Premières écoles libres laïques

 

 

Des écoles de filles au Kernével ?
Un registre est ouvert en mairie de Plœmeur, destiné à recevoir les déclarations qui seront faites pour l'établissement et l'ouverture d'écoles libres.

C'est ainsi que le 3 octobre 1852, mademoiselle Pauline Marie Georgelin, institutrice à Vannes déclare à la mairie de Plœmeur son intention d'ouvrir une école libre de filles dans une maison sise au lieu du Kernével. A cet effet, elle produit un certificat de moralité délivré par le maire de Vannes daté du 27 septembre 1852 attestant qu'elle est de bonne vie et mœurs et est digne par sa moralité de se livrer à l'enseignement. Nous ignorons la suite qu'elle a donnée à cette déclaration d'intention.

 

Le 5 juin 1855, la veuve Debuire écrit au maire de Plœmeur : cédant à la concurrence, j'ai pris la résolution d'aller exercer mes fonctions d'institutrice au village du Kernével, maison de la veuve Rodas. Je doute d'autant moins de votre assentiment que ce fut toujours votre désir que je prisse ce poste.
Je suis avec le plus profond respect, Monsieur le Maire, votre très humble et très obéissante servante.

Les statistiques sur l'état et la situation des écoles ne font mention d'aucune école au nom de la demoiselle Georgelin, ni de la veuve Debuire. Nous n'avons donc pas la certitude que ces écoles aient fonctionné.

 

La première école libre de Larmor
C'est semble-t-il en 1857 que le village de Larmor est doté de sa première école. L'initiative en revient à Jean Pierre Simon, instituteur laïque qui ouvre une école libre de garçons.
Le 30 mars 1857, il déclare à la mairie de Plœmeur son intention d'ouvrir une école primaire libre au lieu de Larmor (maison Le Bert). Cette déclaration est affichée le jour même à la porte de la Maison Commune et nous permet de faire connaissance avec le futur instituteur.

Jean Pierre Simon né le 7 juillet 1821 à St Pierre de Quilbignon (Finistère) a 26 ans au moment de sa demande et est pourvu du brevet de capacité délivré par le recteur de l'académie de Rennes le 2 mars 1843. Il a déjà occupé 3 postes d'instituteurs dans le Finistère :
                       - du 15 avril 1843 au 10 janvier 1845 à Landevennec ;
                       - du 10 janvier 1845 au 28 juillet 1850 à Camaret ;
                       - du 29 juillet 1850 au 25 mars 1857 à Brasparts.
La démission de son poste à l'école de Brasparts est acceptée par le préfet du Finistère le 15 mars 1857.
Le 19 avril, le maire de Plœmeur adresse au préfet un dossier comprenant :
1° copie de la déclaration faite à la mairie le 30 mars 1857 au pied de laquelle se trouve le certificat constatant la visite et l'acceptation du local de l'école ;
2° l'acte de naissance de l'instituteur ;
3° son brevet de capacité ;
4° le certificat d'affiche ;
5° les originaux des certificats attestant le temps pendant lequel il a exercé dans d'autres communes ;
6° les récépissés de M. le préfet et de M. le procureur impérial.

Le 13 mai, le sous-préfet de Lorient informe le maire de Plœmeur que le préfet ne s'oppose pas à l'établissement de cette école.

Elle est ouverte dans un local appartenant à Michel Le Bert, situé sur les parcelles H1481 et H1482, c'est à dire à l'emplacement de l'actuelle mairie.

Jean-Pierre Simon applique la méthode d'enseignement simultanée. Il accueille 23 élèves garçons payants. Sa rétribution est de 1,75 francs par mois et par élève. Dans le registre "Etat et situation des écoles" de 1858, la tenue de son établissement est qualifiée de "passable" et l'appréciation sur l'instituteur est "assez bien".

 

 

L'existence de cette école à Larmor aura été de courte durée puisque le 10 septembre 1858, M. Simon fait part au maire de sa décision de fermer son école à compter du 15 pour aller habiter à Lorient.
Le même jour, il alerte le maire sur le cas de deux élèves que madame Chateney, épouse du directeur des Travaux Hydrauliques du Port de Lorient, lui a confiés pour leur faire suivre l'école.
Il s'agit de Pierre Louis Gouhir fils d'Antoine et de feue Marie Françoise July, du Ménez dont le père est marin et gagne tout au plus pour sa subsistance à lui seul.
Le second se nomme Charles René Colcanap, enfant d'hôpital, orphelin de feu François Marie Colcanap et de feue Marie Catherine Corn.
Ces malheureux enfants sont placés chez Jacquette Esvan, veuve Jacob, au Ménez.
Pierre Louis Gouhir a six ans passés et ne sait encore que ses lettres. Charles Colcanap sait lire et commence seulement à écrire ; il a huit ans et demi.
Puis Jean-Pierre Simon demande qu'ils soient admis comme élèves gratuits à l'école du Bourg de Plœmeur. Cette Bonne Dame qui tient à ce qu'ils suivent l'école communale, se propose de payer la rétribution qui sera affectée à chacun d'eux, par trimestre et à l'avance.

 

D'autres écoles privées ?
En 1861, il devait exister deux écoles libres à Larmor, l'une au bourg et l'autre au Kernével, puisque le maire de Plœmeur en fait état pour refuser l'ouverture d'une nouvelle école de filles.

 

1868 L'école de Mlle Le Conquer
En 1868-1869, il existe une école libre laïque mixte dirigée par Isabelle Le Conquer jeune fille âgée de 20 ans, née à Plœmeur. La première année elle reçoit 24 élèves, 6 garçons et 18 filles, tous payants. L'année suivante elle a 55 élèves dont 7 qu'elle reçoit gratuitement.
En 1872, en reconnaissance de son travail auprès des enfants indigents, la commune lui verse une subvention de 100 francs.
Lorsque l'école publique des garçons ouvre ses portes, elle perd tous ses garçons et n'a plus que des élèves filles dont le nombre varie entre 30 et 40 selon les années, pour moitié reçues gratuitement.
Nous ignorons où se situait cette école, mais la maison est qualifiée de "non convenable" et la tenue de l'école de "mauvaise". L'appréciation portée sur cette institutrice n'est pas très élogieuse : Moralité et tenue bonnes, capacité et zèle médiocres, peu de résultats, considération et relations bonnes.
Cette école a fonctionné au moins jusqu'en 1874-1875.

 

1876 L'école de Mlle Mignon
Au recensement de 1876, on relève la présence d'une demoiselle Marie Mignon, institutrice âgée de 22 et deux ans plus tard, un rapport de la commission des écoles fait mention d'une école de filles tenue par mademoiselle Mignon ayant 30 ou 35 enfants, mais nous n'en avons trouvé trace nulle part ailleurs.

 

1878 L'école de Marie-Anne Théauden
Après le départ d'Isabelle Le Conquer et de Marie Mignon, c'est Marie-Anne Théauden qui prend en main une nouvelle école libre laïque qui tient lieu d'école publique. Elle est réservée aux filles, vraisemblablement les mêmes élèves que ses prédécesseurs. Nous ignorons l'emplacement de cette maison d'école.

Marie-Anne Théauden née à Larmor le 12 septembre 1849 a une sœur jumelle Françoise. Elles sont filles de François, presseur de sardines, et de Marie Magdeleine Bourlaouen et demeurent sur l'actuel quai Bellevue où se trouve la presse familiale.
Marie- Anne est titulaire du brevet, obligatoire pour enseigner, et a un an d'expérience quand elle exerce à son compte lors de l'année scolaire 1878-1879.
En 1886, elle sollicite de la municipalité une gratification pour les élèves indigentes qui fréquentent son école mais ne reçoit qu'un refus.

Officiellement, la tenue de son école est qualifiée de médiocre ou d'assez bonne selon les années.
En 1879 les observations la concernant précisent : Institutrice morale, assez capable, très zélée, active, estimée, a de bons rapports avec les autorités.
En 1888 par contre elle est : Assez capable, peu méthodique, peu zélée, et a de bonnes relations.
Le nombre de ses élèves varie entre 35 et 60, âgées de moins de 6 ans à plus de 13 ans, la plupart payants, mais toutes dans une seule classe.
Elle dirige son école jusqu'en 1889, année d'ouverture du groupe scolaire public. Elle renonce alors à son école et part enseigner dans ce nouvel établissement.
Il n'y a maintenant plus d'école libre à Larmor.