La presse Galabert au Kernével
Le 21 mai 1707, Geneviève Grillon vend une presse à sardines située au Kernével à Jacques Pesron de Port-Louis, époux de Jeanne Le Moing.
Après le décès de leur père en 1729, ses enfants en deviennent propriétaires.
Le 26 avril 1751, son fils Jacques Théodore Pesron, pour satisfaire à l'édit du Roi de mai 1749, déclare posséder une presse à sardines et une petite maison au village du Kernével héritées de la succession de ses parents, qu'il loue par bail verbal.
Le 27 juin 1798, Jacques Pesron, fils du précédent, demeurant à Brest vend à Louis François Galabert un terrain et fond d'héritage situés au Kernével pour la somme de six mille francs. Il s'agit en particulier d'une presse, magasins, logements divers et une cour au milieu appelés "la presse d'en haut" ainsi que d'un magasin à sardines au levant des édifices de Frapper appelé "la presse d'en bas".
A la requête de Auguste Louis et Charles Félix Galabert tous deux négociants à Lorient, fils du précédent, contre leur mère il est procédé le 6 juin 1827 à la vente judiciaire de cette presse composée principalement d'un beau magasin à saler avec une petite cour près le rivage de la mer, d'une maison attenante à la presse et d'une pièce de terre dite le grand jardin, dans laquelle se trouve un puits, le tout valant de revenu avec les ustensiles environ six cent francs.
Elle est adjugée à Me Lagillardaie pour le compte de Julien Augustin Benjamin Eluère, fabricant de sardines demeurant à Larmor au prix de six mille deux cent francs.
Julien Eluère né à Nantes en 1781, est l'époux de Louise Elisabeth Le Breton. Il décède à Larmor le 12 septembre 1829, âgé de 48 ans.
Antoine Julien Juette négociant à Nantes devient propriétaire indivis de la moitié de la presse.
Le 3 mars 1830, moyennant la somme de sept mille francs, Julien Juette cède sa part à Louise Le Breton. Il s'agit d'un beau magasin à saler avec une petite cour près du rivage de la mer, d'une maison attenante à la presse avec la moitié des meubles et effets mobiliers y étant.
Veuve, Louise Elisabeth Le Breton épouse en secondes noces Antoine Gréciet, écrivain, le 13 octobre 1830 à Port-Louis.
Il en devient propriétaire en sa qualité de donataire universel de son épouse décédée le 18 septembre 1831 au Kernével.
Le 12 juillet 1833, il cède à Julien Michel Le Grand, préposé des douanes à Plouhinec, une presse à sardines au Kernével composée de deux corps de bâtiments distincts et séparés et dont l'un, celui où le poisson se reçoit lors de son arrivée est plus rapproché que l'autre de la mer. Cette presse consiste en maison d'habitation et logement divers, magasins, cour et jardin.
Les ustensiles :
Un vieux billard établi dans l'une des salles de la maison principale, avec les billes, queues et tout ce qui peut en faire partie.
Cette vente est faite pour la somme de onze mille francs.
Le 15 octobre 1841 Laurent Auguste Macé en devient adjudicataire pour 4000 F.
Après l'extinction de trois feux successifs sans enchère, monsieur Laurent Auguste Macé, négociant à Molde en Novège a offert une somme de mille francs. Monsieur Gillet, négociant demeurant au Kernével a offert quinze cent francs, le dit sieur Macé trois mille francs, le dit sieur Gillet trois mille cent francs et monsieur Macé une somme de quatre mille francs. Cette bougie éteinte et trois autres allumées sans qu'il y ait eu d'enchère nouvelle, Laurent Auguste Macé est déclaré adjudicataire.
Le 17 janvier 1842, Laurent Auguste Macé cède son usine du Kernével à Jules Paul Marie Stanislas Bonhomme, fabriquant de conserves alimentaires à Nantes.
Rapidement, c'est la faillite et le 18 juin 1845, on procède à la vente judiciaire de son usine de sardines située au Kernével. Le cahier des charges établi pour la circonstance en donne une description très détaillée.
Cette usine située au lieu nommé le Kernével, sur le bord de la mer est un établissement destiné spécialement à la fabrication des conserves de sardines. Elle se compose de vastes corps de bâtiments bornés au nord par une petite ruelle derrière laquelle se trouve une caserne destinée aux douaniers, à l'est et à l'ouest par un chemin et au sud par la grande place du village de Kernével au-delà de laquelle est la mer. Elle occupe une superficie de treize ares vingt-trois centiares.
Le rez-de-chaussée comprend une vaste cour fermée dans une portion de ses parties nord et sud par des clôtures en planches, le reste en maçonnerie. L'entrée de cet établissement est dans la partie est. A gauche de la cour se trouve la maison d'habitation. Elle se compose d'une cuisine au rez-de-chaussée avec cheminée. Elle a sortie sur la cour par une porte au nord et se trouve éclairée par une croisée ouvrant sur la grande place du Kernével. Cette cuisine communique par une porte intérieure à l'ouest à une autre pièce servant de salle à manger, également éclairée par une croisée ouvrant sur la grande place. Il se trouve dans cette pièce une porte à l'ouest pour communiquer à l'atelier de ferblantier.
A droite de la porte d'entrée, dans la cuisine se trouve un escalier en bois conduisant à deux chambres supérieures éclairées, la première par deux ouvertures sur la cour et une sur la place ; la seconde par une seule ouverture donnant sur la cour. Ces deux chambres ont chacune une cheminée.
A l'est de la cuisine est adossé un hangar construit en planches et couvert de tuiles.
Au nord-est de cette grande cour, trois cabinets d'aisance et à l'est un poulailler.
A l'ouest de cette cour, se trouve un grand portail donnant accès à une deuxième cour où se trouve l'établissement de la fabrication. Les hangars couverts supportés par des piliers en maçonnerie font le tour de la cour dans ses parties est, sud et ouest.
Au nord de cette deuxième cour est le laboratoire. Dans le laboratoire se trouve un bouilleur de forme cylindrique ou grande chaudière en fonte, recouverte en briques et en maçonnerie ayant son foyer au midi. Il est destiné à mettre en ébullition plusieurs autres chaudières au moyen de tuyaux conducteurs. Deux fourneaux de quatre trous chacun sont placés à l'est et à l'ouest de ce bouilleur pour la cuisson des sardines. Le bouilleur est garni d'un manomètre et d'un niveau d'eau.
Au nord-est du laboratoire est une grande cheminée d'environ quinze mètres d'élévation. Au joignant est un caléfacteur en briques et en maçonnerie destiné à passer les boites à l'ébullition. Au nord de ce dernier, se trouve un escalier en bois renfermé par une cloison en plancher et communiquant à un grand grenier construit au-dessus du laboratoire. Ce grenier dont le sol est en plancher sert de magasin. Il est éclairé par une croisée ouvrant au levant sur la première cour.
Dans le laboratoire, sont trois grandes tables montées sur des tréteaux ayant chacune un mètre vingt-neuf centimètres de largeur sur six mètres quarante-trois centimètres de longueur et soixante-quinze millimètres d'épaisseur, plus deux autres placées de chaque côté du bouilleur, montées également sur tréteaux ayant chacune six mètres dix-huit centimètres de longueur sur quatre-vingt-sept centimètres de largeur et trente-trois millimètres d'épaisseur. Il existe encore une autre table joignant l'atelier de ferblantier, ayant trois mètres quarante-six centimètres de long sur quatre-vingt-quatorze centimètres de large et trente millimètres d'épaisseur, et une autre joignant les deux chaudières ayant deux mètres quatre-vingt-dix-sept centimètres de longueur.
Au sud-ouest du laboratoire, sont deux chaudières garnies en tôle à l'intérieur avec grillage en fer surmontées de leur couvercle également en tôle, le tout garni dans leur pourtour de briques en maçonnerie.
A l'est du pilier ouest et non loin de la chaudière se trouve une pompe aspirante et foulante destinée à alimenter les dites chaudières et le bouilleur au moyen de tuyaux de communication souterrains et placés à l'intérieur du mur ouest du dit laboratoire. Tous les tuyaux ont des robinets en cuivre.
Au centre de la deuxième cour dite de laboratoire, se trouve un puits creusé à la profondeur de huit mètres.
Au sud de cette deuxième cour se trouve l'atelier des ferblantiers où se fabriquent les boites destinées à contenir les sardines. On communique à cet atelier par deux portes vitrées ouvrant sous le hangar et donnant sur la cour du laboratoire. Cet atelier dont le sol est en plancher est éclairé par quatre croisées ouvrant sur la place du Kernével. Le plafond est aussi formé par des planches. Il y a une cheminée dans la partie du nord-ouest. Quatre établis en chêne dépendent de cet atelier. Au joignant à l'ouest de la cour du laboratoire se trouve un grand magasin désigné sous le nom de la salorge. On y communique par une porte placée sous le hangar et ouvrant sur la cour du laboratoire. Ce magasin est éclairé par trois croisées garnies de barreaux de fer et ouvrant sur le chemin. Le sol est pavé et le plafond formé de planches et de soliveaux.
Au-dessus du magasin de la salorge se trouve un grenier éclairé par une croisée et deux meurtrières ouvrant sur le chemin. Le sol de ce grenier est en planches. Au joignant au sud est une chambre à cheminée avec cabinet. La chambre dont le sol est en planche est éclairée par deux croisées, l'une ouvrant sur le chemin à l'est et l'autre au midi sur la place du Kernével. Le cabinet est éclairé par une croisée ouvrant sur la cour du laboratoire.
Au sud de la salorge se trouve le magasin à sel. On y pénètre par une porte intérieure ouvrant sur la salorge.
Au sud-est de l'établissement du Kernével et à environ quarante mètres dans cette direction, se trouve une maison séparée de cet établissement qui sert de magasin à l'huile nécessaire à la fabrication des conserves. Cette maison est composée d'un rez-de-chaussée ayant faux grenier au-dessus. Elle se compose d'une cour au nord ayant partie sur un chemin, au joignant à l'est est une petite chambre avec cheminée. Elle est éclairée par une porte au levant, le sol est en planches. C'est au-dessus de cette chambre que se trouve le faux grenier. Le magasin à l'huile est construit en forme de hache. Il est éclairé par deux portes l'une ayant sortie au nord sur la cour et l'autre au levant sur la grève.
Cette propriété est bornée au nord par un chemin, à l'est et au sud par la grève, à l'ouest par la maison Fraper. Sa contenance est de deux cent dix-neuf mètres. Tous ces bâtiments sont construits en pierres et couverts en ardoise et en tuiles ainsi que le matériel qui s'y trouve pour la fabrication des conserves de sardines seront vendus sur la mise à prix de vingt mille francs.
Ne trouvant pas preneur au-dessus de 20 000 francs, la vente est autorisée au-dessous de la mise à prix. Finalement elle a lieu le 16 juillet 1845. Baillergeau et Naudin, négociants en société à Nantes et P. Ciret François Ainé et Baudot Ducarrey également de Nantes, sont déclarés adjudicataire pour la somme de 15 100 francs, chacun pour la moitié.
Le 26 octobre 1857, ils revendent à Guihery Deslandelles et Cie de Nantes pour la somme de 12 274,88 francs. Deux ans plus tard, cette même société achète aux enchères pour 5000 F la maison dite des "maison des ouvriers" située en face de l'usine, quatrième lot de la succession d'Auguste Gillet.
En 1872, Coralie Guillerme, veuve de Jean Rayet propriétaire de la presse de Locqueltas, est la gérante de l'usine de Kernével.
En 1876, Achille Guillerme, frère de Coralie, est contremaitre. En 1881, on le retrouve en qualité de gérant.
En 1899, Gustave Pereire est propriétaire de l'usine. Le 4 avril, son directeur Achille Guillerme demande l'autorisation de prolonger un conduit existant depuis 1877 dans le sous-sol de la plage et servant à l'écoulement des eaux de son usine jusqu'à la laisse des basses mers, ceci afin d'éviter que l'écoulement se fasse, une partie du temps, à l'air libre.
Le 17 juillet le préfet lui délivre l'autorisation sollicitée moyennant une redevance annuelle fixée à 1,25 francs.
Après une courte maladie, Achille Guillerme décède à 56 ans à son domicile dans la nuit du 28 au 29 octobre 1905. Frappé de congestion, on le trouve étendu sur le plancher de sa chambre. Depuis quinze ans il était conseiller municipal de Plœmeur. Il était également le président de la Société des Chaloupes Automobiles récemment créée pour établir des relations régulières entre Kernével et La Perrière.
A ses obsèques, M. Le Frapper, premier adjoint au maire de Lorient prononce son éloge funèbre.
Son gendre Stanislas Haloche, 31 ans, originaire des Sables d'Olonne lui succède. En 1911, 9 boitiers, 2 contremaitres et 1 manœuvre sont recensés comme étant employés chez Haloche.
Le 19 juillet 1919, un sérieux accident se produit dans cette usine dirigée par M. Plisson. L'explosion d'une chaudière provoque de graves brûlures sur tout le corps à quatre personnes se trouvant dans la salle des machines. Elles sont conduites à l'hôpital Bodélio par une automobile mise à leur disposition par M. Ouizille. Mademoiselle Eugénie Matelot est la plus grièvement atteinte. C'est la fille du gardien du phare de Kerdonis à Belle-Ile, décédé subitement à son poste en 1911, et qui assura le service à sa place avec son petit frère.
Elle décède quelques jours plus tard.