Fontaines, puits et lavoirs, au fil des réunions de conseil municipal

Le 20 septembre 1871, le conseil municipal de Plœmeur est saisi de la demande de Mme Raoul prétendant que le terrain vague et commun à tous les habitants sur lequel la fontaine de Larmor est en construction lui appartient. Sans appuyer sa revendication de titres de propriété, elle en demande 200 francs, alors qu'il ne vaut pas plus de 20 F. 

A l'unanimité, le conseil autorise le maire à procéder à son expropriation.

Le 12 novembre 1872, messieurs Le Gall et Le Coupanec signalent au conseil qu'il est urgent de réparer le lavoir de Keramzec et de faire la fontaine de Larmor. Un crédit de 1000 F est voté pour ces dépenses.

Le 10 août 1873, le maire fait connaitre au conseil qu'il a traité pour l'acquisition du terrain nécessaire à l'établissement de la fontaine de Larmor. M. Remot, propriétaire est disposé à le céder moyennant la somme de 60 francs.

Le 25 août 1884, le maire de Plœmeur, Raymond de Raime, prend un arrêté concernant les fontaines de la commune.
Considérant qu'il convient dans l'intérêt des habitants de prescrire toutes mesures propres à leur assurer l'usage constant de l'eau débitée par les fontaines de la commune,
Considérant d'autre part que ces fontaines ont été établies afin de permettre aux habitants de se procurer de l'eau nécessaire aux usages domestiques,
Considérant enfin qu'il est urgent sous le rapport de la salubrité d'interdire le lavage des effets d'habillement ou de lingerie sur la voie publique parce que les eaux savonneuses répandent une odeur incommode ou malsaine,
Arrête :
      Article 1er Est interdit tout lavage d'effets d'habillement, d'objets de lingerie ou autres sur la voie publique et aux fontaines.
      Article 2 Il est également interdit de déposer dans les dites fontaines des filets de pêche ou d'y faire boire des bestiaux.
      Article 3 Les contrevenants à ces dispositions seront poursuivis conformément aux lois.
      Article 4 Le garde-champêtre et les gendarmes sont particulièrement chargés d'assurer l'exécution du présent arrêté.

 

Le 26 juin 1898, le maire soumet à l'approbation du conseil un mémoire de M. Millio, entrepreneur à Plœmeur, s'élevant à 500 francs pour le creusement d'un puits au village de Larmor. Cette dépense sera prélevée sur le crédit de 5000 francs qui figure au budget sous la rubrique : création de fontaines, lavoirs à Larmor et à Lomener. 

Un mois plus tard, "Le Nouvelliste du Morbihan" constate que les touristes qui visitent Larmor se demandent pourquoi il y a sur la place un puits sans qu'il y ait ni pompe, ni treuil, de sorte qu'on en est réduit à regarder l'eau d'en haut. Les habitants ne savent que répondre sinon que le puits est là depuis six mois.

Cette absence est réparée puisque le 13 novembre 1898 le conseil vote un crédit de 151,22 F à M. Hellec pour diverses fournitures faites et travaux exécutés pour l'installation d'une pompe dans le puits public du village de Larmor.
Il vote également une somme de 10 francs au profit de M. Cadiou pour avoir transporté au Kernével, à Larmor et à Lomener les membres de la commission chargés de choisir les terrains propices pour la création de fontaines, lavoirs.

 

Le 21 juillet 1904, Eugène Le Coupanec, maire, prend un nouvel arrêté de police :
Art 1er Il est interdit de laisser boire les bestiaux, de déposer des filets de pêche ou objets quelconques dans les fontaines et lavoirs communaux aux environs des pompes.
Art 2 Est également interdit tout lavage d'effets d'habillement ou de lingerie aux fontaines et pompes, tout écoulement d'eaux savonneuses ou de cuisines sur la voie publique, sur les trottoirs et dans les caniveaux.
Art 3 Les fontaines et pompes ne peuvent sous aucun prétexte servir de lavage aux effets domestiques, aux aliments quels qu'ils soient.
Art 4 Les jeudis et dimanches matin avant 7 heures du 1er mai au 1er octobre, avant 9 heures du 1er octobre au 1er mai, les rues et caniveaux de Larmor et de Plœmeur seront balayés par les propriétaires des maisons ou les locataires des rez-de-chaussée et à leurs frais. Toutes les immondices se trouvant sur la voie publique seront enlevées par les soins de l'administration. Les enlèvements par les habitants seront l'objet de procès-verbaux.
Art 5 Tout stationnement de voitures de vidanges dans les agglomérations est formellement interdit.

Place du KernévelLe 20 novembre 1904, constatant que la place du Kernével se trouve dans un état déplorable et devient un bourbier par suite des eaux provenant de la pompe qui ne s'écoulent pas et restent stagner, le conseil est d'accord pour remédier à cette situation et charge la commission des travaux de proposer les mesures à prendre.

Le 11 juillet 1909, le conseil décide de construire au village du Kernével une conduite en tuyaux de grès depuis la fontaine jusqu'à la conduite Haloche. La dépense est évaluée à 440 F.

Le 16 juin 1912, un conseiller municipal attire l'attention du maire sur la situation des habitants du Kernével qui, par suite du mauvais état de la pompe du puits communal, sont quasiment privés d'eau depuis deux mois. Deux mois plus tard, M. Juvin s'en fait l'écho en adressant une lettre ouverte au Nouvelliste.

En mars 1920, il est toujours question de la pompe du Kernével. Les habitants adressent une réclamation au maire. Il y a bien une pompe sur l'unique place, mais elle ne fonctionne pas. Elle a souvent été arrangée par les soins des habitants du Kernével. Pour avoir de l'eau potable, ils sont obligés de se rendre au village de Keramzec à 500 m de là. Le petit port de mer du Kernével paie une part d'impôts assez large pour qu'on écoute au moins une fois les justes réclamations de sa population.
Cette dernière prie monsieur le maire de vouloir bien faire examiner la pompe, la faire arranger si elle est réparable ou la remplacer par une autre si elle est hors d'état de servir.

Le 21 août 1921, le maire expose à l'assemblée que des fouilles pratiquées récemment dans un terrain vague situé près du chemin conduisant de la place de l'église au cimetière ont permis de découvrir un lavoir et une fontaine dissimulés sous des décombres et dont la remise en état ne nécessiterait pas une forte dépense ; que tout à côté se trouve une source dont le débit journalier serait de 20 000 litres environ ; qu'il y a lieu de remarquer que l'agglomération de Larmor n'est approvisionnée en eau potable que par un seul puits existant sur la place de l'église. L'utilisation de cette source réaliserait une amélioration vivement souhaitée par la population. La remise en état du lavoir et l'utilisation de la nouvelle source sont renvoyées devant la commission des travaux.

Le 15 janvier 1922, monsieur Cren, conseiller municipal, expose au conseil qu'à la suite d'une prospection faite sur la place de l'église de Larmor, on était arrivé à constater que le puits actuel n'est même pas sur un petit griffon d'eau. Il est à environ cinquante centimètres d'un griffon insignifiant qui a peut-être dix centimètres de large. Or, à quatre mètres de là, il y a une nappe d'eau d'1,60 m de large, très abondante et susceptible d'alimenter toute la population. Il suffirait de creuser un puits à l'emplacement de l'ormeau. La pompe ne serait pas déplacée.
Après en avoir délibéré, le conseil ajourne l'examen de cette proposition et décide de poursuivre les travaux de curage du puits actuel pour sa remise en état.

Le 2 mai 1926, le conseil municipal de Larmor-Plage décide la vente par adjudication publique d'un terrain communal sur lequel se trouve l'ancien lavoir. Il s'agit d'une partie de la parcelle Toul man Glass section H n°1469 d'une contenance de 178,83 m².
Cet ancien lavoir est inutilisable, faute d'eau et son aliénation procurera des ressources à la commune.
La vente est fixée au 19 août avec une mise à prix de 7153,20 F.

Place de Larmor

 

Le 25 mai 1930, le conseil vote la somme de 3347,50 F pour la construction d'une conduite souterraine des eaux usées à effectuer de la pompe de la place publique de Larmor à la mer (rue du Port), soit sur une longueur de 85 mètres environ.

Le 25 août 1932 est signé un marché de gré à gré d'un montant de 3520 F entre le maire et M. Romancer, entrepreneur à Larmor, pour la construction d'un lavoir au village de Moustoir-Berhiet.

En 1934, le conseil envisage de construire un lavoir sur un commun dépendant du village de Quélisoy. Il serait alimenté par la fontaine toute proche mais les eaux polluées s'écouleraient sur un terrain appartenant à un propriétaire qui s'y oppose.
Le 8 juin, l'inspecteur départemental des services d'hygiène se rend sur place. Il conclut qu'il n'est pas possible de procéder à la construction d'un lavoir sans recourir à une expropriation en ce qui concerne l'évacuation des eaux usées.
L'établissement de ce lavoir est une nécessité, car à l'heure actuelle l'emplacement est souillé par les déjections des animaux qui viennent s'abreuver à cette fontaine.

Tout accord amiable avec M. Perron, propriétaire du terrain voisin, étant impossible, M. Russef va effectuer des recherches pour trouver un point d'eau propice à la construction du lavoir projeté.

Le 2 juin 1937, l'architecte Jasseron établit un dossier pour la construction de six lavoirs dont le coût total s'élève à 208 820 F.
                                                          Lavoir du Ménez                        61 480
                                                          Lavoir de Kerblaizy                    84 800
                                                          Lavoir de Kerhoas                     11 660
                                                          Lavoir de Kervaugam                19 080
                                                          Lavoir de Keramzec                  19 080
                                                          Lavoir de Fontaine-Puce           12 720
Considérant le petit nombre de lavoirs que la commune possède actuellement, le conseil adopte le devis présenté et s'engage à créer les ressources nécessaires au moyen d'un emprunt.
Le 21 octobre, le conseil général propose à la commune de répartir son effort sur 3 années. Il accorde une subvention de 24 000 F pour la construction des deux premiers lavoirs et invite la municipalité à voir si elle ne pourrait pas obtenir une subvention de l'état au titre de l'équipement rural.
La commission sanitaire de l'arrondissement de Lorient, puis le conseil départemental d'hygiène donnent un avis favorable au projet.

L'adjudication a lieu le 14 mai 1938 à la mairie. Six entrepreneurs ont soumissionné. Monsieur Bertagnolio, place de la République à Lorient, est déclaré adjudicataire avec le prix de 179 500 F.
Des travaux complémentaires aux lavoirs de Kerblaizy, du Ménez et de Keramzec pour un montant de 20 200 F lui sont confiés l'année suivante.

 

Adduction d'eau

Le 6 décembre 1925, après avoir décidé l'électrification de la commune, le conseil municipal de Larmor-Plage se penche sur l'adduction d'eau, également indispensable à son développement.
Le maire fait remarquer qu'il existe à la butte du Ménez un point d'eau pouvant alimenter la commune. Pour cela, il faut que la Société Bretonne d'Electricité consente à installer un pompage électrique.
Toutefois, le maire s'entretiendra avec celui de Lorient pour savoir à quelle condition la ville pourrait fournir l'eau à Larmor.
Par ailleurs, le conseil demande au préfet que l'étude sur la canalisation de Lorient à Kerpape soit faite de façon à permettre éventuellement le branchement de la commune dans des conditions satisfaisantes, en donnant à la canalisation un tracé voisin de la route de Lorient aux Quatre Chemins et en tenant compte de la modification nécessaire du diamètre des tuyaux.

Quatre ans plus tard, le 8 octobre 1929, monsieur René Guillaume, architecte, dresse un rapport sur l'aménagement de la station touristique et l'installation de l'eau.
Contrairement au projet initial, l'eau ne serait plus captée à Larmor mais fournie par la ville de Lorient.
Le branchement est prévu à "La puce qui renifle". La conduite franchira le Ter, maintenue extérieurement par des colliers contre la poutre maitresse est du pont de Kermélo.
Ultérieurement, lorsque Larmor se sera agrandi, un réservoir ou château d'eau de réserve sera envisagé au point culminant près des Quatre Chemins et creusé à flanc de colline.
Le réseau de distribution est limité au bourg de Larmor, aux villages du Ménez, du Kernével, de Kerblaizy, des plages de Toulhars et de La Nourriguel et sera développé ultérieurement selon les besoins.

Les lavoirs existants au Ménez, à Kerblaizy, à Locqueltas et à Keramzec sont maintenus et aucun n'est envisagé pour être alimenté par l'eau de la ville. Onze bornes fontaines à écoulement discontinu à levier avec raccord d'incendie sont prévues : 3 à Larmor, 2 au Kernével et 1 au Ménez, à Toulhars, à Kerblaizy, sur les plages de Larmor, de Toulhars et de La Nourriguel.
Le devis s'élève à 774 165 F.

Quelques jours plus tard, la commune approuve le projet, vote une demande d'avance de 450 000 F sur les fonds mis par l'état à la disposition des départements et décide de solliciter une subvention sur les fonds du Pari Mutuel. Elle vote également une imposition extraordinaire de 118,67 centimes en vue de l'amortissement sur 25 ans de l'avance de 450 000 F.

Le 7 novembre, le dossier est transmis au ministère de l'agriculture qui accorde la subvention du Pari Mutuel pour l'adduction d'eau potable.

Mais une complication apparait avec la ville de Lorient au sujet de la fourniture d'eau. En effet Larmor demande 100 m3 par jour, ce qui ne pose pas de problème. Par contre, Larmor étant une station balnéaire, la consommation sera très faible l'hiver et largement dépassée en été. Cette distribution apparait très désavantageuse à la ville de Lorient qui décide de fixer un abonnement forfaitaire trimestriel et une facturation au mètre cube de la consommation supplémentaire à un prix plus élevé.
Elle demande en outre à la commune de prévoir la construction d'un réservoir pouvant contenir deux jours de consommation.

Le 19 avril 1931, le conseil municipal de Larmor décide de construire le réservoir d'eau potable aux Quatre Chemins sur un terrain appartenant au Docteur Pedrono. La dépense totale est évaluée à 45 000 F.

Le 29 mai, la ville de Lorient fixe le tarif des prix de cession de l'eau à Larmor :

Deux semaines plus tard, la commune accepte ces conditions devant servir de base au marché à intervenir.

Le 15 novembre, le conseil donne son accord au projet final élaboré par l'architecte Guillaume. Le coût total s'élève à 1 151 500 F. Pour parfaire cette somme, il décide de souscrire un nouvel emprunt de 319 500 F et s'engage à inscrire chaque année au budget communal une imposition extraordinaire suffisante pour les annuités. Il demandera également une subvention sur les fonds du Pari Mutuel.

Début 1932, les dépenses engagées par la commune sont considérables :
                                                                             Eau                   1 081 500
                                                                             Réservoir               70 000
                                                                             Gaz                      685 650
                                                                             Egouts                  924 000

Mais le 25 juin, monsieur Perret, ingénieur en chef des ponts et chaussées adresse au préfet un long rapport remettant en cause l'ensemble du projet.
Nous regrettons d'avoir à présenter la conclusion précédente, tant par l'intérêt qu'attache la commune de Larmor-Plage aux travaux d'adduction d'eau que pour la personnalité même de l'auteur du projet. Mais, d'une part, le projet tel qu'il est présenté n'est pas suffisant et ne répond pas aux instructions ministérielles ; d'autre part, chargé du contrôle des travaux d'adduction d'eau, à un moment où les projets de ce genre doivent se développer dans le Morbihan, nous estimons que les projets doivent être dressés de telle façon que leur vérification n'oblige pas les ingénieurs à leur consacrer, comme dans le cas présent, un temps qui pourrait être plus utilement employé.
Nous proposons à monsieur le préfet de retourner le dossier ci-joint à monsieur le maire de Larmor-Plage en lui faisant part des observations précédentes.

AdjudicationFinalement, c'est près d'un an plus tard, le 4 mars 1933, que le préfet approuve les opérations de mise au concours et d'adjudication du projet d'adduction d'eau potable.

A la mairie de Larmor, le 27 mars, l'adjudication des travaux donne lieu à une tumultueuse bataille entre la fonte et l'acier à laquelle Yves Lepage prend une large part. Un représentant de chaque technique est entendu par le conseil qui s'assure également que les Tubes et Aciéries de la Sarre est bien une société à majorité française. Le conseil adopte l'acier par 6 voix contre 4. Les soumissionnaires sont alors introduits dans la salle. Les représentants de la fonte, écartés, manifestent violemment et promettent d'en référer au préfet. Néanmoins les 14 enveloppes du premier lot sont ouvertes : 11 pour la fonte, 3 pour l'acier.
Les Aciéries de la Sarre sont déclarées adjudicataires du premier lot concernant les canalisations pour le prix de 710 711 F bien qu'il y avait plusieurs offres à un prix inférieur avec des tuyaux en fonte. Elles s'engagent à livrer le premier tronçon jusqu'à l'église pour le 20 juin, et le second consistant en l'achèvement des travaux pour le 10 août.
Le deuxième lot relatif au réservoir en béton armé de 24,80 m sur 4,60 m et de 2,20 m de hauteur, d'une capacité de 200 m3 est enlevé par l'entreprise de Saint-Maurice à Kerjulaude en Plœmeur pour le prix de 44 500 F.

Suite à cette décision, M. Méleuc, conseiller municipal donne sa démission en signe de protestation.

 

 

 

Mais l'affaire n'en reste pas là. Par presse interposée, les différents partis se livrent à de vifs affrontements. M. Yves Lepage, quincaillier bien connu à Lorient et à Quimper, soupçonné d'avoir voulu défendre des intérêts personnels s'en défend longuement dans "Le Nouvelliste du Morbihan". Ce à quoi le maire répond en citant les textes officiels relatifs aux concours et adjudications.

Les conseillers municipaux Lepage, Méleuc, Evanno, Langard, Ruseff, Guillerme et Roperch qui s'estiment brimés et bafoués par M. le maire publient une affiche de protestation et font distribuer un compte rendu de la séance d'adjudication.
Contribuables de Larmor-Plage, lisez et faites lire ce compte-rendu pour savoir comment après les 50 000 francs gaspillés inutilement et encore bien malgré nous dans l'affaire de la "Pointe des Blagueurs", vous paierez 70 000 F de trop de travaux parce qu'en ont décidé ainsi, malgré nous, MM. Coutillard, maire, Fravallo et Penverne, adjoints, Chailloux, Derrien et Le Clanche, conseiller, qui à quelques mois d'intervalle, se sont déjugés parce qu'ils ont été subitement éclairés par les avantages des tuyaux d'acier !
Monsieur Chailloux, mis en cause, y va lui aussi de son communiqué auquel M. Lepage répond par une très longue mise au point. Le maire et les partisans de l'acier publient également une nouvelle note.
La société des Aciéries de la Sarre, adjudicataire mis en cause, se défend en affirmant être fournisseur de l'état français.
Monsieur Méleuc, conseiller démissionnaire, intervient à son tour et rappelle qu'avant le vote il comprit qu'il s'agissait moins de défendre des intérêts communaux que d'enlever une décision dont il faut chercher l'origine à une époque assez lointaine. Au mois de novembre 1931 où des représentants d'une firme "Tube d'Acier" nous furent présentés en session du conseil et comptaient se voir attribuer séance tenante la concession pour les travaux à exécuter à Larmor. Sur intervention de M. Lepage et aussi sur la mienne, la concession fut rejetée.

Finalement, Fernand Le Roy, préfet, homologue la décision du conseil municipal.

Le 7 mai, le conseil décide d'acheter à monsieur Guillerme un terrain de 145 m² situé sur la parcelle n°2216, section H, au sud des Quatre Chemins pour la construction du château d'eau. La vente se fera au prix de 10 F du mètre carré.

La construction du réservoir d'eau commence aux Quatre-Chemins courant mai et les travaux d'adduction le 31 mai. Il est fait appel aux manœuvres et terrassiers inscrits à la mairie pour se faire délivrer un bulletin d'embauchage.

A compter du 1er juin et jusqu'au 1er juillet, durée prévue des travaux, le préfet réglemente la circulation en établissant un sens unique pour aller à Larmor. De Lorient à Larmor, il faut emprunter diverses déviations et le retour vers Lorient se fait par la route normale.

Le 18 juin, le conseil décide d'établir deux branchements supplémentaires, l'un pour desservir Keramzec et l'autre vers Locqueltas.
Pour ce qui est des bornes fontaines également bouches d'incendie, il arrête les emplacements suivants :
                      - près des Quatre Chemins, soit près de la coopérative La Prospérité, soit aux abords immédiats du réservoir ;
                      - au Ménez, à l'entrée de la rue des Fontaines, sous le panneau du Crédit Lyonnais ;
                      - à Larmor, contre la pompe de la place de l'Eglise ;
                      - à Locqueltas, au pignon de la maison recrépie à neuf ;
                      - à Kerderff, contre le bâtiment en face de la bifurcation ;
                      - à Kerblaizy ;
                      - à Toulhars, entre le café Fogaras et la maison Le Guen ;
                      - au Kernével, contre la pompe de la place publique.
Soit au total huit, au lieu de onze prévues au projet.
Ensuite, le conseil décide d'augmenter le nombre de prises d'eau ou bouches d'arrosages par de nouvelles prises :
                      - A Larmor, une près des écoles, une boulevard des Touristes ;
                      - Plage de Toulhars, une deuxième ;
                      - Plage de La Nourriguel, une deuxième.

La pose de la canalisation progresse très rapidement et l'eau arrive à Larmor. Les habitants des villages écartés par la réalisation en cours se manifestent. Ceux de Lorient-Plage demandent que le réseau soit prolongé jusqu'à eux. Monsieur Le Darz demande qu'il soit étendu jusqu'à Kerguélen.
Le 13 juillet, la commission des eaux se prononce en faveur d'une deuxième tranche de branchements dans l'agglomération de Lorient-Plage et des Quatre Chemins à Kercavès.
Le 16 juillet, l'assemblée communale émet l'avis que le bénéfice de l'eau soit accordé aux principaux villages. Celui de Kervaugam ne serait pas intéressé. Mais pour éviter des récriminations ultérieures de la part des habitants, sur proposition de M. Edelin, il est décidé qu'il est préférable de demander aux habitants si oui ou non, ils veulent avoir l'eau.
Le même jour, le conseil fixe le prix des compteurs et des branchements, payés comptant, en cinq ans ou en location.
Pour la première fois, l'eau pure coule à flot le 24 août 1933 à partir d'une borne-fontaine installée sur la place de l'église, à côté de la vieille pompe communale.

L'inauguration du service d'eau a lieu le dimanche 17 septembre sous la présidence de M. Rio, sénateur, ancien ministre et en présence de M. Duran, sous-préfet. A 10 heures, ils sont reçus devant la mairie par le maire, monsieur Coutillard,. Après les compliments adressés par deux enfants, Pierre Le Vaillant et Ninette Romieux, musique des Forges d'Hennebont en tête, le cortège se dirige vers le boulevard des Touristes au bout duquel un magnifique jet d'eau surgit des tuyaux.
Banquet d'inauguration

Les invités se rendent ensuite au Royal-Glacier où est servi le vin d'honneur. Le banquet se déroule dans la grande salle du Celtic-Hôtel. De nombreuses personnalités de la région sont présentes.
Puis vient le moment des toasts et des discours.
Pour M. Coutillard, il importait que la commune de Larmor-Plage ne fût pas en retard sur le siècle qui l'a vue naître. Cette nécessité était d'autant plus urgente que, pour retenir et rappeler chaque année sur ses plages les touristes qui lui apportent la prospérité en retour de la santé qu'elle leur donne, il fallait que la commune de Larmor-Plage leur offrit, non seulement la grande tasse salée où ils se trempent, mais le verre d'eau fraiche à boire, et même plus prosaïquement, l'eau courante pour laver commodément leur vaisselle et leur linge.
Le sous-préfet souligne que de toutes les communes de l'arrondissement, Larmor est la dernière-née et que quand elle s'est séparée de Plœmeur, elle n'avait rien. Il résume tout ce qui a été réalisé depuis, concernant l'embellissement, l'amélioration des chemins, la voirie, l'installation de l'électricité et de l'eau.
Enfin, M. Rio montre l'importance de l'œuvre qu'on inaugure aujourd'hui. L'eau saine, abondante, mise à la disposition de tous ne pourra avoir que des conséquences heureuses.

Dans l'après-midi, la musique des Forges donne un concert sur la place et à 21 heures on tire un grand feu d'artifice sur la plage.

Le 20 décembre 1933, monsieur Coutillard, maire de Larmor signe avec Jules Le Grand, maire de Lorient, une convention pour la fourniture d'eau. Finalement, la ville de Lorient s'engage à fournir à Larmor une quantité d'eau qui ne pourra excéder 100 m3 chaque jour au prix de 1,50 francs le mètre cube. Le paiement sera effectué par trimestre d'après le relevé effectué au compteur.

Le 25 mars 1934, le conseil approuve le projet présenté par M. Guillaume, architecte, pour l'extension du service d'eau aux villages de Kercavès et de Lorient-Plage pour un coût de 79 170,50 F qu'il financera au moyen d'un emprunt et éventuellement d'une imposition extraordinaire. Le 17 septembre, M. Merlet, rue du Commerce à Vannes, est déclaré adjudicataire de cette tranche de travaux en proposant un rabais de 1%.
Le 30 septembre, le conseil étudie deux nouvelles demandes d'extension du service d'eau ; l'une sur le chemin V.O. n°2 jusqu'au lieu-dit La Barrière Blanche près le village du Bourrigo et l'autre vers l'usine d'iode de la société Le Goémon. Le devis s'élève à 27 562,69 F pour les deux. L'assemblée vote les deux projets.

L'exploitation du réseau d'eau potable s'avère déficitaire et la commune envisage la suppression de la source de dépense la plus importante : la consommation aux bornes fontaines. Alors qu'elles ne sont installées que depuis trois ans, le 20 septembre 1936, le conseil, considérant que certaines bornes ne servent que d'abreuvoir, au lavage du linge, arrosage des jardins, rinçage des costumes de bain en saison estivale… estime que la suppression de ces bornes ne peut gêner en aucune façon les habitants des quartiers visés, étant tous à peu près abonnés.
Cette décision est approuvée par le préfet le 12 décembre.

L'enlèvement des bornes fontaines, commencé le 1er juin 1937, pose de sérieux problèmes à nombre d'habitants qui saisissent le ministre de la santé publique de cette question. Plusieurs quartiers sont complètement privés d'eau potable par suite de l'insuffisance des canalisations qui ne desservent qu'une partie des endroits habités et de l'impossibilité d'établir tous les branchements demandés par les propriétaires.
La population de Larmor-Plage fait appel à votre haute et impartiale autorité pour obtenir de la municipalité :
              - Le rétablissement de toutes les bornes fontaines supprimées ;
              - La suppression des bornes fontaines seulement au fur et à mesure de l'extension des canalisations municipales ;
              - L'analyse rigoureuse de l'eau fournie par la commune qui, en certains points et à certains moments, semble impropre à la consommation.

Le 31 janvier 1938, des habitants du Bourrigo interviennent auprès du préfet pour que la borne fontaine située sur la route du Kernével qui doit être supprimée soit maintenue. La commune ne voulant pas effectuer les dérivations nécessaires sur la canalisation principale pour desservir les propriétés voisines, ils vont se trouver privés d'un élément des plus nécessaires.

Le 7 février, le maire arrête qu'une deuxième série de bornes fontaines seront supprimées à compter du 1er juillet. Il s'agit de celles du Bourrigo, de Keramzec, des Quatre Chemins, de Kervaugam et de Kercavès.

 

Le sous-préfet saisi de la pétition des habitants du Bourrigo rappelle au maire l'article 55 du règlement sanitaire départemental du 27 janvier 1938 qui précise que dans toutes les agglomérations desservies par une distribution d'eau potable, toute habitation devra y être reliée.
Le conseil municipal persiste dans son intention de supprimer les bornes fontaines, y compris celle du Bourrigo et se dit prêt à étudier toute demande d'abonnement au service d'eau.