Les horaires de l'été 1919

 

En juillet 1919, les compagnies maritimes informent le public de leurs nouveaux horaires.

Chaloupes Automobiles du Kernével :
- de Kernével à La Perrière : 7 h, 8 h, 9 h, 10 h, 11 h 30, 13 h, 14 h, 15 h, 16 h, 17 h, 18 h et 19 h.
- de La Perrière au Kernével : 7 h 15, 8 h 15, 9 h 15, 10 h 15, 11 h 45, 13 h 15, 14 h 15, 15 h 15, 16 h 15, 17 h 15, 18 h 15 et 19 h 15.
Service de Port-Louis, sans changement.
Le prix du passage est fixé à 0,20 F par personne et celui des abonnements ouvriers et scolaires à 5 F par mois.

Compagnie des Vapeurs Lorientais Port-Louisiens, service sur Larmor, le jeudi :
- départ de Lorient : 9 h 30, 13 h 30, 15 h 45, 17 h 30
- départ de Larmor : 10 h 15, 14 h 15, 16 h 30, 18 h 15

Vedettes Lorientaises, service journalier :
- départs de Larmor
Lorient direct : 7 h 15
Lorient par Port-Louis : 10 h 15, 11 h 15, 12 h 15, 13 h 15, 14 h 15, 15 h 15, 16 h 15, 17 h et 18 h.
- départs de Lorient
Larmor direct : 9 h
Larmor par Port-Louis : 10 h, 11 h, 12 h, 13 h, 14 h, 15 h, 16 h, 17 h 15 et 18 h 15.

En 1920, par suite de l'arrêt de la ligne de tramway de La Perrière, la compagnie des Chaloupes Automobiles du Kernével organise un service de Kernével à La Perrière et Lorient et vice versa.
A Lorient, l'embarquement se fait à l'avant-port ou à l'estacade selon les marées.
Le prix des places est de 0,65 F de Lorient au Kernével, de 0,35 F de Lorient à La Perrière et de 0,30 F de La Perrière au Kernével.

 

En 1921, Larmor est toujours aussi mal desservi par les compagnies maritimes. "Le Nouvelliste du Morbihan" du 28 mai s'en fait l'écho.

Le temps exceptionnellement beau, dont nous sommes favorisés, invite les Lorientais à aller passer une bonne journée à la campagne et sur les bords de la mer. Grâce à sa proximité et à ses nombreuses plages, Larmor a depuis plusieurs années les faveurs du public. Les moyens de communication sont cependant insuffisants, bien qu'ils soient améliorés, cette année, par la création de services automobiles dont il faut féliciter les initiateurs.

Les compagnies de bateaux ne suivent pas le mouvement, et, malgré le beau temps, elles n'ont pas encore organisé le dimanche le service de la matinée que les amateurs réclament depuis plusieurs semaines. Ceux-ci demandent aussi un dernier départ de Larmor à 7 heures et même à 8 heures du soir ; car il est vraiment fâcheux de quitter les bords de la mer en plein après-midi au moment le plus agréable de la journée. L'une des compagnies peut accorder facilement cette satisfaction au public par une entente avec son personnel, et elle y gagnera beaucoup sous tous rapports.

Il faut aussi que les compagnies fassent une large publicité dans les journaux et qu'elles donnent l'indication de leurs horaires par des affiches nombreuses à Lorient, dans les faubourgs d'Hennebont, Quimperlé, etc. à la gare, dans les magasins, dans les hôtels. La dépense sera compensée par des recettes rémunératrices et l'argent ainsi utilisé fournira de sérieux bénéfices.

 

En 1923, le prix des places passe à 0,80 F pour le trajet Kernével-La Perrière et vice versa, et à 0,40 F pour le Kernével-Lorient.

Vedettes BlanchesA partir du 18 mai 1924, les Vedettes Blanches de la Rade, présidée par M. Gaultier de Kermoal, font le service Lorient-Kernével-Larmor les jeudis et dimanches.
               départs de Lorient à 10 h, 13 h et 15h.
               départs de Larmor à 11 h, 14 h et 17 h.

Le service devient journalier à partir du 1er juin.
Service Lorient-Larmor, prix 1 F :
               départs de Lorient toutes les heures de 9 h à 16 h.
               départs de Larmor toutes les heures, au quart de 10 h 15 à 18 h 30.
Service Lorient-Kernével, prix 0,65 F:
               départs de Lorient de 8 h à 17 h.
               départs de Kernével à la ½ heure.

En 1925, les vedettes de Kernével-La Perrière sont réorganisées par la Société des Vapeurs Port-Louisiens.

 

 

Questions de sécurité

 

Le 30 mai 1925, alors qu'un incident qui aurait pu être très grave s'est produit quelques jours plus tôt à un ponton d'embarquement, le Nouvelliste reparle des questions de sécurité.

"Des mesures sont à prendre pour éviter les scènes de désordre et de brutalité qui se produisent aux embarcadères chaque fois que le mouvement des passagers est important. Que ce soit à Port-Louis ou à Larmor, c'est pour entrer dans le bateau une bousculade sans merci dans laquelle ni femmes, ni enfants ne sont épargnés. Nous avons vu à Port-Louis un bébé de 3 ou 4 ans, laissé en larmes sur la cale, séparé par le remous de la cohue de ses parents qui s'étaient embarqués ; nous avons vu des gens tomber à l'eau.

"Au débarcadère, c'est pire encore. Ceux qui veulent quitter Lorient sont groupés sur le ponton, guettant le bateau qui s'avance. A peine existe-t-il entre les deux bords un point de contact, si étroit soit-il, que la vague d'assaut des embarquants s'élance sur celle des débarquants, et les deux flots s'interpénètrent au grand dam des chapeaux, des dentelles, des côtes et des orteils. Bien entendu, presque à chaque voyage, des passagers sont maintenus à bord par le flot envahissant et doivent retourner à leur point de départ : il n'y a qu'une passerelle où les deux circulations s'entrechoquent et s'engorgent.

"Bref, c'est une invraisemblable gabegie. On peut considérer comme extraordinaire le fait qu'aucun accident grave ne se soit encore produit. Ajoutons que c'est souvent grâce au personnel des bateaux qui fait tout ce qu'il peut pour mettre un peu d'ordre dans ce chaos. Mais il ne peut y suffire malgré tout son dévouement.
"Une réorganisation des transports de la rade apparait indispensable. Il faudrait tout d'abord augmenter le service et le prolonger. Il est en effet regrettable tant pour la santé et le plaisir des familles lorientaises que pour les intérêts du commerce de nos plages, que les promeneurs soient obligés de partir de Larmor, de Port-Louis et de Kernével à 13 heures, alors qu'en été leur journée de plein air pourrait se prolonger jusqu'à 21 heures au moins.

"Il est également nécessaire d'organiser un service d'ordre aux embarcadères. Ne pourrait-on, par exemple, canaliser en deux courants l'embarquement et le débarquement en affectant à chaque sens une passerelle spéciale ?
"L'autorité préfectorale a son mot à dire en la circonstance. Les municipalités intéressées pourraient également s'entendre avec les compagnies. L'essentiel est de faire quelque chose pour perfectionner le service des transports sur notre rade et de le faire avant l'été."

 

Les autorités prennent la chose au sérieux puisqu'elles se réunissent le 12 juin dans le bureau du maire de Lorient. En présence de messieurs Guyomard, administrateur principal de l'inspection maritime, ingénieur des ponts et chaussées, Godet, directeur des Vapeurs Lorientais, Louvet et Gaultier de Kermoal, administrateurs des Vedettes Blanches, monsieur Svob, maire, expose tout l'intérêt qu'il y aurait, tant pour le public que pour les compagnies, à prendre les mesures qui s'imposent.
Il demande que des pancartes placées aux bons endroits par les compagnies fassent connaitre les lieux d'embarquement, les heures de départ et celles de retour.
Il demande également que les dimanches, voire même les jeudis, les services soient prolongés jusque vers 8 heures du soir.

Les responsables des compagnies font part de leur bonne volonté et s'engagent à donner une solution satisfaisante à ces suggestions.
Ils adoptent également le principe qu'un service d'ordre sera assuré tous les dimanches aux heures d'affluence : à Lorient par la police municipale, à La Perrière, à Port-Louis et à Larmor par la gendarmerie maritime.
A Lorient, il y aura sur les pontons une passerelle de descente et une passerelle de montée afin d'éviter les bousculades.
Reste à faire, mais c'est hélas difficile, c'est l'éducation de trop de gens qui se croient tout permis et contre lesquels des sanctions seraient nécessaires.

 

Devant les risques d'accidents qui persistent en particulier pendant la saison estivale, en mai 1927, le maire de Larmor arrête que les compagnies de transport de voyageurs par mer sont tenues d'établir des barrages mobiles sur les cales de Larmor pour faciliter la montée ou la descente des voyageurs à leurs bateaux.

 

L'année suivante, suite à des incidents s'étant produits sur le quai d'embarquement après la fête des Goélands à Port-Louis, le commissaire spécial de Lorient intervient fermement auprès du préfet. Il dénonce l'attitude de la Société des Vapeurs Lorientais Port-Louisiens qui ne fait rien pour arranger les choses. Même son directeur, M. Godet, reste sourd à ces remarques.
Il juge indispensable, dans l'intérêt de l'ordre et de la sécurité, de réglementer l'embarquement et le débarquement des voyageurs, tant à Lorient qu'à Port-Louis, Kernével, Larmor-Plage et Locmiquélic. En dehors du concours plus efficace qu'il y aurait lieu de demander à la gendarmerie, à l'inscription maritime et aux polices municipales, il faudrait :
1° Imposer aux entreprises de transports maritimes :
- la vente du billet au voyageur avant son embarquement, ce qui permettrait d'éviter les surcharges qu'occasionnent les véritables prises d'assaut des bateaux ;
- l'affichage des prix des parcours ;
- un système suffisant de canalisation des voyageurs au départ et à l'arrivée des bateaux.
2° Interdire aux voyageurs sous peine de contravention d'embarquer sans s'être préalablement munis d'un billet. Les billets devraient être numérotés pour permettre à chaque voyageur d'être appelé à l'embarquement selon son tour d'arrivée.

 

L'administrateur principal de l'inscription maritime, saisi de cette affaire par le préfet répond que la police des quais ne relève pas de son administration. Mais il est tout à fait favorable aux mesures préconisées par le commissaire de Lorient.

De leur côté, les ponts et chaussées considèrent que la seule chose incriminée est la surcharge des bateaux. Quant au désordre, aux bousculades et à l'envahissement des bateaux, c'est une question de police à assurer par les sociétés des transports des voyageurs avec ou sans le concours de la police municipale.
Si elles ne prennent pas les mesures nécessaires pour éviter cet envahissement, elles doivent être tenues pour responsables des infractions qu'elles peuvent commettre à la police de la navigation.

Sté des Vapeurs Lorientais

 

En 1929, le syndicat d'initiatives de Lorient dénonce la malpropreté des rafiots de la Société des Vapeurs Lorientais Port-Louisiens, leur vétusté et les risques d'accident les jours d'affluence. En 1927, elle a transporté 30 643 passagers au Kernével et 10 956 à Larmor. Malgré les remarques et réclamations des usagers et des touristes, rien ne change. On se laisse vivre à la Société des Vapeurs Lorientais Port-Louisiens et les actionnaires aussi apathiques que les membres de leur conseil, se contentent de toucher des dividendes.

La Compagnie des Vapeurs Lorientais Port-Louisiens fait encore parler d'elle. Le dimanche 1er septembre 1929, un de ses vapeurs s'échoue à côté de la cale de Larmor. Les trois cents passagers montés à bord sont contraints de débarquer après que le bateau ait réussi à se dégager.
Une vedette arrivée de Lorient pour rapatrier les voyageurs est repartie à vide devant la foule des personnes à transporter !
Il faut attendre une heure et demie qu'un nouveau vapeur arrive et embarque les braves gens qui avaient eu le courage de patienter.
Le lendemain matin, à la marée, le bateau accidenté est enfin dégagé.