Biens des émigrés
Le 12 floréal an IV (1er mai 1796), un récapitulatif des domaines nationaux affermés fait état à Larmor des biens suivants :
- La métairie de Kerloret, ancien propriétaire Barisy?? prêtre émigré pour 1/6. Le reste à ses frères et sœurs. Fermiers les enfants Roperch, selon bail du 11 janvier 1792 pour 300 livres.
- une presse à sardines à Larmor. Gardye prêtre émigré. Fermier Fraisse, bail du 19 septembre 1793 pour 350 francs.
- la maison du passage de Kernével. Bréart de Boisanger émigré. Fermier Marchand 42 livres.
- maison et jardin à Kernével. Bréart de Boisanger émigré. Fermier Bertrand Mello pour 100 livres.
Quelques émigrés possèdent des biens à Larmor.
Ceux de Bahuno de Kerollain (Blason : de sable, au loup passant d'argent, armé et lampassé de gueules, surmonté d'un croissant du second) sont vendus aux enchères.
- une tenue à Larmor le 12 ventose an VI pour 1600 francs, à Boulbar.
- une tenue à Kervogam le 6 prairial an VI pour 13 300 F, aux édificiers Jean et Louis Halper.
- une autre tenue à Kervogam, au cinquième feu, pour 30 100 F, à Pierre Le Montagner, édificier.
- une tenue à Kerforne possédée par Jean Fleury Le Doussal suivant bail du 30 août 1781 pour un minot et demi de froment, le 12 thermidor an VI pour 2000 F, au fermier.
Louise Antoinette Léziart, (d'argent à trois lézardes de sable, deux et une en pal) veuve du Bois de la Rongère, retirée à Hennebont rachète ses propres biens échus à la république par partage du 26 floréal an VII et restés sous séquestre :
Le 8 brumaire an XIV
- une tenue à Keradehuen possédée par la veuve et les enfants de Jean Morvan suivant bail du 10 janvier 1766, qui payent annuellement 42 décalitres 6 litres ou 8 minots de froment et autant de grosse avoine, 2 chapons ou 1,80 francs en argent. Mise à prix 1979,40 F, elle est adjugée pour 2175 F au sieur Rialan, homme de loi demeurant à Vannes qui déclare agir pour madame Louise Antoinette Léziart
- une autre tenue à Keradehuen, possédée par Guillaume Chessond suivant bail du 5 avril 1785 qui paye 21 décalitres 3 litres ou 4 minots de froments et 1,50 francs en argent. Mise à prix 842 F, elle est adjugée pour 1425 F à Rialan pour le compte de Louise Léziart.
- une tenue à Keramzec possédée par la veuve Stéphan suivant bail du 13 juin 1778 moyennant un loyer de 16 décalitres de froment et une poule. Mise à prix 624 F, elle est achetée pour 690 par Rialan pour Louise Antoinette Léziart, veuve de la Rongères.
- une tenue à Kervogam possédée par Louis Merien suivant bail du 30 décembre 1779 pour 21 décalitres 3 litres de froment, 10 décalitres 7 litres d'avoine, 1 mouton gras et 2 chapons. Mise à prix 1180 F, elle est adjugée à Rialan pour le compte de de la Rongères pour 1300 F.
- une tenue à Locqueltas possédée par Gabriel Fichau selon bail du 18 juin 1787 qui paye 32 décalitres ou 6 minots de froment et 12 francs en argent. Mise à prix 1453 F elle revient à Rialan pour 1255 F.
- une tenue au Ménez possédée par la veuve Gouello et Jacques Coupanec son gendre selon bail du 10 juillet 1785 qui paye 16 décalitres de froment, 21 décalitres 3 litres d'avoine et 7,75 francs en argent. Mise à prix 974 F, elle est achetée par Rialan pour 980 F.
Le 5 frimaire an XIV
- une tenue à Kerderff possédée par François Le Pape selon bail du 11 juin 1783 qui paye annuellement 32 décalitres de froment et 10 d'orge ainsi que 3 francs. Mise à prix 1500 F, elle est acquise par Rialan pour 1525 F pour la veuve de la Rongères.
Le 25 thermidor an VII, elle avait déjà racheté ses moulins (moulin neuf et vieux moulin) situés sur l'étang du Ter, pour la somme de 434 000 F.
Gouvello de Keryaval (d'argent au fer de mule de gueules accompagné de trois molettes du même) possédait une presse à sardines située à Locqueltas. Elle est achetée au cinquième feu, le 17 brumaire an II par Louis Genthon pour 8800 livres. Elle est occupée par Pierre Fontenille et consiste en un bâtiment à deux étages, un autre bâtiment, magasin, salorge, presse, caveau, le tout couvert en ardoises, deux cours. En 1792, le district d'Hennebont avait autorisé et ordonné d'y faire les travaux devenus indispensables pour ne pas laisser dépérir cette propriété nationale. Ils sont financés par la caisse du séquestre sur les deniers provenant des revenus de l'émigré.
Armand Jean-Baptiste de la Pierre de Mélinville (d'or à deux fasces de gueules) possédait 3 tenues sur le secteur.
- celle de Larmor, nommée Manegoueric, possédée par François Boulbard suivant bail authentique, qui paye 44 F de loyer. Elle est achetée le 15 ventose an VI par le fermier en place qui agit pour Thérèse Boulbard épouse de Jean-Marie Trolan pour 10 300 F.
- celle de Quéhello Congard possédée par François Charles est achetée 240 F le 15 frimaire an VII par Jean Antoine Le Masson juge à Vannes, qui est également adjudicataire de celle de Kerderff possédée par Marie Le Bihan, veuve Le Ricoux, pour 257 F.
La duchesse d'Orléans propriétaire du passage de Kermélo.
Le 29 germinal an II (18 avril 1794), Bouvard, receveur des domaines nationaux, informe le district d'Hennebont du bail du passage à mer de Kermélo qu'il vient de découvrir. Il s'agit d'une dépendance du duché de Penthièvre appartenant à la fille du citoyen Bourbon Penthièvre, femme Bourbon d'Orléans, condamnée à la déportation, avec confiscation de ses biens au profit de la république. Le fermier n'entend pas continuer au-delà de l'année courante la jouissance de ce passage. Son bail est échu du 31 décembre 1792, vieux style, aussi, c'est par tacite reconduction qu'il en jouit.
Vous voudrez bien, citoyen, aviser au parti que vous jugerez à propos, soit pour le renouvellement du bail ou pour la vente.
Louise Marie Adélaïde de Bourbon est la fille du duc de Penthièvre. Née à Paris le 13 mars 1753, elle épouse le 5 avril 1769 à Versailles le cousin du roi, Louis Philippe d'Orléans qui est guillotiné le 6 novembre 1793.
Leur fils, Louis-Philippe d'Orléans sera Roi de France sous le nom de Louis-Philippe 1er.
Finalement, le 11 fructidor an II (28 août 1794) le bail du passage de Kermélo est vendu aux enchères.
Séance publique où étaient les citoyens André, Parmantier et Laffillé, administrateurs, le citoyen Cochois, agent national, présent, se sont présentés les citoyens Le Cont receveur de l'agence nationale de l'enregistrement à Hennebont et Bouvard receveur aussi à Lorient, lesquels ont dit qu'en vertu de la lettre des agents nationaux des domaines du trente prairial, portant instruction et transmise à l'administration par le vérificateur Bruté, pour parvenir au bail à loyer de diverses propriétés, ils ont fait faire chacun pour ce qui le concerne des bannies et affiches emportant assignation à ces jour lieu et heure et ont requis la commission administrative de procéder de suite à l'adjudication des dits biens :
La ferme du passage de Poulmélo ou Kermélo, commune de Plœmeur, provenant du ci-devant domaine de Penthièvre échu à la Nation, à la charge au fermier de se fournir et entretenir de bateau, agrès, apparaux et ustensiles ; de se conformer aux anciens règlements sur ce péage et sur le droit de perception, de passer gratis tout ce qui aurait rapport au service des forts de la côte de Plœmeur, le bail pour cinq ans du quinze fructidor.
La commission administrative, oui l'agent national, a adjugé pour la somme de soixante livres le bail du dit passage, au dit Nicolas Le Hunsec, faisant tant pour lui que pour sa mère Marie Le Discot, veuve Le Hunsec, demeurant ensemble à Kerlishouas (actuel Quélisoy) commune de Plœmeur et a le dit Le Hunsec signé avec promesse de faire ratifier.
Les adjudicataires, Nicolas Le Hunsec et sa mère, sont les titulaires du bail arrivé à terme depuis près de deux ans.
Louis Joseph Gardye, prêtre non conformiste, possédait une presse à sardines à Larmor.
Du 11 au 14 germinal an III (du 31 mars au 3 avril 1795) il est procédé à l'estimation de ses biens.
La maison principale située à Larmor, couverte en ardoises, ouvrant au midi sur la place, estimée 1500 livres,
Un petit caveau en ruine, sans couverture, estimé 10 livres,
Une portion de cour au nord des dits édifices, 20 livres,
Une autre maison couverte en ardoises, ouvrant au midi sur la place de Larmor, nommée Thy-er-Presse, 3000 livres,
Une presse à sardines, nommée Er-presse, aussi couverte en ardoises et pavée en petits cailloux, ouvrant au midi sur la place de Larmor, 3000 livres,
Un jardin au nord du précédent contenant sous fonds environ huit cordes, donnant du levant sur hangar, profité par Fraise ; du midi sur logements ; du couchant sur terres à Laville-Buisson ; et du nord sur le parc nommé Parc-er-presse, 400 livres,
Un parc terre chaude sous prairie, au nord du jardin ci-dessus, nommé Parc-er-presse, contenant sous fonds environ un demi journal ; donnant du levant sur le chemin du Kernével à Larmor ; du midi sur le jardin ci-dessus et le placitre de Larmor ; du couchant sur terre et maison Rio ; et du nord sur terre profitée par Philippe Lebesque, 400 livres.
Le tout est affermé au citoyen Fraise par bail du 19 septembre 1793 pour la somme de 350 livres.
Lors de la première séance de vente, aucune enchère n'est portée.
L'adjudication définitive est fixée au 5 thermidor (23 juillet 1795). Mais, l'administration instruite par les papiers publics qu'il existe un décret portant sursis à la vente des biens des ecclésiastiques déportés, arrête : oui le procureur syndic qu'attendu que celui-ci en provient, il ne sera pas procédé à son adjudication définitives.
La verrerie du Kernével
Le 9 vendémiaire an IV, la verrerie du Kernével est vendue aux citoyens Magloire Laurent Bisson et François Romuald Alexandre Moligny demeurant à Lorient pour la somme de neuf mille francs.
L'estimation a été faite six jours plus tôt par Louis Pierre Auger, employé au génie, demeurant à Lorient, expert nommé par délibération de l'administration centrale du département et Louis Joseph Le Guevel expert nommé par les citoyens Bisson et Montigny.
Elle se compose :
1° d'une usine de verrerie, dite la verrerie neuve, composée de ses fourneaux, caves, grilles, piliers et autres compartiments accoutumés et nécessaires dans de telles usines, mais le tout dans un délabrement absolu : la maçonne anguillée en plusieurs parties, la couverture a très grands jours dans toutes ses parties ce qui menace d'un encombrement prochain occasionné par la dégradation de la charpente et son exposition à l'intempérie des saisons.
En la dite verrerie, cinquante-huit barres de fer et outils de verrerie, cinquante cannes à souffler les bouteilles et divers ustensiles en bois avec un soufflet de forge, le tout exposé à l'air depuis plusieurs années.
Joignant la longère du levant, un logement en appentis, composé d'un rez-de-chaussée formant deux pièces, un grenier au-dessus servi par un escalier en bois à l'intérieur.
Joignant du levant ce logement, un grand atelier contenant trois fourneaux en ruine, couvert en ardoises, lambrissé en dedans en forme de voute faite de lattes et mortier de boure.
Un hangar en appentis sur piliers en bois, couvert en ardoises et en état passable.
Un autre appentis en magasin, couvert en tuiles dont il ne reste que quelques vestiges, la plus grande partie de la couverture étant crevée et tombée à l'intérieur.
Une cour contenant les ruines d'un petit magasin.
Un jardin en mauvais état et sans culture.
Un terrain sur lequel sont les ruines d'une maison, d'un petit magasin, d'une espèce d'écurie ou de crèche et un puits. Tous ces édifices en tel mauvais état depuis plusieurs années qu'il n'est pas possible d'en donner autres plus grands détails, les matériaux en existant ne valant pas les frais de démolition et de transport.
Un autre appentis couvert en ardoises, aussi totalement dégradé.
Tous ces édifices forment un ensemble se joignant et communiquant situé sur un terrain sablonneux contenant sous fonds quarante-sept cordes (2960 m²).
Les dits biens ci-dessus estimés ensemble à un revenu annuel de quatre cents francs qui multiplié par dix-huit donne en capital la somme de sept mille deux cents francs.
2° une ancienne verrerie au levant de la précédente dont elle est séparée par un chemin public avec ses dépendances sur un terrain sablonneux, le dit terrain à l'exception de la cour au centre est entièrement sous édifices, contenant de long sept cordes et de large trois cordes et quart ce qui donne une superficie de vingt-deux cordes trois quarts (soit environ 1400 m²).
Sur ce terrain, on trouve les vestiges et décombres d'une ancienne usine de verrerie dont on ne peut donner de détail, n'étant qu'un monceau de ruines dont il reste seulement quelques parties de murs.
Dans la cour, il y a des logements en grande partie dégradés et même en ruine totale. Ceux encore un peu praticables consistent en cinq chambres basses en mansardes et greniers au-dessus et quatre cheminées.
Un appentis couvert en ardoises avec un rez-de-chaussée et un grenier.
Un autre logement encore un peu praticable et un appentis composé de deux chambres basses, deux mansardes et une cheminée.
Cet ensemble est estimé 1800 francs.
Les dits biens dépendant du ci-devant domaine de la couronne dont les biens ont été mis à la disposition de la nation par la loi du 2 novembre 1789.
En fait, la verrerie du Kernével fut créée en 1755 par Pierre-Michel Droneau, ancien échevin de Lorient et caissier de la Compagnie des Indes. Suite à des prétendues irrégularités constatées dans ses comptes en 1772, Droneau est arrêté et la verrerie est éteinte au motif qu'elle perdrait de l'argent. Ses biens sont séquestrés. Une longue procédure s'en suit pendant laquelle la verrerie tombe lentement en ruine.