Lorient-Plage

 

Le 24 juillet 1919 Me Parbeau, notaire à Lorient, rédige les statuts de la Société civile immobilière de Lorient-Plage dont le siège social est 30 rue Vignon à Paris. Elle est constituée entre :
- Polynice Artus, antiquaire à Nantes ;
- René Frugier, directeur des kaolins de Plœmeur, ingénieur des arts et manufactures, demeurant à Limoges ;
- Jules Labrasse, ingénieur géomètre à Paris ;
- Victor Poulain également ingénieur géomètre à Paris.
Cette société a pour but la revente en détail des terrains situés en bord de mer, apportés par messieurs Artus et Frugier. Elle est gérée par MM. Labrasse et Poulain.

La parcelle numéro 895 apportée à la société par M. Frugier lui appartient pour l'avoir reçue en 1918 en échange d'autres immeubles de madame Marie-Louise Fichau, cultivatrice, veuve d'Albert Le Chaton.

C'est à cet endroit qu'en août 1919, à grand renfort de publicité, dans le cadre d'un futur vaste ensemble touristique situé entre Locqueltas et Kerpape, la société Lorient-Plage lance la vente de 500 lots de terrain à bâtir.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

Devant l'empressement des acheteurs, la société décide de commencer le plus rapidement possible les travaux d'aménagement et de voirie. Une entreprise de construction de Paris propose des chalets à partir de 6000 F avec facilités de paiement.

 

Mais ces terrains sont situés dans l'axe du champ de tir de Kercavès et les efforts de la société "Lorient-Plage" auprès du Génie pour remédier à cette situation restent vains. En 1921, Monsieur Légonday propriétaire d'un lot sur lequel il a fait édifier une baraque qui se trouve en zone dangereuse intente un procès en annulation de la vente. Maître Normand, avocat Parisien qui défend la société argumente que si le tribunal prononçait la résiliation du marché, tous les autres acquéreurs formuleraient des demandes identiques. Le plaignant est finalement débouté de sa demande. Jugement confirmé en appel.

 

En 1924, un raz-de-marée endommage gravement la dune et la digue qui protègent les terrains du lotissement.

 

Le 9 janvier 1925 de nombreux propriétaires décident de former un "syndicat de défense de leurs intérêts communs". Le bureau est composé de : président M. Le Hervet, 37 rue de Larmor, secrétaire Le Masurier, 20 rue de l'Assemblée Nationale, trésorier Le Roy, 11 rue de Carnel. La cotisation annuelle est fixée à 5 francs.
Le 23 avril, les adhérents se réunissent et il est rendu compte des démarches entreprises auprès de MM. Labrasse, Poulain, Artus et Frugier, les promoteurs, afin d'obtenir des pierres pour exhausser la route traversant l'ancien étang de Kerderff et surtout pour que des dispositions soient prises pour permettre l'écoulement des eaux recouvrant les parties basses.
Ils apprennent que fin 1924, la "société Lorient-Plage" a été dissoute et que les terrains non vendus sont redevenus la propriété de MM. Artus et Frugier.

En septembre, "Le Nouvelliste du Morbihan" se fait l'écho des difficultés rencontrées à Lorient-Plage.
Nous ne rappellerons que pour mémoire les vicissitudes de propriétaires éblouis par le magnifique plan étalé sur tous les murs avec ses rues, ses avenues, ses places, son casino projeté, son rond-point. Hélas ! Un jour il fallut déchanter. Des cabanes s'étaient montées et voilà qu'on s'aperçut que des balles perdues venues de Kercavès tombaient de ci de là et qu'il y avait danger de mort. C'est que les promoteurs avaient oublié que les terrains se trouvaient dans la zone de tir, d'où les nombreux procès que nous avons signalés.
Le raz de marée de l'an dernier qui transforma les bas-fonds en fondrières donna le dernier coup.
Certains espèrent voir revivre la station balnéaire projetée, d'une part grâce à une protection efficace contre l'Océan, d'autre part par la suppression du champ de tir de Kercavès.

 

En mai 1926, le président du groupement des propriétaires informe l'assemblée des travaux réalisés pour assurer le développement de Lorient-Plage. La digue a été reconstruite et la dune renforcée. Des modifications ont été apportées à la canalisation permettant un écoulement rapide des eaux stagnantes dans les prairies basses et l'assèchement permanent des bas-fonds.

 

En 1927, le champ de tir de Kercavès est enfin fermé. Les constructions s'accélèrent, mais le développement de Lorient-Plage reste limité et l'ambitieux projet initial ne verra jamais le jour.

 


Plus récemment
En 1964, il est question de réaliser une Z.A.D, transformée en Z.A.C (Zone d'Aménagement Concerté) portant sur 180 hectares en achetant ou en expropriant les propriétaires. Mais c'est un échec. Puis le projet est réduit à 80 ha sans plus de succès car les prix proposés sont dérisoires.

Vers 1978, le SIVOM (Syndicat Intercommunal à Vocations Multiples) du Pays de Lorient décide de réaliser une base régionale de plein air et de loisirs sur les surfaces non bâties qui restent isolément inconstructibles au P.O.S de la commune. Le projet est déclaré d'utilité publique le 2 février 1979. Les propositions d'acquisition au prix de 3 F le m² sont notifiées aux propriétaires. Un arrêté préfectoral du 23 août 1982 déclare cessible au profit du SIVOM toutes les parcelles à exproprier.