Tourisme 

 

  Un après-midi à Larmor

 

Je pars du Casino pour arriver à Kerpape.
Au Casino sous les tentes bariolées, une foule de consommateurs assoiffés, secs de gorge et beaucoup de corps.
Des cabines s'élancent des envolées de jeunes filles et de jeunes gens, costumes on ne peut plus variés, on se croirait à un bal de l'Opéra.
Un peu plus loin un fort monsieur, le pantalon relevé au-dessus des genoux, une ombrelle blanche sur l'épaule droite, la main gauche dans la poche, se promène philosophiquement dans l'eau, contemplant d'un œil paternel un jeune homme donnant une leçon de natation à une charmante nymphe en maillot bleu.
Tous n'aiment pas l'onde glauque ; à preuve, c'est qu'en avançant toujours, je vois assis sur l'herbe, dans les douves du fort de Locqueltas une foule de gens. Les uns dorment, les autres étendus sur le dos, les mains croisées sous la tête regardent filer les hirondelles ; ils s'emplissent les yeux de bleu de ciel pour en conserver peut-être le souvenir jusqu'à demain.
Le Lapin Blanc m'apparait avec sa fraiche tonnelle toute vêtue de frondaisons nouvelles. J'entre et en buvant à petits coups un verre de cidre assez chrétien, je vois entrer dans la mer, s'ébattre, courir, sortir un monsieur gros et court à côté d'un grand échalas, rendu plus maigre encore par l'eau qui lui plaque les cheveux sur le front et les joues. C'est égal, mais autant une jolie femme bien faite est charmante en costume de bain, autant un mal bâti est laid.
Ensuite, une bande de populos, avec leurs grands cheveux frisés sur le dos et leurs larges chapeaux de paille blanche ; puis c'est un groupe de sirènes folles qui, se tenant par la main, en file, s'élancent comme si elles voulaient marcher dans les flots jusqu'à Gâvres ; mais soudain, toutes s'arrêtent au bord. Doucettement elles avancent, l'eau arrive à la cheville, au mollet, ce ne sont alors que petits cris de moineaux effarouchés : c'est froid. Enfin, courageux le groupe se jette à plein corps dans l'océan et pour célébrer ce haut fait, une ronde s'organise à laquelle viennent se mêler les jeunes gens.
Et c'est ainsi jusqu'à Kerpape. Il n'y a que les têtes qui changent ; le tableau est sans cesse le même. Devant moi, deux êtres, les derniers, ceux qui closent la longue chaine des promeneurs s'en vont doucement, bras dessus, bras dessous, serrés l'un contre l'autre, baignant leurs pieds tout le long du rivage. Ce sont des amoureux ceux-là, des poètes peut-être, car ils n'aiment point la foule ? Seul, avec eux, je m'en vais par là.
Au retour, mêmes décors, mêmes tableaux, mêmes bonnes gens […].
Après, je ne puis qu'embarquer dans "Le Ramier" et dire que nous avons fait une traversée splendide de Larmor à Lorient.

                                                                                                           Johël d'Armor
                                                                                         (Le Nouvelliste du Morbihan 22 juin 1893)

  

Fin XIXe les premiers établissements touristiques et les premières villas voient le jour à Larmor.

Les établissements hôteliers s'implantent essentiellement sur la plage de Larmor et sur la place de l'église.


Une publicité, parue dans le journal "Le Phare" du 5 juillet 1879, vante les bains de mer à Larmor et fait état de cabines de plage.

 

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Les établissements hôteliers

 

Le Casino
Pierre Marie Félix Philippe et Reine Marie Guénégues devenus propriétaires en 1882 des terrains et constructions situés en bordure de plage entre l'actuelle rue du Presbytère et l'avenue de la Plage, font édifier un établissement appelé "Le Casino".

 

La presse fait état de cet établissement très fréquenté qui change souvent de propriétaire.
- Dans "La Lorgnette de Bisson" du 10 septembre 1887, le journaliste raconte que deux jours plus tôt à l'occasion de la fête de la nativité : Nous allons nous asseoir à une table du Casino si bien fréquenté de monsieur Philippe, un brave homme qui vous met tout de suite à l'aise.

 

Sylvain Le Villain et son épouse Victoire Le Grand demeurant à Tregueux (Côtes d'Armor) font l'acquisition du Casino le 2 mai 1890 pour le prix de 22 000 francs. La propriété se compose de :
1° une longère de bâtiments ayant cinq pièces au rez-de-chaussée et grenier au-dessus ;
2° un pavillon élevé dans une cour contiguë aux bâtiments ci-dessus ayant sur rez-de-chaussée chambre et cabinet au premier étage et grenier au-dessus, une écurie en appentis en planches, adossée du couchant ;
3° une maison au midi de la dite propriété ayant vue sur la mer dont elle est séparée par une terrasse et un mur privatif, servant actuellement de restaurant et café, cabines de bain y faisant suite, lieux d'aisance, cour et jardin avec son entrée principale au couchant.

- En 1893, il demande l'autorisation de placer tous les ans pendant les mois de juin à septembre des cabanes de bain sur la plage, devant son établissement, sur une surface de 20 m de long sur 2 m de large. L'autorisation lui est accordée le 12 mai moyennant une redevance annuelle de 10 francs et à condition qu'il ne trouble pas les personnes qui voudraient se baigner près de ses cabines sans en faire usage.

- En 1895, le journal "Le Phare" annonce qu'un bal et une brillante fête de nuit auront lieu le 6 juillet à l'occasion de l'ouverture d'une pâtisserie que M. Le Villain vient d'annexer à son hôtel et à son Casino […]. L'aimable propriétaire du Casino, M. Le Villain n'a rien négligé pour donner à cette soirée le plus d'attrait et de charme possible. Un orchestre à cordes sera chargé de mettre des ailes au pied des danseurs.

 

 

- Le 26 décembre 1895, M. Le Villain est mis en liquidation judiciaire et son établissement dénommé "Casino de Larmor" est mis en vente le 15 avril 1896. Le cahier des charges nous en fait la description :
Un bâtiment principal à usage d'hôtel d'une longueur de trente-quatre mètres environ, élevé en partie sur cave et ayant un rez-de-chaussée et un premier étage, avec grenier au-dessus.
Le rez-de-chaussée se compose de quatre belles pièces et une cuisine.
Le premier étage de cinq grandes chambres et un cabinet.
Ces bâtiments sont éclairés par des portes et des fenêtres donnant au midi sur une grande cour ayant environ 700 m² de superficie et dans laquelle se trouvent écuries, remises, pompes, puits et cabinet.
Cette cour est elle-même limitée au midi par une rangée de bâtiments en briques d'une longueur d'environ 45 mètres avec vue sur une terrasse bordée par la plage.
Ces bâtiments à usage de casino comprennent huit pièces dont une salle de café, une grande salle de réunion, une salle à manger, une chambre à coucher et trois petits salons, plus une cuisine ouvrant sur la cour.
La terrasse a une largeur d'environ trois mètres cinquante et est abritée par une toiture en bois recouverte de feutre.
A l'extrémité est de ce groupe de bâtiments se trouve un espace de terrain d'une longueur de dix mètres bordant la plage et propre à bâtir.
La mise à prix est fixée à 25 000 francs. Ces biens sont finalement adjugés pour 29 300 francs à Me Le Normand pour le compte d'Adolphe Besné, négociant à Lorient.

Quatre jours plus tard a lieu la vente aux enchères des meubles, effets et marchandises ; à savoir :
Une voiture dite "break", harnais, billards, pianos, fauteuils Voltaire, armoires à glace, armoires, commodes, tables toilettes, tables rondes, tables de nuit, comptoirs, glaces, pendules, linge, meubles bretons, neuf chambres à coucher ;
Vins : Champagne, Madère, Porto, Pommard, Pauillac, Graves, Médoc, St-Estèphe, vins ordinaires et différentes liqueurs, grande quantité d'alcools ;
Magnifique fourneau, grande quantité d'ustensiles pour restaurant et café, casseroles en cuivres et autres ;
Un canot à voiles gréement et apparaux, filets et accessoires de pêche ;
Vaisselle, chaises, verres et bouteilles, et une grande quantité d'objets de toutes sortes.

 

- En juin 1899 "La Croix du Morbihan" relate que jeudi dernier a eu lieu l'ouverture du Casino de L'Armor, dirigé par le sympathique propriétaire du Louis XIV. L'orchestre de M. Justin Desrues avait attiré une foule de Lorientais et la salle du Casino et la terrasse n'ont pas désempli de l'après-midi. Toutes nos félicitations au directeur et à son orchestre que conduit si bien l'excellent compositeur Jacques Forest.

- En 1901, on retrouve M. Justin Desrues, propriétaire du café Louis XIV à Lorient. Il est cité par la presse lors de la bénédiction des coureaux. Ceux qui auront diné au Casino n'auront pas à s'en plaindre (d'avoir raté le dernier bateau à vapeur) car jamais plus délicat menu ne fut servi sur une table […]. Une fois de plus le Ragueneau Lorientais Justin Desrues a mérité le surnom qui lui fut donné certain jour culinaire.

 

- En mai 1902, Mme veuve Quéré informe sa nombreuse clientèle de l'ouverture définitive le 1er juin de l'hôtel et casino : table d'hôtes à toute heure, cuisine recommandée, chambres très confortables, pension et arrangements pour familles à des prix modérés […]. Le passage du pont de Kermélo est gratuit.

 

Le Casino est démoli en 1906 pour faire place à des villas.

 

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Hôtel Restaurant des Touristes
En 1902, plage de Larmor, Henri Fravallo, quartier maitre de marine en retraite, devenu propriétaire d'un terrain ayant appartenu à sa belle-mère, Anne Le Merdy, cabaretière à Larmor, fait construire un immeuble à vocation commerciale comprenant un café au rez-de-chaussée et des chambres à l'étage. Il s'agit du "Café des Touristes" qui organise des repas de famille et de sociétés sur commande, propose une salle pour noces et réunions ainsi que des chambres meublées à louer.

 

Quelques années plus tard, il devient Hôtel Restaurant des Touristes et est ouvert toute l'année.
En 1921, Marie Louise Le Guène, veuve d'Henri Fravallo, cède son affaire à un Anglais John Daniels, marié à une Lorientaise, Maria Le Guen. Il n'est autre que le beau-père de la belle-fille de Marie Louise Le Guène. Ils en confient la gérance à leur beau-frère, Albert Jean Gretener, citoyen suisse, époux d'Edith Daniel's.

 

Au fils des ans, l'établissement est agrandi, puis complété par un dancing. Des bals y sont organisés, tel celui du 12 août 1928 annoncé dans la presse locale.

Le samedi 8 août 1931, un grand gala de boxe est organisé salle Gretener. Cinq combats sont au programme dont l'un avec Ulliac champion de Bretagne poids mouche 1930 et 1931 et un autre avec Cabellec champion de Bretagne poids coq en 1931.

 

Le 27 mai 1938, le tribunal de commerce de Lorient déclare en faillite le Café des Touristes appartenant à Albert Jean Gretener. Le fonds de commerce est mis en vente aux enchères le 28 juillet chez Me Prodhomme. Mise à prix 15 000 francs. L'adjudicataire a obligation d'acheter en plus les matériels, mobiliers et marchandises évalués à dire d'expert. John Daniel's, négociant, et son épouse Maria Le Guen, demeurant à Langeais (Indre-et-Loire), déjà propriétaires de l'immeuble et anciens exploitants de l'Hôtel de la Plage, sont les acquéreurs. En 1948, il est toujours exploité par John Daniel's.

 

Selon l'annuaire téléphonique de 1952 il est au nom de M. Richer. En 1953, agrandi en façade et rehaussé d'un étage et de combles aménagés il s'appelle, "Chez Jacques" Forneris, puis "Le Grand Large" en 1966.


Néanmoins le bien reste la propriété de la famille Daniel's jusqu'en 1976.

 

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Hôtel Deforges
Place de l'église, le plus ancien établissement semble être celui des époux Deforges. Léopold Deforges est ferblantier à Larmor depuis 1866. En 1881, son épouse Lucie Prévost est débitante au bourg de Larmor. En 1896 Léopold est restaurateur et fait de la publicité dans la presse, proposant des chambres, déjeuners et dîners avec homards et poissons frais.

 

Les Deforges sont recensés en 1911 et font toujours de la publicité pour leur établissement en 1914.

 

 

 

 

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Hôtel Edelin
A la même époque Louis et Léonore Edelin, venus du Kernével, disposent en 1895 après agrandissement de douze chambres. Un seul étage surmonté de combles à la Mansard. Au rez-de-chaussée, se trouve la grande salle de café. On parvient à l'étage par un escalier mitoyen se trouvant dans une maison voisine. La salle à manger est dans la cour, dans un bâtiment de fortune, ainsi que la cuisine. Lors du recensement de 1896 Louis est dit commerçant.
En 1901, Louis Edelin est dit pêcheur et son épouse Léonore débitante.

Dans ses souvenirs, Louis Edelin fils, futur maire de Larmor-Plage, raconte que les premiers estivants en pension complète pour cinq francs par jour, avaient le petit-déjeuner, le déjeuner, le dîner et la chambre à coucher. Le midi, on servait deux hors-d'œuvre au moins, avec crevettes bouquets ou homard, un poisson, une viande en sauce, généralement un rôti, accompagnée de légumes, dessert, avec cidre, vin blanc et vin rouge sur la table et l'assiette de beurre salé. Le soir il y avait un potage, un poisson, une viande et ses légumes, fromage ou dessert. Les spécialités étaient le homard au cari, la langouste à l'américaine et bien entendu tous les produits de la mer.

Quelques années plus tard, le café prend le nom de "Café de la Renaissance". Après le décès de Louis Edelin père en 1915, sa veuve et sa belle-fille Blanche tiennent l'hôtel.
Une publicité fait état de cabines de bains sur la plage, chambres garnies, tonnelles, etc.
Dans l'annuaire téléphonique de 1926, il s'appelle "Grand-Hôtel" sous le nom de "Edelin-Laférrière" avec le numéro 5. En 1928 on le retrouve sous le nom d'Hôtel Edelin.

 

  

 

Le 3 juin 1934 est inauguré le nouvel hôtel Edelin, transformé par M. Camille Jasseron, architecte lorientais. La façade est complètement refaite. Les trois bâtiments d'autrefois, maison de la place, salle à manger et cuisine ne forment plus qu'un seul ensemble. Désormais, l'immeuble a trois étages et du côté du nord les fenêtres ont vue sur Toulhars. Le rez-de-chaussée largement ouvert est occupé par le café. La salle à manger entièrement refaite à l'emplacement de l'ancienne peut recevoir près de cent personnes. La cuisine a également été reconstruite. A l'étage, les chambres plus nombreuses, au nombre de 19, sont d'un grand confort et offrent toutes les commodités.
Pour la circonstance un menu gastronomique est servi à 90 convives.

 

 

L'Hôtel Edelin figure pour la dernière fois dans l'annuaire téléphonique de 1956 avant de céder la place à l'Union Coopérative Lorientaise.

 

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Celtic Hôtel
Le 2 août 1930, Mme Le Gras, née Jeanne Le Febvre, achète à M. Caherec l'immeuble incendié connu sous le nom de Villa les Sables afin d'y établir un hôtel ou une pension de familles. Avec son époux Jules Le Gras ils demeurent 12 rue Victor Macé à Lorient. Ils font doubler le bâtiment de surface en l'agrandissant au sud.

 

En mai 1935, la presse se fait l'écho des concerts organisés au Celtic-Hôtel. Chaque dimanche, face aux grands flots bleus, un excellent orchestre se fait entendre [...] pendant toute la saison nous applaudirons l'orchestre symphonique du Celtic-Hôtel et de cette initiative, nous devons féliciter le propriétaire de l'établissement qui sait réunir avec le même bonheur les plaisirs de la table avec ceux qui charment si délicieusement nos oreilles.

 

Le 15 janvier 1936, les époux Le Gras reçoivent un commandement de payer le montant des obligations qu'ils avaient souscrites en 1931 auprès de Mme veuve Le Gallo pour 30 000 francs et auprès de M. Cadoret pour 3000 francs.
Finalement, il est procédé à la saisie de divers immeubles à usage de café, hôtel-restaurant, avec matériel en dépendant. Le cahier des charges nous donne une description très complète de l'établissement :
Une vaste construction en maçonnerie sous toiture de tuiles, portant l'enseigne "Celtic-Hôtel" à usage de café - hôtel - restaurant, élevé sur caves, comprenant :
1° au rez-de-chaussée, deux magasins, garage, cellier, trois chambres de personnel et water-closet ;
2° à l'entresol, terrasse sur le devant, trois salles à manger, une lingerie, un bureau, office et cuisine, water-closet ;
3° au premier étage, quatorze chambres, une salle de bains, water-closet ;
4° au second étage, treize chambres, water-closet ;
5° au-dessus, grenier et trois chambres de personnel.
Derrière, une cour close de murs dans laquelle est édifié un petit bâtiment en parpaings sous toiture de tuiles à usage de décharges.

Le matériel se trouvant dans l'hôtel :
Dans chacune des vingt chambres des voyageurs : un lit avec sommier, matelas, traversin, oreiller, édredon, couverture, armoire, deux chaises et toilette, glace, descente de lit.
Dans les chambres de bonnes : cinq lits avec sommier, matelas ou couette de plume, oreiller, cinq chaises.
Dans la cuisine : deux cuisinières, douze déjeuners, soixante-douze assiettes bretonnes, deux saladiers bretons, deux coupes bretonnes, cinquante assiettes fantaisies, six saladiers, vingt-quatre coquilles à glace, onze raviers, trente moules à crème, six saucières, trente beurriers, cinq seaux à glace, trois seaux à champagne, une sorbetière, trois poêles à frire, un fait-tout cuivre, une grande marmite, une table, une plonge, un évier faïence, une paire de balances, une poissonnière, une turbotière, deux grandes plaques à rôtir, un grand bac à frire, deux tables.
Dans la petite salle : une table noyer, une armoire d'angle, six tables, vingt-quatre chaises, deux lustres, meuble à pain, tête de cerf.
Argenterie, trois douzaines de couverts argentés 90 g, vingt couteaux pied métal, vingt couteaux dessert pied métal, deux louches, vingt fourchettes escargot, six pinces à homard, trois douzaines de couteaux manche bois, trois douzaines de couteaux dessert, trois douzaines de cuillers à café, deux douzaines de cuiller à café argentées, trois douzaines de fourchettes ordinaires, trois douzaines de cuillers ordinaires.
Petite cuisine : trois pots à lait, six théières avec passe-thé, trois douzaines de tasses à café, cinq marmites, deux sauteuses, douze casseroles, moulin à café, trois tables. Un buffet, vingt plats divers, quatre corbeilles à fruits.
Linge : une douzaine de draps, six nappes, douze taies, douze serviettes de toilettes, deux douzaines de serviettes de table, deux douzaines de torchons.
Grande salle : un piano, un bureau-bar, douze tables noyer, deux fauteuils, trente-cinq chaises, quatorze fauteuils rotin, une armoires bretonne, une chaise rotin, une sellette, une salamandre, cinq lustres.
Vestibule : lit clos breton, lampadaire ancien, un banc, lavabo, tête de biche, neuf assiettes bretonnes.
Bar : six tables rotin, quatorze fauteuils rotin, glace, pendule, trois tableaux, six vases bretons, dix filtres à café.
Salon : bureau breton, trois poufs, un canapé, une chaise, un lit.
Salle de café : cent cinquante verres de toutes tailles, un shaker, six sucriers, un damier, deux théières bretonnes, dix tasses bretonnes et soucoupes, un pick-up avec cent disques, un bureau, une baignoire émaillée, douze tables fer terrasse avec parasols et cent chaises pliantes terrasse.

 

L'adjudication a lieu le 13 mai 1936 sur la mise à prix de 300 000 francs. La société hôtelière de Larmor-Plage constituée pour la circonstance ayant pour gérante Mlle Marianne Alix, est déclarée adjudicataire pour le prix de 301 000 francs.

 

Le 13 juin, il est procédé à la vente aux enchères de la cave et de deux voitures automobiles à conduite intérieure : Donnet-Zedel 7CV, 4 places et Delahaye 9CV, 4 places.

 

En juillet 1936, M. Gilles Philippe, propriétaire et chef réputé de l'Hôtel du Lion d'Or au Faouët prend la direction du Celtic-Hôtel. Pour la journée d'inauguration le dimanche 12 juillet, il propose un déjeuner au prix de 25 francs. 120 personnes y prennent part dont de nombreux notables Lorientais. Au menu :

 

 

 Le Celtic-Hôtel est mis en gérance jusqu'en 1987 avant d'être démoli pour laisser place à la résidence actuelle.

 

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Café Restaurant de la Plage
Non loin de la Pointe des Blagueurs, la presse à sardines exploitée par Adolphe Peccot devient la propriété de Joseph Busson et Théophile Le Corre en 1895. Détruite, elle est remplacée par deux maisons quasiment identiques.
Celle appartenant à Le Corre est louée à Eugène Le Vanic. En 1917, il fait construire un escalier devant la propriété, permettant d'accéder au rivage.

 

En 1919, madame Michelle Le Vanic transforme la maison en "Café restaurant du port et de la plage". Une publicité parue dans "Le Nouvelliste du Morbihan" vante sa cuisine très soignée, ses prix très modérés et la vue splendide sur la mer.

 

Puis il devient le "Café restaurant de la Plage" exploité par John Daniels, par ailleurs propriétaire du Café des Touristes sur la plage de Larmor. En 1926, il porte le numéro 1 des abonnés au téléphone de Larmor-Plage. Sa spécialité, comme dans beaucoup de restaurants de la région est le homard au kari.

 

 

 

 

Il s'appellera aussi "Restaurant du port et de la plage". 

En 1931 il est repris par Alfred Casali qui l'exploite au moins jusqu'en 1939. Il a pour spécialité les glaces napolitaines.

 

  

En 1934, après le décès de leur mère, les consorts Le Corre procèdent à la vente sur licitation judiciaire de cet immeuble comprenant en bordure du rivage maritime un escalier ; puis derrière cet escalier une terrasse faite par le locataire ; derrière la terrasse, une maison comprenant : au rez-de-chaussée, bureau, vestibule, couloir, grande salle à manger et cuisine, au premier étage, deux pièces donnant sur la mer et une derrière ; au deuxième étage deux mansardes et deux greniers ; cour avec eau de la ville, mise par le locataire. Dans la cour, citerne, deux hangars, poulailler, bâtiment servant de cuisine, autre bâtiment ayant deux chambres au rez-de-chaussée avec deux faux greniers et cave.

Roger Louis Le Port, ingénieur des ponts et chaussées, en est l'acquéreur.

 

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Hôtel de Larmor
Vers 1920, Jean-Baptiste Derrien originaire de Rochefort (Charente-Maritime) et son épouse Marie Joseph Jeannet de Pont-Aven ouvrent l'Hôtel de Larmor, avenue de la Mairie, dans un immeuble appartenant aux dames Le Pontois.

 

  

M. Derrien exploite cet établissement jusqu'en février 1943, date à laquelle il est détruit par les bombardements.


L'immeuble sinistré est vendu à la commune en 1949 pour construire à sa place la mairie et la poste.

 

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Royal Glacier
Fin 1921, plage de Larmor, sur un terrain appartenant à Pierre Esvelin, avocat et ancien maire de Lorient, M. et Mme Schmann construisent une maison à usage de café-restaurant en agglomérés et couverte en fibrociment. Dénommé "Restaurant de l'Océan", il ouvre le 8 janvier 1922 et est déclaré en faillite le 25 août.

 

En 1926, Louis Mandeau exploite un restaurant du même nom à cet endroit.

 

Puis en 1931, Vincent Caillaud, cafetier à Lorient, obtient pour cinq ans une concession de 168 m² pour y installer un commerce de buvette et de bains publics, moyennant une redevance annuelle de 2520 francs. Il succède ainsi à Mme Le Bozec qui possédait depuis de nombreuses années un bâtiment en bois vétuste et disgracieux. Dénommé "Royal Glacier", il s'agit d'une construction en ciment démontable par pièces, de plain-pied avec une vaste terrasse.

Monsieur Coutillard, maire, inaugure ce nouvel établissement le 3 juillet 1931. La presse accorde une large place à l'évènement. M. Coutillard est accompagné de son adjoint Chailloux, de messieurs Boquet président du syndicat d'initiatives de Lorient, Jacq président du syndicat des restaurateurs, Duparc directeur des Autobus Lorientais, Jasseron architecte, etc.
C'est sur le sable même que sa terrasse de ciment dresse ses gais parasols. […] Des cabines et des maillots sont là pour permettre à chacun de réaliser son rêve. Les glaces aux fruits délicieuses dont la si gracieuse Mme Caillaud a le secret. […] L'oreille se grise de musique car le diffuseur fait alterner les symphonies denses du pick-up avec les harmonies lointaines de la T.S.F.
Le "Royal Glacier" c'est au bord de la mer tout le luxe délicat des plus grands casinos.
Entre deux crawls, d'un saut on peut y venir téléphoner à Paris !
Larmor-Plage, station balnéaire moderne. Cette fois nul n'en peut plus douter.

Le 17 août 1931, il obtient l'autorisation d'établir en face de son établissement un radeau de 3 mètres de côté, à usage de plongeoir pour les baigneurs.

Initialement d'une longueur de 14 mètres sur 12 de large, après plusieurs extensions successives l'établissement mesure 19,20 m de long sur 15,95 de large.

 

Dans les années 40, M. Esvelin fait construire à cet endroit une maison de deux étages avec combles aménagés. Le rez-de-chaussée est réservé au Royal Glacier et la construction située sur la plage est supprimée.

 

 

Après-guerre, Vincent Caillaud déplace son établissement en haut du boulevard de Toulhars, puis en 1966 le transforme en l'Hôtel Beaurivage dont l'existence sera de courte durée.

 

 

 

 

 

 

 

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La Potinière

François L'Haridon, habitant la Normadie, achète en 1920 plusieures terrains, dont un bordé par le rivage, avec l'intention d'y construire un hôtel lorsque l'eau et l'électricité seraient à Larmor. En 1934 il fait édifier entre la propriété Esvelin et le Café des Touristes un bar, hôtel-restaurant, dancing appelé "La Potinière". Il a été construit par M. Dutartre, architecte Lorientais. L'inauguration a lieu le 1er aout 1934.

 

Ils sont mis en liquidation judiciaire deux ans plus tard, le 3 novembre 1936. Nous ignorons l'issue de cette procédure.  

 

Mais le Royal Glacier de Vincent Caillaud se trouve en partie devant La Potinière, masquant la vue sur la mer et entrainant un grave préjudice. Les époux L'Haridon tentent en vain de faire déplacer le Royal-Glacier avant d'introduire une action en justice. En 1941, ils sont déboutés par la cour d'appel de Rennes qui ne leur reconnait pas un droit de vue particulier sur le rivage.

 

L'établissement continue à fonctionner jusqu'en 1987 quand les héritiers L'Haridon vendent l'immeuble à la SOGIMOR.

 Vue des hôtels, Boulevard des Touristes, après-guerre

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Autres établissements
Divers documents font état d'hôtels ou de restaurants sur lesquels nous avons peu d'informations.

En 1926, lors de la demande de classement de Larmor-Plage en station de tourisme, on rencontre :
          Hôtel de la Renaissance : M. Guyomard, (à rapprocher de l'Hôtel Edelin)
          Hôtel Melvé : Mme Melvé

 

Dans les années 1930, le Café Restaurant de M. Emile Allègre qui s'investit beaucoup dans la vie de la commune. En 1933, il obtient l'autorisation d'établir sur la plage de Lorient-Plage une cabine en bois à usage de bains publics et de débit de boissons hygiéniques. En 1937, il vend son fonds de commerce à Adrien Le Floch.

 

 

 

 

En 1933, du 5 au 7 février vente aux enchères publiques de meubles et d'agencement provenant de :
Hôtel des Algues à Lorient-Plage, tenu par Lucien Le Meur et Pauline Loiseau son épouse.
Puis le 15 juin, à la demande de Mme Marie Delphine Falloy, veuve Robert, créancière, en l'étude de Me Brisset, vente des immeubles :
Un grand bâtiment couvert en tuiles, à usage d'hôtel, café, restaurant ayant au rez-de-chaussée une grande salle de café et salle de restaurant. A l'étage, quatre chambres et grenier. Un autre bâtiment contigu ayant un office, une cuisine, deux chambres et trois pièces au premier étage, cave en sous-sol. Des bâtiments de servitude, poulailler, water-closet, jardin clôturé avec puits et pompe.
Monsieur André Le Bec, armateur demeurant villa Zéphyr à Larmor, seul enchérisseur, est déclaré adjudicataire pour le prix de 10 000 francs.
Nouvelle adjudication le 17 janvier 1934, cette fois au tribunal civil de Lorient, suite à une surenchère du dixième avec une mise à prix de 11 000 francs. Maitre Le Normand, avoué, porte le prix à 13 100 francs. Sans nouvelle enchère, il emporte la vente pour le compte de Me Brisset.


Cet hôtel construit sur le site de Lorient-Plage date d'entre 1920 et 1926.

 

 

 

 

Le café restaurant des Mouettes, tenu par M. Rio. On le trouve dans l'annuaire téléphonique à partir de 1939.

 

En 1939, dans l'annuaire téléphonique, à Larmor on rencontre également :
Hôtel Cibert à Lorient-Plage ;
Hôtel Kerpape Joli en Plœmeur, ainsi qu'en 1948. Il existait déjà en 1933 et a fait l'objet, cette année-là, d'une vente judiciaire consécutive à la séparation d'entre François Fraval et son épouse Marie Anne Lijour.

 

En 1948, dans l'annuaire téléphonique :
Le Darz Joseph, Hôtel de la Plage à Kerpape. Il s'est agrandi puis a été reconstruit et a fonctionné jusque dans les années 80 avant être transformé en résidence.

   

 

 

 

En 1949 sur un plan, puis en 1952, dans l'annuaire téléphonique :
Café de l'Océan à Lorient-Plage, puis hôtel, situé à environ 300 m à l'est des Mouettes. Il a fonctionné jusque vers 1960.

 

 

 

 Lapin Blanc à Locqueltas. Etablissement très ancien datant des années 1890.

   

  

Au Kernével
En 1934, il est procédé à la vente par adjudication volontaire de la propriété de Marie Le Bail, veuve du passeur Le Botlanne, comprenant au Kernével une maison à usage de café-restaurant. Elle a 5 pièces au rez-de-chaussée, dont une de 12 m sur 5, 5 pièces au premier et 5 pièces au second, grenier, cour, jardin et tonnelle. Mise à prix 70 000 francs. N'ayant pas trouvé preneur, une nouvelle vente a lieu le 27 juillet avec une mise à prix de 35 000 francs.
Selon Le Nouvelliste, c'est la plus grande hôtellerie du Kernével. On la voit dresser sa haute façade près du fort d'opérette qu'elle domine. Pas d'autre enseigne que "Débit de Boissons" et pourtant on y vient de loin pour y loger.
Une femme active et aimable, gère avec ses enfants, dans une atmosphère d'affectueuse entente cet établissement qui fait largement ses affaires. Le dimanche, familles lorientaises et fervents boulistes s'y donnent rendez-vous. Chaque jour, de bruyants équipages, thoniers ou sardiniers, s'y assemblent autour d'une odorante cotriade.

En 1952, on rencontre Julien Lestrehan, restaurateur au Kernével. Quelques années plus tard, son établissement devient le Nautic Hôtel.

 

 

Une affaire de licence de débits

 

de boissons


En mai 1933, deux inspecteurs de la police mobile de Rennes sont chargés, à la demande du Syndicat des cafetiers-hôteliers et débitants de Lorient poussé par certains de ses membres, d'effectuer à Larmor une surveillance de l'application de la licence en matière de débits. En effet, en général les hôteliers-restaurateurs disposent d'une licence qui ne les autorise à vendre des alcools qu'à l'occasion des repas.


Les enquêteurs, connus à Larmor pour avoir opéré lors du crime de la maison rouge, font une tournée en demandant de l'alcool. Souvent, après avoir longtemps refusé, les hôteliers et débitants finissent par céder à l'invite pressante et amicale des policiers.

C'est ainsi que comparaissent devant le tribunal correctionnel, sous la prévention d'ouverture illicite d'un débit de spiritueux à consommer sur place : MM. Allègre, Penverne, Le Darz, Le Ricousse, Mmes Casali, Derrien, Le Gras, Le Gall.

Par suite de la législation assez compliquée, la plupart de ces débitants ne pouvaient obtenir de grande licence. D'autre part, bien qu'ayant une licence réduite, ils paient à peu de chose près le même prix que s'ils en possédaient une grande.

Le 19 juin ils sont condamnés chacun à 50 francs d'amende pour le délit, à une amende fiscale de 50 francs et à 250 francs envers le syndicat des cafetiers. Et surtout, le tribunal ordonne la fermeture de chacun de ces débits.