Articles extraits du

Nouvelliste du Morbihan

 

 

15 février 1910
Une pendue au Kernével
Depuis quelques temps, Mme Bourlaouen âgée de 54 ans et qui habite au Kernével, donnait des signes de dérangement cérébral.
Vendredi après-midi, sa fille Mlle Bourlaouen, voulant pénétrer dans l'appartement, trouva la porte fermée à clef.
Inquiète, elle alla chercher en hâte un forgeron qui força la serrure. Dans la chambre, on trouva Mme Bourlaouen pendue à l'espagnolette de sa fenêtre.
Tous les soins pour la ramener à la vie ont été inutiles.


27 mars 1910
Un coup de poing de 500 francs
C'est un coup de poing de ce prix que M. Guillerme de Quéhello, a reçu dimanche soir aux Quatre Chemins de Larmor.
Il rentrait à son domicile, quand il rencontra un groupe de quatre jeunes gens qui lui cherchèrent querelle.
L'un d'eux, un marin bondit sur lui et le frappa au visage d'un tel coup de poing, américain ou autre, que M. Guillerme eut l'œil gauche complètement tuméfié et une profonde balafre descendant du front à la joue.
Il porta plainte. Le matelot revenu à des sentiments plus pacifiques envisagea tous les ennuis que pourrait lui attirer cette aventure.
Des pourparlers s'engagèrent sur la valeur du coup de poing. Finalement l'accord s'établit à 500 francs que versa au plaignant le matelot boxeur, moyennant que la plainte fût retirée.
Il pourrait se faire cependant que le quatuor batailleur ne soit pas encore au bout de ses peines, car une autre plainte a été déposée par M. Vi dont les énergumènes voulaient forcer le débit.


27 octobre 1910
Poids et mesures
La vérification des poids et mesures aura lieu dans l'ordre et aux dates ci-après :
Jeudi 27 chez M. Edelin débitant, de 10 h à 11 h ½ pour ceux de Larmor, Locqueltas;
Au débit de tabac de Kernével de 8 h ½ à 9 h ½, pour ceux de cette localité.

 

6 novembre 1910
Un pendu à Quéhello-Congard
Un cultivateur du village de Quéhello-Congard, en Plœmeur, Jérôme Le Guennec, a été trouvé pendu à son domicile.
La malheureux Le Guennec, veuf depuis quelques mois paraissait atteint de troubles cérébraux et c'est sans doute dans un accès de neurasthénie aiguë qu'il s'est livré à son acte de désespoir. Il était âgé de 65 ans.


4 décembre 1910
Conférence en breton
Dimanche prochain, 4 décembre, à 2 h ½ de l'après-midi, salle Morvan, Loeiz Herrieu parlera en breton sur l'utilité pour les Bretons de rester Bretons.
Des chansons bretonnes seront chantées et vendues.


15 mai 1911
Un pendu à Larmor
Impatient du retard (pris à une réunion du comité d'action démocratique et sociale) de l'ouverture de la pêche et par suite du manque de travail dans les usines, l'ouvrier soudeur Scanvic, désolé de voir la misère ne pas vouloir déserter son foyer, a mis fin à ses jours en se pendant.
Le désespéré, qui s'était marié à Guidel, était âgé de 55 ans.
Mme Scanvic s'était rendue hier à Lorient, où elle assista à un enterrement.
C'est à son retour qu'elle trouva son mari pendu à un chevron de son grenier.
Elle a trois enfants dont l'un se trouve à Paris.

 

21 mai 1911
Un pendu à Larmor (Suite)
Nous avons relaté le suicide de l'ouvrier soudeur Scanvic. Les premiers bruits avaient attribué à la misère cet acte de désespoir.
Or, l'un de ses enfants nous écrit pour nous dire qu'il n'en était rien parce que Scanvic avait trois enfants à Paris, et que ceux-ci suffisaient largement aux besoins de leurs parents.
Il faut attribuer la fatale résolution de l'ouvrier soudeur à un accident de travail, survenu il y a un mois environ, et à la suite duquel le pauvre homme ne jouissait pas par instant de la plénitude de ses facultés mentales.


20 juillet 1911
Double sauvetage à Larmor
Le 13 juillet vers 4 heures de l'après-midi, les baigneurs et les promeneurs de Larmor ont été vivement impressionnés par la scène suivante :
Deux gamins se baignaient à Larmor quand l'un d'eux, à bout de forces, pousse un cri d'alarme. Aussitôt le quartier-maître Picher se jette à l'eau, suivi du jeune Le Meur, élève de l'école primaire supérieure. L'enfant est sauvé, mais le second baigneur, Eugène Le Corre, qui se trouvait plus au large, près d'un remous dangereux, impressionné par le danger couru par son camarade, coula à pic.
Il allait périr quand Le Meur, sans quitter ses vêtements déjà alourdis par l'eau, se lança de nouveau à la mer. Il fut assez heureux pour saisir Eugène Le Corre et le ramener à terre au prix de mille dangers.
Une foule de plus de cent personnes qui avait suivi avec émotion les péripéties de ce double sauvetage, fit au jeune et courageux Le Meur, une ovation méritée. Un témoin.


23 juillet 1911
Le tournant dangereux du pont de Kermélo
Hier au soir, vers 6 heures, trois jeunes filles revenaient de Larmor et descendaient vers le pont de Kermélo, pédalant l'une derrière l'autre.
A ce moment, deux charrettes, suivant la même direction, étaient engagées sur le pont.
La première des cyclistes freina à temps et put s'arrêter au bas du tournant si dangereux qui aboutit au pont ; mais les deux autres avisées trop tard, et lancées en vitesse, vinrent culbuter sur le mur de la maison du garde.
L'une d'entre elles eut le front fortement contusionné et l'autre en heurtant le mur se fit une plaie profonde au menton, d'où le sang coulait à flots.
Un cycliste qui se trouvait à passer, leur procura de l'eau fraiche pour un pansement sommaire et put heureusement remettre en état les bicyclettes, dont les guidons et les garde-boues avaient été faussés dans la chute.

 

1er août 1911
L'orage de samedi
La journée de samedi a été signalée par des orages multiples qui se sont déchainés dans la région [...].
Vers midi, Mme Gouhir et Mme veuve Kerdelhué, habitant le village de Quéhello-Congard, entendirent un violent coup de tonnerre. Etant sorties presque simultanément, elles aperçurent une gerbe de flamme s'élevant du toit en chaume de l'écurie de Mme Kerdelhué.
La propriétaire se précipita pour enlever de l'écurie divers objets et en faire sortir une vache. Celle-ci avait été foudroyée, et ce ne furent que des choses insignifiantes qu'elle put disputer aux flammes qui en quelques minutes détruisaient l'écurie, une grange voisine et l'écurie contiguë de Mme Gouhir.
Les voisins accourus ne purent, faute d'eau, que faire à grand peine la part du feu.
Quelques minutes détruisaient l'écurie, une grange voisine et l'écurie contiguë de Mme Gouhir.
Les pertes sont évaluées pour M. Gouhir à 600 F, assuré à "l'Union"; pour Mme veuve Kerdelhué qui, outre une vache perd 12 barriques de cidre et plusieurs instruments agricoles, à 3 000 fr, assurée à la "Métropole".
Les propriétaires de M. Gouhir, Mme veuve Bouric, de Lorient, et de Mme Kerdelhué, M. Le Guen, de Plœmeur, sont assurés tous les deux. 


3 août 1911
Le Fives-Lille renfloué
La drague aspiratrice et porteuse à vapeur Fives-Lille appartenant à l'entreprise Guihot, qui s'était échouée il y a trois mois environ, sur les rochers de Toulhars, a pu enfin être déséchouée dans la soirée de vendredi par les soins de M. Guihot et de son personnel.
Le Fives-Lille a été amené sur la plage de Larmor où les réparations préliminaires de remise à flot ont été effectuées dans la journée de samedi et dimanche.
Le Fives-Lille a pu être remorqué dimanche soir sur une des plages du Kernével, en attendant que le bâtiment soit en état de regagner Lorient ou tout autre port où seront complètement achevées les réparations. […] Disons à propos des dragages de la rade que les travaux pourront reprendre sous peu avec le matériel supplémentaire que M. Guihot s'est procuré ; il s'agit notamment d'un nouveau porteur à clapets achevé à Nantes.


17 août 1911
L'hygiène à Larmor
[…] Depuis la publication de notre entrefilet, la municipalité a fait placer dans des endroits apparents des écriteaux interdisant, sous peine de contravention, de jeter des ordures sur la voie publique.
Elle a creusé une fosse à fumier suffisamment éloignée de l'agglomération ; le garde champêtre fait de fréquentes tournées.
Cependant il y a quelques jours, on a vidé sur la grande plage un stock de vieille ferraille : des séchoirs à sardines s'étalaient à côté des poêles à frire, des cercles de barrique rouillés voisinaient avec des fourneaux à pétrole.

La marée montante a dispersé tous ces débris qui jonchent maintenant le sable à mer basse, risquant de blesser grièvement les pieds nus des baigneurs.
La vue et le toucher ne sont pas seulement offusqués ; l'odorat n'est pas épargné lui non plus : le soir sous les rayons protecteurs de la lune, les bonnes des villas vont d'un pas agile, vider sur la plage les sceaux de toilette, mêlant aux effluves marines des parfums mal odorants.
Il serait facile de rappeler aux étrangers qu'ils ne doivent pas donner le mauvais exemple.
Les règles les plus élémentaires de l'hygiène ne sont guère observées par ailleurs.
La pompe de la place de l'église est très défectueuse. Cette pompe est alimentée par un puits dont l'orifice est très mal fermé. Le liquide qui s'échappe des brocs et des sceaux retombe dans le puits, après avoir été souillé par les chaussures de ceux qui viennent puiser l'eau à la fontaine.

Nous avons eu la curiosité de soulever la plaque de fer qui recouvre le puits. Les bords intérieurs de la margelle sont souillés de fumier, les parois de la maçonnerie sont recouvertes d'une épaisse couche de matières malpropres, et si la source fournit de l'eau pure, celle que l'on puise est contaminée.
Il serait pourtant facile de remédier à ce fâcheux état de choses ; il suffirait de fermer hermétiquement le puits et de déplacer le corps de pompe ; de cette façon, l'eau qui gicle des ustensiles de ménage ne retomberait pas dans le puits, après avoir été polluée.
Il est généralement admis que l'eau est le véhicule d'un grand nombre de maladies. Nous demandons que la fontaine de Larmor nous fournisse de l'eau qu'on puisse boire sans danger.
                                                                                                             L. Le Bourgo

 

24 septembre 1911
Un journalier blesse gravement son camarade
Lundi dernier, M. Laurent Charlès de Kerblaizy travaillait dans un champ près de Larmor, à l'arrachage des pommes de terre pour le compte de M. Goulvain, en compagnie de MM. Ihuel et Bédent.
Vers 1 heure ½ de l'après-midi M. Charlès ayant fait, parait-il, une observation à son camarade Bédent, celui-ci sans aucune explication lança un coup de pioche à la tête de M. Charlès.
Le malheureux journalier, la tête ensanglantée, s'affaissa par terre; son beau-fils vint alors à son secours et le dégagea des mains de Bévent qui s'enfuit.
Un médecin en villégiature à Larmor, M. le docteur Lamy, après un pansement sommaire fit transporter le blessé à l'hôpital Bodélio, la blessure dont il était atteint paraissant devoir nécessiter des soins spéciaux.


25 septembre 1911
Une médaille à Madame Matelot
On sait que Mme Matelot, l'héroïne du phare de Kerdonis, est depuis quelques semaines, gardienne du feu de Kernével où elle a été nommée après la mort de son mari.
Elle vient de recevoir une nouvelle récompense de son admirable sang-froid qui a peut-être sauvé des centaines de vies humaines.
Au nom du Lloyd britannique, MM. Edgard Dufilhol et fils, représentants de cette société lui ont remis samedi, en leur domicile, Cour des Quais, en présence de M. Joubert vice-consul du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande, du lieutenant de vaisseau Ray, représentant l'ingénieur de cette administration, une médaille de bronze qui lui est décernée par le Lloyd. Un chèque de 600 francs, représentant des dons faits en sa faveur par diverses personnalités anglaises, a en outre été remis à Mme Matelot au cours de cette simple et touchante cérémonie.


31 octobre 1911
Fraude du lait
A la suite de prélèvements faits au courant de l'été, des poursuites furent intentées à une petite cultivatrice de Larmor, Marie-Anne Le Discot, veuve Le Clanche, 67 ans.
L'expertise faite tant à Nantes que par M. Corlay, pharmacien à Lorient, fit ressortir un mouillage de 20%.
- "Vous avez mis de l'eau dans votre lait", demande le président du tribunal correctionnel ?
- "Non, non, non ! Oh non ! Mon bon monsieur, je vous le jure !"
Me Soret défend la veuve Le Clanche qui est condamnée à 15 jours de prison avec sursis, 50 fr d'amende, insertion dans le Nouvelliste du Morbihan et affichage.

 

28 novembre 1911
Double cambriolage à Larmor
Jeudi dernier, Mme Simon passant devant la villa que possède, à Larmor la famille Ecaen (Hecaen), de Paris 5, rue des Beaux-Arts, fut étonnée d'en voir toutes les fenêtres ouvertes.
Apercevant, peu d'instant après, la gardienne de la villa, Mme Norcy, elle lui fit part de ce qu'elle venait de voir. Toutes deux, accompagnées de M. Edelin, restaurateur, se rendirent à la villa où elles trouvèrent tous les meubles ouverts, les effets, le linge, jetés pêle-mêle à terre.
Un carreau de la salle à manger avait été brisé.
Les gendarmes de Plœmeur prévenus se livrèrent à une enquête et alors aperçurent que la villa voisine, appartenant à M. Le Hénaff, 49 quai de Rohan, avait également reçu la visite du ou des malandrins.
Une jeune fille, Mlle Oury, a déclaré que la veille, elle avait remarqué un jeune homme d'une vingtaine d'années placé sur un muret près de la villa Ecaen et semblant faire le guet.
Les recherches sont dirigées de ce côté.


7 janvier 1912
Vol au Kernével
Monsieur Henri Le Priol, marin-sableur de Kervaugam, a déposé une plainte pour le vol de l'ancre et de la chaine de son bateau Marie Lucie ancré au Kernével.
La valeur des objets volés est d'environ 130 fr et les maraudeurs sont activement recherchés.


9 janvier 1912
Respect à la propriété
Les époux Pierre Le Clanche, du village de Kerblaizy sont allés, un peu trop souvent, rendre visite à une meule de foin de M. Kergren.
Etait-ce pour y coucher ? Pas précisément, mais bien pour en enlever une certaine quantité.
C'est au moins ce que disent l'enquête et le plaignant et, malgré la plaidoirie de Me Fichaux, les deux indélicats voisins ont écopé chacun de six jours de prison.


11 février 1912
Distinction méritée 
Hier, une touchante cérémonie a eu lieu au phare du Kernével.
M. Guillemaut, sous-préfet de Lorient, a remis à Mme Matelot, l'héroïne du phare de Kerdonis, une médaille d'or du Ministère de l'Intérieur.
On sait que, dans la nuit du 18 avril 1911, Mme Matelot, alors que son mari venait de mourir, quitta le cadavre pour faire tourner le feu du phare qu'un accident de machine venait d'immobiliser.
Sans cet acte de dévouement et de sang-froid, de graves désastres pouvaient survenir en mer.

 

11 février 1912
Nos sauveteurs
Les récompenses suivantes pour faits de sauvetage viennent d'être décernées :
Le ministre de la Marine a décerné un témoignage officiel de satisfaction au quartier-maître torpilleur Le Picher, du 3ème dépôt, qui, à Larmor, le 13 juillet 1911, s'est jeté à la mer tout habillé, pour porter secours à deux enfants en danger de se noyer.


20 février 1912
Qui casse les verres les paye
Jean-Pierre Le Nabec, de Quéhello-Congard, furieux de ce que M. Hilléreau ne voulut pas lui verser à boire s'en prit à la porte vitrée et démolit trois carreaux.
Peu après, les gendarmes arrivèrent et cueillirent Le Nabec qu'ils conduisirent au violon pour y passer la nuit.
A son réveil, le journalier, tout penaud, promit de payer les carreaux, mais il n'y coupera pas moins d'une amende pour ivresse.


14 mars 1912
Jean-Pierre, mon ami (suite)
Tu viendras de Quéhello-Congard, pour verser quarante sous au percepteur pour t'apprendre à ne pas casser les carreaux du débitant quand celui-ci trouvant que tu en as suffisamment, ne veut pas te verser l'ultime chopine.

 

14 mai 1912
Naufrage en rade
Hier après-midi, une barque montée par M. Kermorvant, dit Garibaldi, naviguait sous sa misaine entre Toulhars et la citadelle, quand un coup de vent qui soufflait sur Lorient et les environs, chavira la barque. M. Kermorvant fut projeté à la mer ainsi que deux autres marins qui l'accompagnaient.
Un pilote de Lorient, M. Le Tallec, qui se trouvait près de là, se porta aussitôt au secours de M. Kermorvant et de ses camarades, qu'il réussit à recueillir à son bord.
Un vapeur de la Compagnie Port-Louisienne, s'était d'ailleurs porté au secours des naufragés, mais son intervention fut inutile.
La barque a été renflouée ce matin.


26 mai 1912
Terrible chute
Dans la journée de mercredi, un terrible accident est survenu à Larmor.
Tout récemment Mme Morier vendait à Mme Le Bris, une maison que M. Caro, entrepreneur à Port-Louis, fut chargé de restaurer.
C'est au cours des travaux, qu'un de ses apprentis, le jeune Guennec, a couru les plus graves dangers.
Ce jeune homme se trouvait sur un échafaudage situé à une hauteur de six mètres au-dessus du sol et surplombant une grille.
Brusquement, l'échafaudage bascula et la planche sur laquelle se tenait l'apprenti tomba dans le vide, entrainant le malheureux Guennec.
Par un hasard providentiel, la planche tomba sur la grille, empêchant ainsi Guennec d'être empalé.
Cependant l'infortuné vint violemment s'abattre sur le sol et ses compagnons le relevèrent ne donnant presque plus signe de vie.
Guennec fut immédiatement transporté à Port-Louis où le docteur Grouhel lui a prodigué ses soins, sans pouvoir se prononcer sur la gravité des blessures.


28 juillet 1912
Péri dans les flammes
Jeudi matin à l'aube, un incendie a totalement consumé au village de Kerblaisy, entre Kernével et Larmor, une maison occupée par un vieillard, M. Gouhir, qui y a trouvé la mort.
Voici dans quelles circonstances :
A l'occasion du prochain départ de son gendre, le quartier-maître de la marine Blayo, M. Gouhir avait invité quelques membres de sa famille à une soirée intime qui se prolongea gaiement assez avant dans la nuit.
Après avoir reconduit ses hôtes, le père Gouhir s'en fut coucher. Que se passa-t-il ensuite ? Toujours est-il que le lendemain au petit jour, les voisins ne furent pas peu intrigués de voir de la fumée sortir de la maison du vieillard.
Les flammes ne tardèrent pas à s'élever. Plus de doute, la maison brulait. Vite on accourut au secours de tous côtés. Les pompiers de Larmor, avertis, s'empressèrent d'attaquer le fléau. Mais tous les efforts furent vains; on ne put que préserver les maisons voisines. La maison occupée par la famille Yvon a été néanmoins fort endommagée.
Parmi les débris fumants de toutes sortes, gisait le cadavre complètement carbonisé de l'infortuné vieillard. La tête et les jambes avaient disparu. Les lamentables restes, pieusement recueillis, ont été déposés dans une maison voisine.
La gendarmerie procède à une enquête sur les causes et les circonstances de ce tragique incendie.

 

28 juillet 1912
Un ennemi de la Maréchaussée
La crainte des gendarmes est le commencement de la sagesse. C'est pour avoir négligé cet axiome que le soudeur Joseph Le Briel, 48 ans, de Kernével, s'en fut, le 23, faire du tapage à la gendarmerie de Plœmeur, dont il insulta copieusement les locataires.
Appréhendé par le Maréchal des logis et déféré au Parquet, le bruyant Le Briel s'est vu condamner ce matin à l'audience des flagrants délits, à 8 jours de prison sans sursis.


11 août 1912
Chute d'un couvreur
Le 2 décembre dernier, le couvreur Jean-Marie Burtel, employé chez M. Ferrand, était occupé sur la maison André quand soudain l'échelle se rompit. Précipité sur le sol, Burtel eut les jambes fracturées.
Son état nécessita des soins assez longs. Toutefois, à l'heure actuelle, Burtel est entré en convalescence.
Hier après-midi son affaire est venue en conciliation devant M. le président du tribunal civil qui a reconnu à Burtel le droit à une pension de 187 fr.50.


11 août 1912
Larmor
Nous recevons la lettre suivante :
Etant à Larmor pour la saison des bains de mer, nous avons remarqué plusieurs fois que certaines personnes venaient jeter leurs ordures ménagères sur la plage du casino (Port-Maria). Jeudi matin encore, nous avons remarqué sur les plages, non seulement des tas d'immondices, mais des boites de conserve et des débris de bouteilles, qu'y avaient jetés des personnes peu soucieuses de la propreté de la plage et de la sécurité des baigneurs.
Le Casino sur la plage Les champs sont nombreux et rapprochés de la mer. Ne pourrait-on pas faire quelque pas de plus et éviter ainsi les inconvénients signalés plus haut ?
Un groupe de baigneurs.

 

20 aout 1912
La plage de Kernével
Nous recevons la lettre suivante :
Monsieur le Directeur du Nouvelliste,
Tous les ans je viens à Kernével, j'y paie des contributions, or, nous avons une unique pompe au beau milieu de la place.
Cette pompe, malgré les pluies, ne fonctionne pas depuis 3 semaines. J'ai cru devoir écrire il y a une douzaine de jours à M. le maire de Plœmeur pour lui signaler qu'un pays comme Kernével ne pouvant se passer d'eau, il y avait urgence à faire le nécessaire.
M. le maire n'a pas cru devoir me répondre, et la pompe attend toujours, non pas le Messie, mais les plombiers pour la réparer.
                                                                                                E. Juvin.


5 septembre 1912
Un sauvetage à Larmor
Dans l'après-midi de lundi, un ménage parisien en villégiature à Larmor, s'ennuyait ferme et profitant d'une éclaircie, se décidait à prendre un bain. Soudain, le mari coula.
Aux cris de la femme, apeurée à juste titre, M. Thomin fils, négociant qui habite une villa sur la plage, accourut et se jeta tout habillé à la mer.
Il fut assez heureux pour ramener sur la rive le Parisien en danger de se noyer.
Nos félicitations à M. Thomin.


19 septembre 1912
Mort lamentable d'un enfant : pendu en s'amusant
Un terrible accident dû, croit-on, à une imprudence fatale vient de se produire entre les villages de Kergouledec et Kercavès en Plœmeur.
Le petit Théophile-Jean-Michel Blayo, âgé de onze ans, dont le père est journalier à Kercavès, occupait ses vacances à garder les vaches d'un fermier voisin, M. Fogaras.
Elève à l'école de Larmor, il devait passer à la rentrée, de la 2e à la 1re classe, ce qui prouve qu'il était un sujet intelligent et studieux.
Dans la journée d'hier, le jeune pâtre improvisé gardait donc les vaches.
A midi, le fils de son patron, M. Fogaras, 21 ans, qui doit entrer prochainement au service militaire, quittait le champ où se trouvaient les vaches pour aller déjeuner.
Il laissait aussi à la surveillance de l'enfant, le cheval et un tombereau, dans lequel se trouvait le fouet fatal.
Que se passa-t-il au cours de cette absence ? Nul ne le sait. Sans doute, le pâtre s'empara du fouet et, voulant en faire une balançoire comme le font souvent les enfants dans nos campagnes, en lança la lanière dans les branches basses d'un pommier.
L'enfant se suspendit. Brusquement, la lanière s'enroula autour de son cou. Le gamin tomba presque à genoux. Serré par le filin, il ne put se dégager. Une congestion survint. Quelques minutes après, l'asphyxie avait fait son œuvre. Le pauvre petit était mort.
Vers 3 heures, le fils du fermier revint. Sur son chemin il rencontra la mère de Blayo qui était au douet (lavoir) et lui dit en plaisantant : "je vais porter un petit morceau de pain à mon grand domestique !"
Sa surprise fut grande, en entrant dans le champ, d'y apercevoir son cheval dans un carré de trèfle, et les vaches à la même place que dans la matinée. Il appelle son "grand domestique". Rien ne répond à ses cris.
De plus en plus intrigué, M. Fogaras cherche d'abord à mettre de l'ordre dans le troupeau.
En se baissant pour arracher le piquet retenant la première vache, il aperçoit soudain l'enfant inanimé à moins de vingt mètres de là.
Il court à lui, mais l'émotion en voyant l'enfant suspendu par la lanière du fouet au pommier le fait tomber d'effroi.
Il appelle au secours. Arrivent les cultivateurs Le Gal, Discot de Kerhousse, ainsi qu'une trentaine de femmes et d'enfants.
Mais déjà le corps du pauvre petit cadavre était froid.
La gendarmerie fut prévenue et, vers 6 heures du soir, le corps du jeune Théophile fut transporté au domicile de ses parents.
Les obsèques du pauvre pâtre ont eu lieu cet après-midi, à 3 h. à Larmor, au milieu d'un nombreux cortège.

 

8 octobre 1912
La tempête : plusieurs noyés, nombreux sinistres
Depuis déjà plusieurs jours, une tempête épouvantable sévit sur les côtes de la Manche et de l'Atlantique, occasionnant un peu partout de graves dommages, et, ce qui est pis, de nombreux accidents mortels.
Dans la région Lorientaise, le vent a dégénéré en véritable cyclone. Nous avons signalé le bris de la coupole vitrée de l'église Saint-Louis.
Le lendemain, lundi soir, la mer était tellement grosse et si violemment agitée, qu'elle passait en une gerbe d'eau continue de plus de 5 mètres de hauteur, par-dessus la jetée de l'Estacade, formant une véritable arche liquide.[…]
A Larmor le vent a sévi avec une telle violence que la cabane bâtie sur la plage, où M. Causer tient pendant la belle saison un commerce très suivi de pâtisseries et autres friandises, a été enlevée et projetée par-dessus l'église et les arbres qui l'entourent. La place était jonchée de débris. M. Causer, qui devait le lendemain même, démonter sa boutique, pour l'installer à Lorient, à l'occasion des fêtes de la Victoire, évalue sa perte à environ 2000 francs.


29 octobre 1912
Amateur de plomb
Les gendarmes de Plœmeur en tournée vers Kercavès, aperçurent trois individus qui, armés de bêches, fouillaient dans la butte de tir pour ramasser les balles.
Ceux-ci à la vue des uniformes, prirent la fuite; mais l'un d'entre eux, Joseph Le Luc, débardeur, de la rue de la Comédie, put être rejoint.
Interrogé, il a répondu qu'il était bien sur les lieux mais n'avait rien ramassé.
Ses camarades sont recherchés.


8 décembre 1912
Vol de plomb
Les gendarmes ont arrêté un docker de Lorient, Joseph Trognon, 73 ans, qui fouillait la butte de tir de Kercavès, pour y dérober les balles provenant des tirs.


4 février 1913
Noyée dans un ruisseau
Avant-hier matin, M. Joseph Le Clanche, de Kerblaisy, se rendait à Larmor en voiture, quand, ayant fait une centaine de mètres, il aperçut, en travers du chemin transformé en marre par les pluies récentes, le corps d'une femme allongé sur le dos.
Il descendit de voiture, et se trouva en présence du cadavre d'une vieille "Klaskéres barra", Julienne, plus que septuagénaire, dont la tête émergeait à demi de l'eau.
Aidé de quelques voisins qu'il alla prévenir, M. Le Clanche déposa le corps le long d'un talus voisin, en attendant les constatations et l'inhumation, qui a eu lieu hier.
L'enquête menée par la gendarmerie apprit que la défunte, dont la sobriété n'était pas la vertu dominante, avait été vue la veille en état d'ivresse, et s'appelait Marie Julienne Pronno, veuve Comelin, née le 16 décembre 1840 à Riantec.
Depuis une quinzaine d'années, la veuve Comelin couchait à Kerblaizy, dans le grenier à foin de M. Maradour.

 

10 avril 1913
Caroline Bec-Salé
Le 27 mars, Mme Casiel, de Kernével, s'absentait pendant quelques instants, et, à son retour, constatait que trois litres aux trois quarts remplis, l'un de cognac, l'autre de rhum, le troisième de byrrh, avaient disparu.
Elle fit part de ses soupçons aux gendarmes qui se rendirent chez Caroline Le Corre, femme Coudon, 24 ans.
Point ne fut besoin d'interrogatoire pour fixer les agents : Caroline, vautrée sur son lit, dormait du sommeil ronflant d'un poivrot complètement ivre et, à terre, gisaient les trois fioles, vides de leur contenu. Comme excuse, Caroline dit qu'elle est passionnée pour la boisson, et que lorsqu'elle est ivre, elle ne sait plus ce qu'elle fait.
Elle saura ce qu'elle fera pendant les 30 jours qu'elle passera rue Clisson.


15 juin 1913
Le balayage des classes
Tandis que des employés spéciaux sont affectés, au bourg de Plœmeur, au balayage des locaux scolaires, ce sont, à Larmor, les enfants eux-mêmes qui sont chargés de cette corvée.
En la circonstance, le Maire ne fait que se conformer aux instructions préfectorales.


3 août 1913
Baignade mouvementée à Larmor
Une baignade qui aurait pu avoir des suites tragiques a causé une vive émotion, jeudi après-midi, dans la foule qui se pressait, comme chaque dimanche et chaque jeudi, sur la plage de Larmor.
Un marchand de sardines de Lanveur, M. Mathurin Corlou, se baignait avec son jeune fils âgé d'une dizaine d'années, entre les cales situées en face de la douane et où abordaient vapeurs et vedettes.
A un certain moment, se trouvant au milieu de l'anse, il prit l'enfant sur ses épaules et voulu gagner ainsi l'une des cales. Mais, soit qu'il eut été pris de congestion, soit que l'enfant l'eut serré au cou, le baigneur, encore assez éloigné de la cale, perdit tout à coup la liberté de ses mouvements et commença à s'enfoncer sous l'eau.
Aux cris de l'enfant et des personnes présentes, les douaniers de service accoururent. Sans prendre le temps de se déshabiller, le douanier Oury se jeta à l'eau, pendant que le sous-brigadier Dorso courait chercher la boîte de secours aux noyés.
En même temps, une plate appartenant à M. Humber, de Lorient, montée à la hâte par les jeunes Claquin, Marrec et Levreau, faisait force de rames vers le lieu de l'accident.
M. Coriou et son fils purent être amenés sur la plage où tous les soins d'usage leur furent donnés en présence du docteur Waquet.
Un repos au débit Morvan acheva de remettre le marchand de sardines qui ne fut néanmoins en état d'être transporté en voiture à son domicile qu'assez tard dans la soirée.


9 septembre 1913
Un bateau démâté sous Larmor
Hier matin, deux jeunes gens, Pierre et Joseph Gourrièrec, cousins de M. Beller, revendeur rue du Morbihan, demandaient à celui-ci l'autorisation de faire une promenade en rade à bord d'un bateau qu'il a récemment acquis, et M. Beller accorda facilement la permission.
Le bateau, Le Saint Alexandre, de 15 à 16 pieds, est demi-ponté et les frères Gourrièrec invitèrent trois de leurs amis à prendre part à l'excursion.
Malgré que le vent fut assez fort, les jeunes gens se fiant à la science nautique de l'un d'eux, M. Auguste Buchon, s'aventurèrent jusque dans les coureaux de Groix.
Au retour ne pouvant parvenir à rentrer en rade à cause du vent debout, les jeunes gens atterrirent à Locqueltas où ils demandèrent au pêcheur Calvé de vouloir bien les aider à la manœuvre.
Le père Calvé accepta et le canot reprit le large. Mais aux environs des "Trois Pierres", lorsqu'on voulut prendre un ris dans le foc, on s'aperçut que la drisse de cette voile était engagée en haut du mât.
Pour la dégager, un des jeunes gens, Auguste Buchon, monta au haut du mât. A peine y était-il parvenu que le mât craqua, se brisa au ras du pont et tomba à la mer avec la voile et le jeune homme.
Ce dernier fut heureusement saisi à l'arrière par le père Calvé et ramené à bord. Mais la manœuvre du canot était désormais impossible.
De Larmor, le docteur Pédrono qui avait vu l'accident, aperçut les signaux des jeunes gens, et embarqua dans la Vedette N°3, patron Guennec, matelot Le Blévec, pour se porter au secours du canot désemparé.
L'accident n'eut ainsi aucune suite grave et les jeunes gens furent ramenés dans leur canot remorqué par la vedette, à la cale de Larmor où une foule nombreuse se pressait déjà.

 

13 novembre 1913
Dévouement récompensé
Les récompenses suivantes viennent d'être accordées par le ministre de la Marine à :
-……………..
-M. Victor-Jean-Marie Oury, préposé des douanes à Larmor, médaille de bronze : s'est jeté à l'eau pour sauver un enfant et son père en danger de se noyer à Larmor, le 31 juillet 1913.


14 juin 1914
Un sableur sombre sous le Courégant : deux noyés
Mardi matin, le bateau-sableur Sans-Relâche, patron et armateur Joseph Elie Quéret, 28 ans, du Kernével, quittait Lorient se rendant à Lomener pour y prendre un chargement de sable.
Ce chargement terminé, le bateau plein presque jusqu'à ras-bord, le patron Quéret appareilla et repris la route de Lorient ; mais les rafales soufflaient par instant et il parut bientôt qu'il y avait du danger.
Dans ces conditions, et les lames menaçant par trop d'embarquer, on amena les voiles. Une accalmie s'étant produite, la voile fut hissée à nouveau alors que le bateau se trouvait par le travers du Grand Courégant, endroit particulièrement dangereux.
Juste à ce moment, une nouvelle rafale survint et une vague plus forte que les autres, envahit le sableur.
Surchargée outre mesure, la barque s'enfonça en quelques secondes et l'équipage composé de MM. Quéret, Flégeau et Petitbois, matelots, et Lizé, mousse, fut précipité à la mer.
Nageant d'une main et soutenant son mousse de l'autre, M. Quéret réussit à se maintenir sur l'eau assez longtemps, attendant du secours, car une barque de Lomener dont les marins avaient vu le naufrage, approchait à force de rames.
Ce bateau, le Félix Faure, conduit par son patron, M. Jean-Louis Le Gall, 35 ans, était monté par MM. Paul Le Doucen, 28 ans, Léon Vallé, Tudy Le Paire, Jean Kerdréan et Alexandre Lessart, arrivait sur les lieux du naufrage une dizaine de minutes après l'accident.
A ce moment, le patron à bout de force avait dû abandonner son malheureux mousse et, avec son matelot Joseph Petitbois, il avait été recueilli par un autre bateau sableur.
Le Félix Faure put recueillir le corps de Joseph Lizé qui flottait entre deux eaux, mais avait déjà cessé de vivre.
Quant au quatrième marin du Sans-Relâche, Joseph Flégeau, marié, habitant Larmor, il fut impossible de le retrouver.
Le corps du petit Lizé fut ramené à Lomener et son père, ouvrier à l'arsenal, habitant Keramzec, vint y chercher son cadavre pour le ramener chez lui.
Mme Flégeau fut, elle aussi peu après, prévenue du malheur qui la frappait.
Le patron Quéret qui, l'année dernière, perdit déjà un autre bateau, a été assez gravement blessé à la jambe gauche pendant le naufrage et, resté alité chez lui, où il avait été transporté, il y reçut les soins du docteur Grivot.


16 juin 1914
Barque fracassée au Kernével
Hier après-midi, un bateau-sableur appartenant à MM. Conan-Quéré, patron Conan, amarré devant Kernével, est venu, par suite d'un ressac, se briser sur la cale de ce petit port.
C'est le troisième bateau, depuis un an, que perdent ces braves gens, dont le Sans-Relâche, duquel nous avons relaté le dramatique naufrage, occasionnant la mort du mousse Lizé et du matelot Flégeau.
Le corps de celui-ci n'a pas encore été retrouvé.


18 juin 1914
Un sableur avarié (Suite)
Nous avons annoncé qu'un bateau-sableur, appartenant à MM. Conan-Quéré, était venu dans l'après-midi de dimanche dernier, se jeter, par suite du ressac, sur la cale du Kernével.
Renseignements pris, les dégâts subis par cette barque, le Franco-Russe, patron Conan, n'ont pas été aussi graves qu'on l'avait jugé tout d'abord, à telles enseignes, que, après quelques réparations sommaires, le sableur a pu reprendre son service dès le surlendemain.

 

7 juillet 1914
Renflouement du Sans-Relâche (Suite de "un sableur sombre" )
On se souvient que le 10 juin dernier, le Sans-Relâche, bateau-sableur appartenant à M. Quéret, du Kernével, sombrait dans les coureaux de Groix entrainant la perte d'un homme et d'un mousse.
Depuis, plusieurs tentatives avaient été faites dans le but de retrouver la barque naufragée, mais inutilement.
Continuant ses recherches, M. Quéret réussit enfin, après de laborieux dragages, à poser une bouée sur le bateau englouti.
La suceuse Lorientaise apporta son gracieux concours. Un scaphandrier parvint, non sans peine, à passer une élingue sous le Sans-Relâche qui gisait par 18 mètres de fonds.
La tentative fut couronnée de succès et la barque engloutie repose maintenant sur la plage du Kernével.
Ce n'est plus, hélas ! qu'une épave. A tribord l'avant s'est complètement disloqué ; à bâbord, l'élingue a produit une section très nette qui ressemble à une déchirure.
M. Quéret ne désespère pas toutefois qu'on puisse parvenir à faire reprendre au Sans-Relâche le service de sableur, après de sérieuses réparations.


26 juin 1914
Kernével : la propreté du port de mer
Il est, près de Lorient, un petit coin de terre où le Lorientais s'arrête volontiers pour respirer l'air pur, sain, iodé et vivifiant de la brise de mer : c'est le Kernével. […]
Mais l'enthousiasme du touriste dure peu !
A peine, en effet, a-t-il fait quelques pas dans le village, qu'une odeur nauséabonde le saisit à la gorge. Ici des animaux crevés ou en état de putréfaction, gisant dans la boue argileuse, là des tas de détritus répandant des miasmes délétères, partout la fange et la saleté.
S'il va s'asseoir près du fort de Kernével, la même impression de dégoût le saisit.
Près de lui il aperçoit des tas d'immondices dans lesquels picorent les oies et les poulets et que recherchent les hirondelles friandes de mouches, leur principale nourriture, attirées par l'odeur de la pourriture.
Les commerçants se plaignent, les habitants réclament. Une voiture ne pourrait-elle pas, deux fois par semaine par exemple, passer au Kernével et nettoyer un peu le petit port de mer ?
Il y va de la santé de tout le monde.


19 août 1914
Vol d'une bouteille de Byrrh
Au cours d'une ronde, la gendarmerie a appris que dans l'après-midi de samedi, six jeunes Lorientais ont dérobé une bouteille de Byrrh au débit Kerleau, à Toulhars.
Rejoints à Keronezec, les jeunes gens ont beaucoup discuté avec le débitant, mais ils se sont refusés de payer la valeur du larcin.

 

1er septembre 1914
Sauvetage à Larmor
Jeudi dernier, vers 5 heures du soir, les baigneurs étaient nombreux à Larmor. L'un d'eux, Gustave G…. fils d'un de nos instituteurs de Kerentrech, qui s'était éloigné du rivage, fut pris soudain d'une congestion et coula à pic.
Il se serait certainement noyé si M. Romieux, juge au tribunal civil de Lorient, témoin de l'accident, ne se fut immédiatement jeté à l'eau tout habillé, et ne l'eut ramené évanoui, sur la grève.
M. Brenion, brigadier des douanes, lui prodigua des soins empressés qui le firent revenir à la vie. Conduit ensuite chez son sauveur, il y passa la nuit, et fut reconduit le lendemain matin, chez ses parents, en excellent état.
M. Romieux a déjà accompli de nombreux sauvetages en mer, pour lesquels la marine lui a décerné, depuis 1890, une médaille d'argent.
Nos plus chaleureuses félicitations, pour ce nouvel acte de dévouement.


21 octobre 1914
Monsieur Romieux (Après son décès)
Il y a quelques mois, M. Romieux, ancien juge au tribunal, en villégiature dans sa villa de Larmor, aperçut un gamin sur le point de disparaitre sous les flots. Il n'hésita pas à se jeter à l'eau tout habillé. Il sauva l'enfant, mais contracta une angine de poitrine qui devait venir à bout de sa robuste constitution. D'ailleurs n'avait-il pas accompli maints actes de sauvetage ?


11 décembre 1914
Pour nos soldats
A Larmor, beaucoup de personnes travaillent avec un zèle inlassable à la confection de vêtements de laine pour nos soldats.
Avec 34 kilos de laine fournis par M. le maire de Plœmeur et distribués par la directrice de l'école publique des filles, les institutrices du groupe scolaire, les élèves, les personnes dévouées de ce petit pays ont confectionné jusqu'à ce jour et gratuitement : 8 chandails, 55 paires de chaussettes, 20 paires de genouillères, 36 passe-montagne, 90 cache-nez; cela fait un total de 209 articles à l'appel du "Noël aux armées".

 

22 décembre 1914
Grave incendie à Larmor : deux villas consumées
Hier matin, dimanche vers 3 heures, les services de la marine étaient avisés par le fort de Locqueltas, qu'un incendie venait de se déclarer dans une maison de Larmor, la villa Kermen, à proximité de la cale et de l'usine Bourgeois, et qui regarde vers la baie de Toulhars.
Aussitôt, par dérogation à la coutume, M. le préfet maritime gouverneur, estimant que l'état de guerre lui faisait un devoir de porter secours à nos patriotiques populations déjà si malheureuses, autorisa l'envoi sur les lieux du fourgon-pompe de la marine, avec un assez important personnel, sous le commandement de M. le lieutenant de vaisseau de la Laurencie, commandant la compagnie des matelots pompiers du port.
En même temps, le quartier Frébault envoyait sur les lieux sa pompe régimentaire et un fort piquet d'artilleurs.
Les pompiers de Plœmeur, eux aussi avaient lutté de diligence, et accompagnés des autorités et d'un détachement des troupes territoriales cantonnées dans le bourg, arrivaient au pas de gymnastique sur le théâtre du sinistre.
Les marins du fort de Locqueltas s'y étaient rendus les premiers.
Déjà, une légère brise de mer attisant le fléau, la villa Kermen était tout en flammes, son toit s'était effondré, et le feu s'était communiqué à une maison contigüe, la villa Saint-Jean, menaçant de s'étendre encore à d'autres immeubles.
Malgré l'énergie de tous les efforts et tout le dévouement des sauveteurs, on dut se borner à faire la part du feu, des deux villas, les quatre murs subsistant seuls.
A 8 heures et demie, tout danger était conjuré, et les cendres noyées.
Les causes du sinistre ne sont pas encore établies. On suppose qu'il serait dû à l'imprudence d'ouvriers plâtriers, qui, ayant allumé du feu dans une chambre pour sécher plus vite les plâtres, auraient négligé de l'éteindre en s'en allant : un courant d'air aurait fait le reste.
Quoiqu'il en soit, le propriétaire des deux villas sinistrées, M. Colin, industriel à Nantes, évalue son dommage approximativement entre 15 et 20 000 francs, couverts, croyons-nous savoir, par des assurances.
Hâtons-nous d'ajouter qu'il n'y a pas eu d'accidents de personnes.


30 décembre 1914
La tempête : un noyé au pont de Kermélo
On connait toutes les mésaventures survenues déjà aux Lorientais et Plœmeurois, au sujet du pont de Kermélo, destiné, semble-t-il, à devenir légendaire.
L'ancien pont suspendu était coquet mais, comme tout brave pont, il subit si longtemps le choc des piétons, des voitures, des fourragères d'artillerie, à tout cela joint aux terribles ouragans que, à la fin, il fléchit.
Son successeur, le kronprinz actuel, car en somme il n'a pas subi de consécration officielle, a joué de malheur, et à la suite de bien des avatars il fallut établir une passerelle de fortune.
Et voilà que cette passerelle a été, hier après-midi, la cause d'un malheur.
Un brave cultivateur de Kervogam, M. Pierre Audran âgé de 51 ans, était venu apporter du lait à Lorient. Il s'en retournait et, malgré le mauvais temps, il posa le pied sur la passerelle trépidante, quand tout à coup une rafale de vent survint, et Audran fut précipité à la mer.
A ses cris, deux courageux citoyens accoururent, M. Pierre Le Mentec, retraité de la marine, et. Kerangouarec, gardien de l'ancien pont.
Leurs efforts pour porter secours à l'infortuné cultivateur furent hélas infructueux : les flots avaient conservé leur proie!
M. Pierre Audran, était l'unique soutien de son père, déjà plus qu'octogénaire.
On devine la douleur de ce dernier en apprenant la fatale nouvelle.


30 décembre 1914
Bagarre et dégradations le soir de Noël
Cette nuit de Noël, si calme, si pieuse, si recueillie partout en raison des graves circonstances que nous traversons, a été cependant marquée par quelques incidents à Larmor.
Des marins, en garnison, croit-on, au fort de Locqueltas, avaient absorbé un certain nombre de bon cidre aux débits Scanvic et Rivoal. Gais et contents, ils sortirent et, sans doute, s'attardèrent encore dans quelques autres établissements.
Toujours est-il qu'une discussion s'éleva sur la place, discussion qui dégénéra bientôt en rixe.
Un marin, Eugène Le Stang, qui regagnait le domicile de ses parents, situé à proximité, fut assez malmené. Ses parents vinrent, le dégagèrent et le firent rentrer.
Cela ne fit pas l'affaire des autres marins qui se permirent de graves bris de clôture.
La gendarmerie, mise au courant de ces faits, ouvrit une enquête et ne tarda pas à connaître les noms des tapageurs, qui ont promis de payer les pots cassés.

 

5 janvier 1915
Un hommage rétrospectif
-Louis Romieux, juge au tribunal civil de Lorient, tout récemment décédé, vient cependant d'avoir les honneurs du "journal officiel" du 1er janvier 1915.
On y lit la mention suivante : M. Romieux, Aimé-Louis, juge au tribunal d'instance de Lorient, médaille en argent de première classe : a sauvé un enfant qui se noyait au large de Larmor le 27 août 1914.


20 janvier 1915
Le noyé de Kermélo (Suite)
Nous avons relaté dans quelles circonstances M. Pierre Audran, cultivateur à Kervogam, en Plœmeur, avait été précipité à la mer au moment où, par une forte bourrasque, il traversait la passerelle établie le long du pont en construction à Kermélo. En doublant la pointe de Keroman, hier l'après-midi, un chaland se rendait à la briqueterie de Kerolé. Les rameurs sentirent tout à coup un corps dur.
- Tiens, dit l'un d'eux, il y a ici un caillou dont nous ne soupçonnions pas l'existence.
- Voyons voir dit un autre.
C'était le corps du malheureux Audran.
Après les constatations légales, Audran, qui était le seul soutien de sa mère, plus qu'octogénaire, fut transporté à son domicile.
Ses obsèques ont eu lieu aujourd'hui.


2 juin 1915
Un incendie à Kerhouas
Un incendie était signalé ce matin au village de Kerhouas, situé entre le pont de Kermélo et le château du Ter, en Plœmeur.
Aussitôt les pompiers du port partirent avec leur pompe automobile, mais leur arrivée fut un peu tardive.
Déjà les flammes avaient détruit les immeubles du fermier Legal et les pompiers ne purent que préserver les habitations voisines.

 

14 septembre 1916
Un don
En février 1897, un baromètre était fixé sur un des murs de l'usine Bourgeois.
Depuis longtemps, cet instrument était hors d'usage ; il vient d'être remplacé par un superbe baromètre anéroïde accompagné de cette inscription : "Les bérets verts aux pêcheurs de Larmor". (Surnom de la famille Houel dont tous les membres portaient un béret vert)
Les habitants de Larmor et les baigneurs remercient vivement les "bérets verts" de leur générosité.


26 juin 1918
Une villa cambriolée à Larmor
A cette époque, la saison balnéaire n'est pas encore commencée et les villas de la côte, qui va de Kernével à Locqueltas, sont inhabitées pour la plupart. C'est le beau moment pour les pillards nocturnes.
Tablant sur cette idée, un mendiant bien connu dans notre région, et qui a hérité du populaire sobriquet, de "Gobe la Lune", a donc pénétré l'autre soir dans la villa Ker Eliane appartenant à Mme Théry.
Le chapardeur crut que la maison était inhabitée. Et sans perdre de temps – car le temps, surtout pour les voleurs est encore de l'argent en plus – notre homme de visiter l'immeuble, et en un tour de main, de subtiliser quelques cent francs en billets, fruit des économies de Mlle Bodinter, la domestique du logis.
Elle-même survint assez tôt pour prendre le malfaiteur en plein délit. Mais celui-ci, qui connait son métier avait déjà sauté par une fenêtre, emportant son butin et filait dans la direction de Kerblaizy.
Il ne courra pas longtemps, le Pluvignerois Vincent Guyonvarch, car toute la maréchaussée de la région le recherche.


5 septembre 1918
Feu de cheminée
Hier après-midi, un violent feu de cheminée s'est déclaré au débit Jaffro, situé en pleine agglomération d'immeubles.
Il a pu être éteint après une heure de travail, grâce au concours empressé des voisins, aidés de la pompe communale.
Les dégâts sont de peu d'importance.