Le chemin rural n°2 de Plœmeur à Kerguélen

 

En 1912, le service des améliorations agricoles établit un projet de réfection du chemin de Kerguélen dans la partie comprise entre la route de Kerpape (chemin vicinal ordinaire n°11) et Moustoir Kerguélen en passant par Quéhello-Congard. Les travaux à exécuter d'un montant estimé à 6500 francs, se composent de :
              terrassement sur une longueur de 2156 mètres ;
              empierrement de cette même longueur ;
              construction de 3 aqueducs dallés de 0,50 m sur 0,50 d'ouverture.
La largeur de la chaussée sera de 2,5 m, celle des accotements de 1 m de chaque côté, et celle des fossés de 0,75 m soit une largeur totale de 6 mètres.

Le 29 décembre, le conseil municipal reconnaissant la grande utilité de ce chemin demande qu'il soit classé comme chemin rural reconnu.

Pendant 3 jours à compter du 16 juin 1913 a lieu en mairie une enquête sur le projet d'élargissement et de redressement du chemin. Plusieurs personnes (Kerdelhué de Quéhello Congard, Montagner Jérôme, Kermagoret Jean-Louis et Maurice de Kerguélen, Picard de Kerguélen, Rio du Moustoir, Coëffic de Kerguélen) demandent que le chemin soit construit dans les plus brefs délais. Seuls 3 propriétaires (Mme veuve Esvan, Jeanne Louise Le Henanf et Mathurin Le Doussal) contestent le tracé dont ils demandent des modifications.
Joseph Kerneau, le commissaire enquêteur, est d'avis que les travaux soient exécutés le plus rapidement possible et que satisfaction soit donnée dans la mesure du possible à ceux qui demandent la modification du tracé.

De nombreux propriétaires devront céder du terrain pour construire ce chemin : les veuves Bienvenu, Bouger, Bouric, Le Coupanec, les communs de Quéhello-Congard et de Kerguélen, Darz, Guillerme, Le Guen Pierre, Le Henanff Jeanne-Louise, Le Montagner Jérôme, Vital

Ce chemin a-t-il été réalisé conformément au projet ? Nous l'ignorons. En effet le 18 décembre 1920, l'ingénieur en chef du Génie Rural consulté pour la reconnaissance du chemin rural n°2 déclare qu'il doit être construit comme vicinal et n'est donc plus du ressort de ses services.

 

 

Chemin de Keramzec à Toulhars

En 1889, M. Dumagnou, négociant demeurant au village de Toulhars sollicite du conseil le classement du chemin de Keramzec pour aller aboutir à son établissement de conserves alimentaires situé à Toulhars. Le 2 juin, le conseil à l'unanimité décide de classer le chemin en question.
Le projet concerne la partie comprise entre le village de Keramzec et la presse de Toulhars sur une longueur de 600 mètres. Mais de nombreuses plaintes émanant des habitants du quartier de Larmor contre ce projet, amènent le conseil à revenir sur sa décision du mois de juin et il refuse d'émettre un avis favorable.

En 1934, la future route longue de 53 m doit empiéter sur le terrain de 32 propriétaires. Alors que la plupart d'entre eux reconnaissent que le don d'une petite parcelle en vue de la construction de la route était suffisamment compensé par la plus-value acquise par le reste du terrain, 4 demeurent hostiles à ce projet. Des pourparlers sont nécessaires. Et finalement une enquête a lieu en mairie au mois de juin.
En début d'année 1935 le chemin de terre qui relie Keramzec à la pointe rocheuse de Toulhars est enfin rendu carrossable.

 

 

Chemin côtier de l'usine Bourgeois au fort de Locqueltas

Le 10 août 1891, monsieur Eugène Le Corno, pharmacien à Lorient, propriétaire des deux villas situées plage de Port-Maria, à l'est du Casino, demande au préfet l'autorisation de construire un trottoir le long de sa propriété bordant le rivage de la mer.
Le 7 octobre, le préfet l'autorise à occuper temporairement une partie du domaine de l'état. La portion occupée par le trottoir aura 21 m de longueur sur 1,50 m de largeur. Les extrémités de ce trottoir devront se raccorder avec le terrain voisin, de manière à ne former aucune saillie sur le sol.
L'administration se réserve la faculté de modifier ou de retirer l'autorisation si elle le jugeait utile sans que le pétitionnaire puisse réclamer aucune indemnité ou dédommagement. Il devra s'il en est requis faire rétablir les lieux dans leur état primitif.

Il doit payer à la caisse du receveur des domaines une redevance annuelle de 3,75 francs révisable tous les 5 ans.

                                                                         Collection personnelle

Ce trottoir construit par monsieur Le Corno devant chez lui constitue l'amorce de l'actuelle promenade de Port-Maria.

Mais la réalisation du chemin longeant la côte rencontre de nombreuses difficultés.

Le 26 janvier 1895, un arrêté municipal fixe les limites de la parcelle 1512 appartenant à Louis Romieux en laissant un passage de voiture au sud. Quelques mois plus tard, Romieux clôture la partie restante au sud de sa parcelle. C'est l'origine d'un nouveau conflit avec les voisins et la commune.

Le 26 juin 1898, devant les dépenses à engager, le conseil renonce à exproprier les terrains appartenant à mademoiselle Théauden ainsi qu'à M.M. Le Corre, Busson et Louis Romieux, pour y établir un passage public et terre-plein.

La même année, des habitants de Larmor réalisent une pétition protestant contre les prétentions de monsieur Romieux qui se dit propriétaire de la place au sel. Le 13 novembre, le conseil est d'avis, tout en conservant ses droits, de ne pas prendre part au différent existant entre monsieur Romieux et madame Levasseur.

Le 12 avril 1899 est jugée en appel l'affaire opposant Marie Deshaye, veuve Levasseur, à Aimé Louis Romieux, avocat. Interviennent également les propriétaires voisins Françoise Theauden, Eugène Le Bras, négociant, et Eugène Le Coupanec, avoué, ainsi que la commune de Plœmeur mise en cause, représentée par Raymond de Raime, son maire.

Ce terrain, jadis sous pâture, appelé "la grande parcelle sur le quai" dit "Peck Bras" ou "Place de la salaison" ou "Place au sel" n'était pas à l'état de place publique.

En tête RomieuxLes nombreux titres et documents produits par le sieur Romieux démontrent sa légitime propriété depuis 1811.
Le tribunal déclare Louis Aimé Romieux propriétaire de la grande parcelle dite "Parck Bras" et Place de la salaison portant les nos 1511 et 1512.
Louis Romieux mène un long combat pour obtenir le droit de protéger sa propriété de la mer par la construction d'un mur.

En 1902, le service des travaux hydrauliques de la marine établit une chaussée en contrebas de son mur, destinée à protéger le réseau des fils de la défense fixe qui relient Toulhars à Locqueltas. Elle constitue un large chemin sur lequel le public peut circuler.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Des habitants de Larmor font une pétition contre un passage que M. Busson vient de clore en bordure de l'une des plages en face des cales. Le 9 mai 1909, le conseil reconnait que ce terrain appartient à la commune, ce qui est inexact. Mais les choses en restent là.

Le 31 août 1913, le maire expose au conseil une demande des conseillers de la section de Larmor tendant à la création et au classement d'un chemin partant de l'usine Bourgeois et qui se terminerait au fort de Locqueltas.
Ce chemin comprendrait trois parties distinctes :
1° la partie comprise entre l'usine Bourgeois et l'extrémité ouest de la maison Morcrette, à l'endroit où aboutit le chemin conduisant à l'église ;
2° un chemin de plage entre l'immeuble Morcrette et le point terminus du chemin vicinal d'intérêt commun n°92 ;
3° un autre chemin de plage faisant suite aux deux autres et qui s'arrêterait au fort de Locqueltas.

Le conseil reconnait l'utilité de ces chemins, vote leur classement et prie le préfet d'inviter le service vicinal à procéder à son tracé pour éviter que les riverains à qui appartiennent certaines parcelles ne viennent à construire ou en bouchent le passage jusqu'ici toléré, n'en rendant la construction future très onéreuse et même impossible.
La réalisation du chemin dans sa première partie pose problème du fait des terrasses privées sur lesquelles il doit passer et dont le maire attribue un peu vite la propriété à la commune. Plusieurs procès donneront raison aux propriétaires riverains. C'est ce qu'il est convenu d'appeler "l'affaire de la Pointe des Blagueurs".

Le 1er avril 1928, dans une procédure engagée par la commune contre Suzanne Busson propriétaire de la parcelle 1515, le juge de paix de Lorient conclut que les terrasses des usines n'appartiennent pas à Mlle Busson.

Le 24 juin 1928, monsieur Coutillard, maire de Larmor-Plage dresse un procès-verbal qu'il transmet au procureur de la république.
Agissant dans le cas de flagrant délit, avons constaté que ce jour à deux heures de l'après-midi, passant accompagné de M. Chailloux, capitaine de la compagnie des sapeurs-pompiers de La Garenne Colombes, sur le chemin public dit "Pointe des Blagueurs" où stationnaient une cinquantaine de personnes au-devant de la propriété Busson, occupée par le sieur E Jannet armateur à Lorient, 28 cours des quais, une altercation assez vive s'élevait entre le sieur Jannet et le sieur Collin Achille, propriétaire à Larmor.
De cette altercation, nous avons entendu le sieur Jannet s'opposer au passage et au stationnement du sieur Collin sur le dit chemin.
Le sieur Collin nous ayant aperçu, nous a demandé de faire respecter le droit qu'il avait comme tout autre citoyen de circuler et de stationner, la circulation n'étant pas entravée.
Sur notre invitation au sieur Jannet d'obtempérer à cette demande, celui-ci répondit : "qu'il s'opposait à l'exclusion de toute autre personne à la prétention du sieur Collin et qu'il l'expulserait par la force si besoin est".
Voyant que cette menace allait être mise à exécution, nous avons défendu au sieur Jannet de mettre la main sur le sieur Collin, lui déclarant que de ce fait il encourait une grave responsabilité.
Le sieur Jannet nous répondit "qu'il passerait outre" et immédiatement, enjoignant à ses deux fils de l'aider, leur prescrivit de jeter hors le sieur Collin qui fut bousculé, trainé jusqu'à un escalier de descente où il faillit tomber.
Le sieur Collin tout en protestant est resté calme.
Attendu que ces faits constituent un attentat à la liberté individuelle sur un chemin public, accompagné de voie de fait et de violences sur une personne, le maire dresse ce procès-verbal.

 Le jeudi 9 août 1928 ont lieu des incidents à la pointe des Blagueurs. 

"En vertu d'une délibération du conseil municipal, le maire, M. Coutillard, envoie à 7 heures du matin une équipe de maçons pour procéder à des travaux urgents, à la pointe est des Blagueurs, sur un muret se trouvant en dehors des limites de la propriété Busson, sur un terrain communal, nullement litigieux.
Les propriétaires riverains, famille Jannet en tête, sont venus s'assoir et s'allonger sur le muret communal, mettant leurs mains et leurs pieds là où voulaient frapper les ouvriers, leur disant : "Si vous nous touchez, on vous casse la g….".
Devant cette obstruction, M. Penvern, adjoint au maire, téléphona à 8 heures à la gendarmerie de Plœmeur, pour obtenir la protection de la force armée.
Et les travaux furent suspendus.
M. Coutillard avisé arriva à 11 heures et, vers 14 heures, accompagné du garde-champêtre, du garde-plage et de deux gendarmes, se dirigea vers son chantier que les propriétaires riverains occupaient toujours.
Une foule évaluée à 300 ou 400 personnes s'était assemblée sur le quai et les cales de Larmor, et la comédie commença.
M. Jannet fils ainé se faisait remarquer par son audace, ainsi que M. Goulven, étudiant. Ce dernier, armé d'un gourdin, en menaça le garde-champêtre. M. Goulven fut le premier cueilli et conduit au violon municipal. Puis ce fut le tour des deux fils Jannet.
M. Jannet père arriva alors à la rescousse, flanqué d'un huissier, Me Le Naire, qu'il avait chargé de dresser un constat et de signifier à M. Coutillard, maire, l'appel interjeté contre l'arrêt du jugement rendu par M. Robert, juge de paix du 2e canton.

JanetCeci naturellement amena une nouvelle effervescence.
Devant l'attitude des protestataires, M. Coutillard et un capitaine de gendarmerie en villégiature à Larmor ordonnèrent l'arrestation immédiate de M. Jannet père qui sous les huées de la foule fut à son tour conduit au violon et relâché après que procès-verbal lui eut été dressé.
Les meneurs ayant été écartés, le travail put commencer normalement et continua de même.
La note gaie fut donnée par un cornet à piston dont jouait un virtuose, un sardinier qui se trouvait là par hasard. Il trouvait un air connu pour signaler toutes les phases de la lutte homérique. Ainsi, lorsque Mme Jannet s'étendit de tout son long sur le haut du parapet, le piston jouait : "elle a perdu son pantalon. . . "
Et lorsque M. Jannet père fut emballé, un joyeux : "bon voyage, M. Dumollet" salua son exode.
En résumé, les gendarmes appelés pour protéger les travailleurs durent surtout protéger les propriétaires riverains que la foule voulait écharper.
Grâce au sang-froid de M. le maire et de la gendarmerie cette bagarre qui aurait pu être sanglante, se termina par 4 arrestations non maintenues et 7 procès-verbaux pour entrave à la liberté du travail, menaces et voies de fait.
Par esprit d'impartialité et de justice, le journaliste du Nouvelliste demande à M. Jannet son appréciation sur ces incidents.
Ce terrain est-il, oui ou non, le terrain litigieux sur lequel a porté l'arrêt du juge de paix ?
"Oui, ce terrain est bel et bien le terrain litigieux. Dans son récent jugement, le juge de paix a donné raison à la commune. C'est entendu. Mais ce jugement qui ne nous a même pas encore été signifié, nous l'avons frappé d'appel. Les délais de droit n'étant pas épuisés, il n'est donc pas exécutoire.
La procédure légale, M. Coutillard y a passé outre. Nous avons voulu l'empêcher de commettre cette illégalité et voilà pourquoi nous avons essayé de nous opposer aux travaux décidé par le maire de Larmor."
"La foule, ameutée, m'a traité hier de voleur de terrain. Mais qu'ai-je donc volé ? Mais quel intérêt aurais-je donc à voler ? Je ne suis pas propriétaire, mais simplement locataire de l'immeuble de la pointe des Blagueurs.
Cet immeuble, je l'ai loué à Mlle Suzanne Busson. Mon contrat de location passé par devant Me Montrelay, trois ans avant sa mort, comporte également l'usage de la terrasse.
Cette terrasse, évidemment, je la savais grevée de servitude.
J'ai proposé à M. le maire de continuer, en ciment armé le passage de 1 mètre, permettant de circuler à marée haute, à condition que son conseil ne s'opposât point à ce que je clôture cette terrasse.
M. le maire m'a répondu que le conseil municipal émettrait un avis favorable à mon projet, mais seulement si je m'engageais à participer aux frais d'une chaussée de 4 mètres à une certaine distance de là. Cela me serait revenu à 30 000 francs environ. C'était réellement trop cher. Je ne pouvais pas adopter la suggestion de M. Coutillard. Aussi j'ai fait connaître qu'il m'était impossible d'y donner suite, mais que je persistais dans mon premier dessein. Ceci est la preuve que je n'ai jamais eu l'intention de fermer le passage, sans en donner un autre."

M. Jannet s'indigna ensuite contre l'arrestation arbitraire dont il a été l'objet et contre les violences exercées sur sa personne par ceux qui l'appréhendèrent. "Voyez, nous a-t-il dit, mon bras droit est couvert de bleus. C'est tout de même malheureux qu'on ose mettre un honnête homme, un homme de 60 ans dans cet état. . ."
Et l'honorable armateur de conclure : "je consulte aujourd'hui avoué et avocat. Pour lundi, j'aurai déposé une plainte en règle pour abus de pouvoir contre M. Coutillard, maire de Larmor."

Le 20 décembre 1928, le tribunal de Lorient se penche sur cette affaire. Il statue en appel du jugement du 1er avril contre demoiselle Busson, propriétaire du terrain litigieux et Jannet, locataire.
La commune de Larmor se dit troublée depuis moins d'un an dans sa possession plus qu'annale d'un prétendu chemin longeant la côte de la pointe des Blagueurs à l'église paroissiale. Elle avait fait ester Jannet locataire de la demoiselle Busson pour voir prescrire son maintien en possession et s'entendre Jannet condamner à faire cesser toute entrave à la libre circulation sur les lieux litigieux.
Le tribunal fait observer qu'il doit s'agir d'un trouble à la possession intervenu dans l'année précédant la citation du possesseur troublé et que la commune doit apporter la preuve de la possession du terrain situé entre la mer et la maison Busson et la preuve des troubles.
Attendu qu'un seul acte de trouble peut être retenu, à savoir l'expulsion par un fils Jannet d'un habitant de la commune qui y stationnait.
Mais cet unique fait de trouble n'est en réalité qu'un incident personnel dont les véritables causes échappent au tribunal et ne sauraient être considérées comme révélant chez Jannet l'intention d'interdire un passage.
Le tribunal reçoit l'appel, dit bien appelé, mal jugé et déboute la commune de Larmor de toutes ses fins et conclusions.

Le 25 septembre 1928, Joseph Busson et son épouse Joséphine Le Mestre demeurant à Larmor-Plage assignent monsieur Coutillard en sa qualité de maire devant le tribunal civil pour voir dire qu'ils sont propriétaires de la partie du terrain située entre la façade principale de la maison figurant au n° 1514 du cadastre qu'ils possèdent et le mur de protection contre la mer.
L'affaire est jugée le 20 décembre. Pour défendre leur cause, les époux Busson présentent le plan cadastral et leurs titres de propriété datés de 1818 à 1895, confirmant la possession immémoriale de cette partie de terrain par leurs propriétaires successifs.
La commune se défend en produisant un plan cadastral de 1905 et un fragment de lettre du directeur des contributions directes et du cadastre, paraissant falsifiée par l'addition manuscrite du mot "chemin".
Le tribunal statuant en premier ressort dit que la propriété des époux Busson est limitée au sud dans sa partie contestée par le mur bordant le rivage de la mer.
Ce jugement est confirmé par la cour d'appel de Rennes le 9 janvier 1932.

Le 20 décembre 1928 est également jugée une autre affaire opposant Marie Josèphe Bourlaouen, veuve de Jean Goulven et Françoise Théauden, au maire de Larmor.
En effet, monsieur Coutillard, maire, a entrepris de faire démolir un mur en pierres dont Goulven se prétend propriétaire. Le 25 mai M. Goulven avait fait assigner en référé le maire pour faire cesser les travaux. Il affirme que la terrasse de trouvant dans le sud de sa parcelle n°1513 séparant la façade de sa maison du mur longeant la mer lui appartient. en conséquence, il demande la reconstruction de ce mur clôturant sa propriété à l'ouest.

Les demandeurs présentent leurs titres de propriété datés de 1812 à 1922 dont le dernier précise : terrasse ou terre-plein au sud de la maison principale sur toute l'étendue de sa façade, allant jusqu'à la côte dont il est séparé par un mur en terre privatif. Ils précisent que le plan soumis au tribunal par l'avocat du défendeur ne révèle pas l'existence d'un chemin et que les lignes séparatives de leur parcelle comme de celles voisines, se prolongent jusqu'au mur longeant la mer.

Comme dans l'affaire précédente, la commune fait valoir une lettre du directeur des contributions directes et du cadastre, paraissant falsifiée par l'addition manuscrite du mot "chemin". Mais l'ancienneté du plan produit, l'altération du texte et surtout l'amputation d'une moitié de la lettre paraissent suspectes au tribunal. Il demande à l'avocat de la commune de produire la partie de la lettre supprimée ou d'en demander copie à son auteur. Il remet la partie de la lettre et un nouveau plan, ainsi qu'un mot expliquant que jusque-là, il avait inutilement cherché le fragment de la lettre détaché, mais que devant l'insistance du tribunal, il avait fini par le retrouver dans une chemise de résidus de dossiers où il l'avait égaré.
Un attendu précise que le premier fragment est rédigé d'une très nette et très lisible écriture alors que celle du deuxième fragment est à peine lisible et qu'on a manifestement cherché à l'effacer par un procédé chimique, sans aucun doute pour substituer un autre texte au texte existant et que c'est probablement parce que cette opération n'a pu être réalisée par suite de difficultés d'exécution qu'on a supprimé ce fragment de lettre.
En effet la copie de la lettre du directeur du cadastre stipule que la terrasse située au sud est bien la propriété des consorts Goulven. L'avocat de la commune a la déception de voir infirmer sa supposition par suite des manœuvres déloyales que la commune a employées.

Le tribunal conclut que c'est par un véritable abus de sa qualité de maire que Coutillard s'est permis de démolir le mur d'une propriété privée et de continuer les travaux commencés malgré une décision de justice, que sa mauvaise foi est d'ailleurs suffisamment démontrée tant par son attitude est es agissements depuis le référé du 25 mai que par les manœuvres ci-dessus relatées.
Il confirme aux consorts Goulven la propriété de la parcelle n°1513, y compris la terrasse et le mur situé au midi, condamne la commune à remettre les lieux en leur état primitif sous la surveillance de monsieur Nabat, architecte à Lorient, et la condamne à verser aux consorts Goulven la somme de 20 000 francs.
Ce jugement est confirmé par la cour d'appel de Rennes le 9 janvier 1932.

Un décret du 30 décembre 1932 déclare d'utilité publique l'ouverture d'une voie urbaine destinée à desservir la Pointe des Blagueurs. Devant les prétentions exorbitantes des propriétaires, le 25 mars 1934, le conseil municipal décide l'expropriation des terrains nécessaires. L'arrêté préfectoral du 5 avril 1934 ordonne une enquête qui est ouverte du 12 au 19 avril. Les propriétaires concernés sont les consorts Busson, Roger Le Port, nouveau propriétaire depuis le 27 mars des biens des héritiers Le Corre, les consorts Goulven-Théauden et Mme veuve Pasco.
Les sommes offertes pour indemnité de dépossession sont ainsi fixées :indemnités d'expropriation

Le produit de la taxe de séjour de 1934 est réservé à ces expropriations.
Finalement le 6 décembre 1934 un jury fixe les indemnités à :
          2200 francs à la veuve Pasco ;
       16 000 francs aux consorts Goulven-Théauden ;
       19 000 francs aux consorts Busson ;
       10 000 francs à Roger Le Port.

Le passage ainsi créé, reliant la Pointe des Blageurs au bas de la rue du Presbytère, sera dénommé Quai Bellevue en 1949.

 

Le 19 octobre 1935, la veuve Busson n'étant plus propriétaire du boulevard côtier situé le long de son immeuble renonce à la propriété de l'escalier qui le relie à la plage et pour lequel elle paie une redevance annuelle de 9 francs. La commune demande et obtient le renouvellement à son profit de l'autorisation d'occuper la partie du domaine public maritime correspondant à l'escalier, accordée à Busson en 1909.

 

En 1930, la commune envisage la construction d'un chemin dit " Promenade des Touristes" devant desservir le fort, le village et le poste photo électrique de Locqueltas. La dépense estimée s'élève à 37 500 F. Le conseil vote un crédit de 10 000 F, auquel s'ajoutent deux subventions de l'état et de la marine, ce qui porte à 21 200 F la somme dont dispose la commune. Le 22 septembre, prenant en considération la situation précaire des finances municipales et l'intérêt du projet le conseil général vote une subvention de 15 000 francs.

La construction d'un boulevard maritime est entreprise en 1931 sur le chemin faisant suite au chemin d'intérêt commun n°92. Mais le receveur des domaines informe la commune que le chemin serait fait sur les lais de la mer appartenant à l'état et que la cession doit être régularisée, ce que conteste le maire. En effet, à l'examen du plan cadastral, il ressort que le boulevard est construit sur la parcelle 1430 de la section H dénommée "Fournie Robinel", terrain vague, commun de Larmor. Cette parcelle longe tout le rivage depuis l'extrémité du chemin n°92 à l'est jusqu'au terrain militaire du fort de Locqueltas à l'ouest. 

 

 

Dans ces conditions, j'estime que le chemin fait partie de la parcelle 1430 et que sa propriété peut être revendiquée par la commune puisqu'il se trouve bien au-dessus du niveau de la laisse des hautes mers, écrit le maire.

Le sous-préfet inaugure la "Promenade des Touristes" le 19 juillet 1931, en même temps que le monument aux morts. Mais elle est interrompue au bout de la plage. Un mauvais chemin, rogné par l'action de la mer, la prolonge sur des terrains privés.

C'est vraisemblablement en 1936, que le chemin est rétabli et prolongé jusqu'au fort de Locqueltas.

 

 

 

Terre-plein pour autos à Toulhars

En 1935 un projet d'établissement d'un terre-plein pour autos à Toulhars voit le jour. Le cahier des charges dressé le 25 juin nous en donne la description suivante :
Plan Terre-pleinArt 1
Les travaux à exécuter comprennent :
1° la construction d'un mur de soutènement en maçonnerie ordinaire, sur une longueur de 19 mètres et une hauteur de 2 m, surmonté d'un garde-corps en béton de ciment ;
2° le nivellement du terrain compris en le chemin rural, le bâtiment de la société des conserves Billet et le mur prévu ci-dessus ;
3° l'empierrement du terre-plein.

Art 2
Le mur en maçonnerie sera établi en surélévation du mur actuel de défense contre la mer. . .
Art 3
Les travaux de terrassement consistent à amener le niveau du terre-plein à celui de l'accotement du chemin. Les emprunts de terre nécessaires pour combler le vide se feront dans un rayon de 500 mètres de l'ouvrage.
Le devis est évalué à 10.080 F.

Le 7 juillet 1935, le conseil décide également de prolonger le chemin de Keramzec à Toulhars jusqu'à la propriété Longepied.

Il faut attendre 1937 pour connaitre le résultat de l'appel d'offres.
                                            M. Romancer 9620 F
                                            Mme Vve Saillard 8075
                                            M. Fasola 7205
Le 15 mai 1937, monsieur Fasola informe le maire qu'à cause des hausses de prix sur les aciers et les ciments, il ne pourra exécuter le travail pour le prix convenu. Il chiffre l'augmentation à 870 F.
Le maire Louis Edelin lui répond fermement qu'il n'est pas possible de donner une suite favorable à sa demande. Si vous n'acceptez pas de signer le marché dans les conditions auxquelles vous avez souscrites, nous recourrons à une nouvelle consultation, mais j'aurai le regret de ne plus accepter d'offres de votre part pour le cas d'adjudications nouvelles.
Quelques jours plus tard, avec l'accord du service vicinal, le conseil décide d'entreprendre les travaux en régie sous son contrôle.

 

 

Le boulevard de Toulhars

 

 

Le 1er septembre 1892, Eugène Le Henaff demande l'autorisation d'occuper temporairement une portion du rivage pour établir une chaussée devant sa propriété pour lui faciliter l'accès du côté de la mer. Cette chaussée de 18 m de long et de 7 m de large serait soutenue par un mur en pierres sèches. L'autorisation préfectorale lui est délivrée le 26 novembre moyennant une redevance annuelle de 10,80 francs et l'obligation de permettre le libre accès à la circulation publique.


Cette chaussée constitue l'amorce du futur boulevard de Toulhars.

 

 

 

Le Bris

 

Vingt ans plus tard en 1912, madame veuve Le Bris demande également à construire un mur de clôture limitant une chaussée devant sa propriété pour en faciliter l'accès. Considérant que la chaussée à établir constituerait une amélioration dans cette partie où la circulation est difficile sur un sol sableux, l'autorisation temporaire d'occupation du domaine public lui est accordée moyennant une redevance annuelle de 6,18 francs.

 

 

 

Suite à des contestations entre certains riverains et le service des domaines, le 16 mars 1934 il est procédé à la délimitation du rivage de la mer sur les plages de Toulhars et de Larmor.

A quatre heures six minutes, heure de pleine mer à Port-Louis, la commission a commencé ses opérations à l'extrémité ouest de la plage de Larmor. Elle les a poursuivies sans interruption jusqu'à l'extrémité est de la plage de Toulhars. La commission a constaté que sur la plus grande partie de cette dernière plage, la mer venait baigner les murs des propriétés riveraines. Dans les parties des deux plages où il n'en était pas ainsi, des piquets en bois ont été placés sur le parcours de la ligne atteinte par les eaux, puis repérés par abscisse et ordonnée par rapport aux murs.

Ce n'est que le 15 mai 1940 qu'un décret du président de la République, Albert Lebrun, fixe la limite du rivage de la mer sur les deux plages.

En 1947, le maire expose au conseil que le plan d'aménagement de la commune prévoit la construction d'une promenade pour piétons dans le prolongement de la promenade existante, en bordure de la villa Marie-Louise, propriété de M. Aubert.
Le mur de clôture de M. Aubert étant détruit par fait de guerre, il serait opportun de réaliser simultanément la reconstruction du mur et la réalisation de la promenade. M. Aubert accepte de participer pour moitié dans les dépenses. Le montant des travaux à soumissionner s'élève en tout à environ 3 000 000 de francs. La commune couvrira sa part au moyen d'un emprunt. Le 24 avril, l'entreprise Delhommeau est déclarée adjudicataire pour un montant de 1 800 000 francs.
L'inauguration de la promenade a lieu le 6 septembre. Le même jour, M. Aubert à bord du Queen Mary écrit au maire : "Je vous demande, la prochaine fois que vous vous réunirez, de dire à tous mon souvenir fidèle. Je suis certain que nous avons fait œuvre utile et que le travail exécuté de façon si rapide et si satisfaisante offrira en bordure de la mer une route de communication vivement désirée pour relier par tous les temps les riverains de la côte. J'ai été particulièrement heureux d'y participer avec le désir ardent de réaliser de plus en plus le bien de la commune à laquelle nous sommes tous si profondément attachés."

 

 

Route côtière

En 1922, le préfet du Morbihan soumet au conseil municipal l'étude réalisée par le service vicinal consistant en la création d'une route côtière destinée à favoriser le développement du tourisme. Elle partirait de Lorient, longeant la côte sur le territoire de Plœmeur et de Guidel pour atteindre le bac du Pouldu et gagner ensuite Quimperlé par la forêt de Clohars-Carnoët.
Le conseil approuve le principe de la construction projetée, mais sursoit à statuer jusqu'après l'étude complète sur la contribution de la commune dans la dépense.