon voisin Bernard. Je me suis levé et suis allé voir ce qu'il y avait. J'ai trouvé Bernard, la figure ensanglantée et pouvant à peine se tenir debout. J'ai aidé sa femme à le rentrer chez lui et ai constaté qu'il avait une plaie au-dessus de l'œil gauche. Je lui ai fait un pansement et suis rentré chez moi. J'ignore les motifs de cette scène.

Louis Kermagoret, 62 ans, cultivateur au Moustoir : la conduite et la moralité de mes voisins Goulian et Bernard sont bonnes, quoique l'un et l'autre s'adonnent légèrement à la boisson.

Le maire de Larmor-Plage : Je connais très bien MM Goulian et Bernard, cultivateurs au Moustoir. Tous deux s'adonnent légèrement à la boisson et sont toujours prêts à la chicane. Leur conduite et leur moralité sont assez bonnes. Ni l'un ni l'autre n'a fait jusqu'à ce jour l'objet d'une plainte quelconque. Ils sont solvables.

Le 18 août, monsieur Coutillard, le maire de Larmor écrit au procureur de la République. J'ai cherché à savoir si la préméditation n'existait pas. J'ai acquis la certitude qu'elle existe et j'ai sous la main les témoins nécessaires. Les gens ne se sont pas livrés à la gendarmerie qui a fait l'enquête. Si vous le croyez utile, je puis recevoir leurs dépositions. Il y a un fait brutal bien avéré qui était prémédité à la première occasion.

Cette lettre entraine un complément d'enquête effectué par les gendarmes le 23 août.
Le maire déclare : Madame Kermagoret du village du Moustoir m'a fait part des propos tenus par Mme Goulian le 5 août au lavoir devant plusieurs de ses voisines "les coups portés par mon fils à Bernard étaient prévus tôt ou tard". Puis sur une remarque d'une voisine Mme Bolé, madame Goulian a ajouté "mon fils avait promis de ne pas le manquer à la première occasion qu'il aurait de l'atteindre et il ne perdra pas son honneur pour avoir fait ce qu'il a fait".

Madame Kermagoret Perrine, née Bosséno, 24 ans cultivatrice au Moustoir. Les propos tenus au douet le cinq courant par madame Goulian ont été dits devant mesdames Kerdudo, Le Nabec, et Bolé. J'en ai fait part au maire et je les maintiens.

Madame Le Nabec Philomène, née Kermagoret, 51 ans ménagère : je n'ai pas entendu les propos que madame Goulian a soit disant tenus au lavoir du village. Je n'ai jamais non plus entendu dire que le fils Goulian voulait se battre avec mon voisin Bernard.

Madame Bolé Jeanne Louise née Pogam, 23 ans cultivatrice : jeudi cinq, étant au douet dans l'après-midi, en causant avec Mme Goulian devant plusieurs autres voisines, cette femme m'a dit en parlant de la scène passée entre son fils et Bernard "si ce coup-là n'était pas arrivé ce jour-là, il serait arrivé tôt ou tard". Lui ayant fait remarquer que son fils avait été brutal envers Bernard, elle a ajouté "mon fils avait peur de lui et avait dit que s'il le manquait, lui ne le manquerait pas. C'est tout ce que j'ai entendu".

Madame veuve Goulian Yvonne, née Boulben, 46 ans cultivatrice au Moustoir : je reconnais avoir dit au lavoir devant quelques personnes que la scène de violence qui s'est passée entre mon fils et notre voisin devait arriver tôt ou tard, car tous les deux ne pouvaient se voir sans se disputer. Mon fils ne m'a jamais dit qu'il voulait se battre avec Bernard et n'a jamais cherché l'occasion de le faire.

Le même jour, le docteur Rio rédige une nouvelle attestation dans laquelle il déclare que le blessé est resté alité jusqu'au 18 août par suite de délires et qu'il reste encore fatigué.
Le 6 septembre, ayant examiné Bernard à son domicile, il constate qu'il existe une cicatrice linéaire au-dessus de l'arcade sourcilière gauche et une dépression osseuse d'un centimètre et demi semblant indiquer qu'il y a eu enfoncement de la table externe à la partie supérieure de la cicatrice, qu'il persiste quelques vertiges et de l'asthénie qui l'empêche de reprendre son travail.

 

 

Tribunal de première instance

Le 21 septembre 1926, Hyacinthe Goulian comparait devant le tribunal de première instance de Lorient. Il est défendu par maître Etienne Le Grand.

Attendu que la blessure occasionnée par ce coup de sabot a eu des conséquences graves tant pour la santé physique que, semble-t-il pour les facultés intellectuelles de Bernard et qu'il y a lieu d'ordonner son examen psychiatrique,
Attendu que Bernard qui s'est porté partie civile à l'audience sollicite du tribunal, à titre de provision, une somme de 2000 francs à raison des dépenses que cette blessure l'a obligé à faire et des salaires qu'il n'a pas touchés,
Attendu qu'il justifie des quittances de médecin, de pharmacie, des pertes de salaire. . . et qu'on ne saurait admettre une fourniture de 3 litres de Dubonnet sous prétexte que ce quinquina était nécessaire au rétablissement de la santé ; qu'au surplus ce liquide n'a pas été prescrit par les médecins,
Le tribunal ordonne que le docteur Potel examinera Bernard et rendra un rapport sur ses capacités physiques et morales. Il fixe à 1000 francs la somme que Goulian devra verser à Bernard à titre de provision.

Le docteur Potel rend son rapport le 11 octobre. Il estime qu'une radiographie de la région traumatisée et une exploration crânienne chirurgicale sont indispensables. Les symptômes relevés semblent indiquer une fracture de l'os frontal gauche dans sa partie supérieure, près de la suture pariétale, avec irritation ou compression du lobe cérébral sous-jacent, région particulièrement sensible.

Ces examens nécessaires sont urgents étant donné l'état du blessé et ne peuvent être pratiqués que dans un hôpital ou une clinique organisée.
Les docteurs Dorso, chirurgien à Lorient, et Marquet, radiologiste, sont désignés pour procéder à ces examens.

Le 16 octobre, Bernard est transporté dans la clinique Sainte-Anne du docteur Dorso. La gravité de son état et les difficultés de transport ne permettent pas de le conduire au cabinet radiographique du docteur Marquet.
Une intervention rapide est nécessaire. Elle est pratiquée le 27 par le Dr Dorso : exploration crânienne avec trépanation.
Mais son état ne cesse de s'aggraver et le trente octobre au matin, la mort étant proche, il est ramené à son domicile où il décède le jour même.

 

Le docteur Dorso rend son rapport le 30.

 

Le 7 novembre, le docteur Potel dépose un nouveau rapport dans lequel, il relate l'évolution de la santé de monsieur Bernard.
Quatre jours après les faits, il présenta brusquement des phénomènes d'agitation avec délire et obnubilation d'esprit, des mouvements convulsifs et l'embarras de la parole. Puis une aggravation avec une tendance à la somnolence, des sensations de vertiges avec nausées, une démarche ébrieuse et des difficultés dans la station debout.
Devant ces symptômes graves, M. Bernard fut transporté sur notre demande à la clinique du docteur Dorso, tant dans le but de procéder à une observation plus approfondie que pour assurer au blessé les soins qui nous paraissaient urgents, une intervention chirurgicale pouvant seule le sauver, bien que les chances de succès fussent minimes en raison du temps écoulé depuis l'accident.
Il conclut en disant que la mort de M. Bernard est la conséquence directe du traumatisme.

 

Le tribunal du Morbihan (section de Lorient) devant lequel Goulian a été traduit sur citation directe pour coups et blessures volontaires, se déclare incompétent par jugement du 29 novembre ; les faits reprochés constituant un crime.

 

 

 

 

 

 

 

Goulian inculpé de coups mortels : Instruction

Interrogé le 12 janvier 1927 par le juge d'instruction du tribunal de première instance, Goulian reconnait les faits. A la question "votre mère est allée jusqu'à dire que vous aviez promis de ne pas le manquer. Est-ce vrai ?" il répond "Non, ma mère a dit simplement que nous devions en venir à des coups parce que Bernard était toujours à me chercher dispute, essayant de m'avoir, c'est-à-dire de me frapper chaque fois qu'il me rencontrait".

 

Le 24 janvier, Victorine Le Clanche, veuve de Jacques Bernard témoigne. Quatre semaines avant le drame, son mari, conduisant une charrette, est passé dans un champ appartenant à Goulian. Mécontent, il a placé un obstacle pour lui interdire le passage. Bernard lui a dit de ne plus passer non plus dans un champ lui appartenant. Malgré cela, Goulian y est passé deux jours plus tard pour aller ramasser des petits-pois. En réaction, Bernard, lui aussi, a barré l'accès à son champ en y déposant des grosses pierres. Goulian et son beau-frère ont enlevé ces pierres pour passer. Bien plus, Goulian mécontent voulut se battre avec mon mari et fit le simulacre d'enlever son gilet pour engager la lutte.
Puis ce sont les évènements du 1er août.

 

Le 2 février, les gendarmes interrogent François Le Custumer, beau-frère de Goulian. Il déclare que fin juin 1826, il accompagnait son beau-frère qui conduisait un tombereau chargé de petits-pois. Il arrêta son attelage pour parler avec son voisin Bernard qui l'interpellait en lui disant qu'il n'avait pas le droit de passer là. Voyant cela, j'ai retiré quatre grosses pierres qu'il avait mises pour barrer le passage des charrettes. Puis ils continuèrent leur chemin, mais il a entendu Bernard dire "Vous avez de la chance que votre beau-frère soit avec vous, car sans cela, vous ne seriez pas passé. Ce n'est pas Goulian qui me fait peur".

 

Le 24 février, Hyacinthe Goulian est interrogé une seconde fois par le juge d'instruction. Il affirme n'avoir jamais eu l'intention de tuer Bernard et regrette les conséquences de son acte qu'il était loin de prévoir. Il confirme le différent existant entre eux au sujet de cette histoire de passage depuis la fin juin.

 

Le 14 mars, l'absence de désir de tuer est reconnue par le juge d'instruction et Goulian, qui aurait pu être accusé de meurtre, n'est inculpé que de coups ayant entrainé la mort sans intention de la donner.
Il n'a pas d'antécédents judiciaires et les renseignements recueillis sur son compte auprès de plusieurs personnes lui sont favorables.

 

 

Accusation

Par arrêt en date du 28 avril 1927, la Cour d'Appel de Rennes ordonne la mise en accusation et le renvoi devant la cour d'assises du Morbihan de Hyacinthe Goulian.
Dans son acte d'accusation, le procureur général accuse Goulian d'avoir volontairement porté des coups et fait des blessures au sieur Bernard, avec cette circonstance que les coups portés et les blessures faites sans intention de donner la mort l'ont pourtant occasionnée.
Crime prévu et puni par l'art. 309-4 CP.

 

Le 6 mai, à la demande du procureur de la République, les gendarmes à cheval Audran Jean et Roux Marcel venant de Plœmeur, se rendent chez Hyacinthe Goulian. Ils l'informent qu'il devra se constituer prisonnier à la maison de justice de Vannes huit jours avant l'ouverture de la session d'assises qui s'ouvrira le treize juin. J'obéirai à cette invitation en temps utile.

 

Le président des assises demande à se faire remettre le sabot qui servit à frapper Bernard, mais il a été brulé depuis longtemps.

Les témoins assignés par le procureur de la République pour déposer à l'audience sont :
                    Le Tellier François, gendarme à Plœmeur ;
                    Le Clanche Victorine, femme Bernard, 47 ans, cultivatrice au Moustoir ;
                    Kermagoret François, 28 ans, manœuvre au Moustoir ;
                    Boissineau (Bosséno) Perrine, femme Kermagoret, 24 ans, cultivatrice au Moustoir ;
                    Docteur Dorso, chirurgien des hôpitaux de Lorient ;
                    Coutillard, maire de Larmor-Plage ;
                    Docteur Potel René, médecin à Lorient.

Le 9 juin, par l'intermédiaire de Jean Montfort, huissier, Hyacinthe Goulian, alors détenu à la maison d'arrêt de Vannes fait connaitre la liste des témoins qu'il désire faire entendre.
                    Maurice Louis, cultivateur à Kerguélen ;
                    Langard Joseph, à Kerguélen ;
                    Kerizouet Louis, au Moustoir ;
                    Kermagoret Jean-François à Quéhello-Congard ;
                    Evenou Jean-Louis, au sanatorium de Kerpape ;
                    Hunsec Marc, conseiller municipal, à Lomener.

 

Cour d'assises

Le 13 juin 1927, l'affaire vient devant la cour d'assises du Morbihan.
La cour est composée de Bertin, conseiller à la cour d'Appel de Rennes, président, Crenn et Goupil juges, assesseurs. Sont également présents Messieurs Baixès substitut du Procureur de la République et Penfornis commis greffier. Les douze jurés sont tirés au sort pour former le jury. Maitre Etienne Le Grand défend Goulian.

La discussion s'engage entre l'accusation et la défense au sujet de la cause de la mort. Coup de sabot ou chute, telles sont les deux versions qui s'affrontent. Le Dr Dorso appuie la thèse du ministère public.

Victorine Le Clanche, veuve Bernard s'est portée partie civile. Son avocat Me Soret réclame pour elle 50 000 francs de dommages intérêts et la condamnation de Goulian à payer tous les frais de justice.

Le substitut Baixès demande une condamnation en proportion de la gravité des faits.

Me Le Grand souligne les bons renseignements recueillis sur son client et les oppose à ceux qu'il a sur la victime. Il se livre à une émouvante plaidoirie.

 

Puis le jury se réunit. A la question : l'accusé Goulian Hyacinthe Marie est-il coupable d'avoir au village de Moustoir, commune de Larmor-Plage, le 1er août 1926, volontairement porté des coups et fait des blessures au sieur Bernard ?, la réponse du jury est : Non.

 

Le président déclare Goulian acquitté de l'accusation portée contre lui et ordonne qu'il soit remis en liberté.

 

Puis la cour statue sur les intérêts civils.
Attendu que la mort de Bernard est la conséquence du traumatisme produit par le jet du sabot qui l'atteignit à la tête,
Attendu que le fait pour Goulian d'avoir lancé un sabot avec une force suffisante pour déterminer une fracture du crâne constitue une faute laquelle engage sa responsabilité et l'oblige à réparer le préjudice qu'il a causé,
Attendu que la cour doit tenir compte de l'imprudence commise par Bernard en sortant dans la rue pour interpeller Goulian avec lequel il était en mauvais termes,
Par ces motifs, condamne Goulian Hyacinthe Marie à payer à Mme Le Clanche veuve Bernard à titre de dommages-intérêts la somme de 20 000 francs, et le montant des dépens.