La presse de Locqueltas

 

 

Le 17 mai 1673, Alain Le Discot laboureur de terres et pêcheur demeurant à Quélisoy baille et délaisse à Jean Prigent hôte débitant vin en détail demeurant au bourg de Plœmeur à titre de rente féagère la propriété et jouissance d'une portion d'une parcelle de terre située au village de Locqueltas contenant cinquante-six pieds de long et trente-neuf de large donnant du côté du midi sur la côte et rivage de la mer, du côté du couchant sur terre dépendant de la seigneurie du Ter, et du nord et du levant sur autre terre appartenant au dit Le Discot.

Le même jour est passé un acte de subrogation par lequel Jean Prigent cède tous ses droits et obligations à Jean Duboys sieur des Sablons, marchand demeurant à Port-Louis.
Il doit payer chaque année et à perpétuité à Alain Le Discot une rente féagère de douze sols tournois ainsi que soixante livres pour faveur et en considération du présent contrat d'afféagement.
Il est convenu entre les parties qu'ils feront construire et bâtir à moitié une muraille du côté du levant laquelle aura de longueur trente-neuf pieds et de hauteur dix pieds sans comprendre les fondements.
Jean Duboys y bâtit une presse à sardines.

Les 7 enfants de Jean Duboys des Sablons procèdent au partage de sa succession le 24 février 1698. Julien Duboys sieur des Sablons, dernier né en 1670 à Port-Louis, alors lieutenant de vaisseau de la Royale, choisit le troisième lot incluant la presse de Locqueltas.

Le 29 novembre 1709, il afferme à sa sœur, Marie Duboys, Dame de Serrecane, demeurant à Belle-Ile, pour douze ans une maison et ses dépendances, servant de presse à sardines au village de Locqueltas. Le fermage est arrêté à cent vingt livres.

En 1732, âgé de 62 ans, il épouse Marie Anne de Castillon de 24 ans sa cadette. Veuve l'année suivante et sans enfant elle jouit de la presse en sa qualité de douairière, laquelle appartient aux héritiers de son défunt mari.
Elle se remarie en 1738 avec Pierre Alexandre Bigot de la Canté.
Le 26 avril 1751, elle déclare posséder une presse à sardines située à Locqueltas, louée verbalement pour trois ans depuis le 1er avril 1749 au sieur Antoine Bremond pour la somme de trois cent livres. Cette presse étant située sur la grève, battue de la mer et des vents et la plupart du temps en chômage, elle estime qu'elle vaut 200 livres de revenu annuel.
Antoine Bremond est également fermier de l'une des presses dite "de Larmor" et propriétaire d'une autre au même endroit.

 

Le 15 décembre 1779, Marie Charlotte Croiset Dumartray agissant pour le compte d'Armand Vincent Joseph Le Gouvello de Keriaval, (également propriétaire du château de Kerlévenan en Sarzeau) renouvelle à Pierre Fontenille, négociant demeurant à Lorient, pour six ans son bail de la presse à sardines de Locqueltas. Le loyer est fixé à 250 livres par an.
BlasonBlason de la famille Le Gouvello de Keriaval : "d'argent au fer de mule de gueules accompagné de trois molettes du même".

Pierre Le Gouvello, père de Marie Joseph Armand, et Marie Charlotte Croiset Dumartray sont les petit neveu et petite nièce de Julien Duboys sieur des Sablons.

En 1782, Marie Joseph Armand Le Gouvello détient la moitié de la presse de Locqueltas à lui échue de la succession de Marie Charlotte Croiset Dumartray.

La famille Gouvello de Keriaval étant émigrée, la presse devenue "bien national" est mise en vente le 17 brumaire an 2 (7 novembre 1793). Il s'agit d'une presse à sardines, située près de Locqueltas, occupée par le citoyen Fontenille, estimée huit mille cent cinquante-cinq livres, consistant en bâtiment à deux étages, autre bâtiment, magasin, salorge, presse, caveau, le tout couvert en ardoises, deux cours.
Le premier feu s'étant éteint sans qu'il n'ait été fait aucune enchère, la vente est reportée au 1er frimaire (21 novembre 1793).
                                         Au premier feu, le citoyen Lacombe offre la somme de 8300 livres.
                                         Au second feu, Genthon a offert 8400, Lacombe 8500, Genthon 8600.
                                         Au troisième feu Lacombe 8700.
                                         Au quatrième feu Genthon huit mille huit cent livres.
signature GenthonLe cinquième feu s'étant éteint sans enchère, la presse est adjugée au citoyen Louis Genthon.

 

Louis Genthon originaire de la Drôme, est né à Romans en 1735. Il décède, rentier, à Caudan le 21 juillet 1810.
Sa fille Marie Anne hérite de la presse qu'elle revend le 12 mars 1818 à Auguste Louis Galabert, propriétaire et commerçant demeurant à Lorient pour la somme de deux mille francs.

Il s'agit d'une presse à sardines, en fonds et édifices ayant dans sa première cour deux bâtiments parallèles à droite et à gauche, à deux étages, couverts d'ardoises de 6,495 m (vingt pieds) de longueur hors d'œuvre, sur 5,520 m (dix-sept pieds) de largeur et de hauteur (quatorze pieds six pouces) 4,708 m formant une cave et divers appartements à feu.
Contre le bâtiment est placé un escalier et son perron en pierres de tailles.
La seconde cour comprend un magasin, une salorge, une presse et un caveau, le tout aussi couvert en ardoises.
La totalité des édifices de la dite presse à sardines est bornée au midi par le mur et chemin de Larmor à Lomener, du couchant et au nord par terre au nommé Le Clanche de Locqueltas, du levant par même terre et chemin.signature Galabert

 

Auguste Galabert, négociant à Lorient, y est né en 1781. Il est l'époux de Lucie Le Lubois de Marsilly. Il décède âgé de 81 ans en 1862 en son château de Kerollain à Lanvaudan.

 

Le 8 décembre 1858, Auguste Galabert et son épouse vendent la presse de Locqueltas à Sébastien Rayet, fabricant de conserves demeurant à Locqueltas, et à Jean-François Trouillet, marchand ferblantier demeurant à Lorient.

Elle est qualifiée de vieille presse à sardines, (même description que ci-dessus) avec en outre tous les droits des vendeurs dans une chaussée établie dans la mer à leurs frais. Cette vente est faite moyennant la somme de 3000 francs.

Sébastien Rayet décède le 18 octobre 1866 à Locqueltas, âgé de 55 ans. Son fils Jean Adolphe Rayet lui succède. Il est le beau-frère d'Achille Guillerme (usine de Kernével), lui-même gendre d'Adolphe Romieux (usine à Larmor), et également beau-père de Stanislas Haloche (usine de Toulhars). Après son décès en 1871, c'est Jean-François Trouillet qui exploite l'usine.


Vers 1877, elle devient la propriété de Noël Le Fel de Lorient qui procède à un agrandissement de construction en 1880.

 

Méry le Beuve

Puis en 1884, Charles Méry le Beuve, négociant à Lorient est le nouveau propriétaire. Les frères Carnoy sont locataires. Fernand Albert Carnoy 35 ans, est né à Contremoulins (76). Il a épousé Eugénie Le Quémener à Plœmeur en 1879, puis veuf, Marie Roy.

Plan prise d'eauLe 17 août 1884 les frères Carnoy sollicitent du préfet l'autorisation d'établir une prise d'eau de mer destinée à fournir l'eau nécessaire au lavage des sardines et à la confection de la saumure servant à saler le poisson. Ils précisent qu'il existe déjà une autre prise d'eau, mais insuffisante dans les mortes eaux.

Le 21 novembre, le préfet leur délivre l'autorisation qui précise que le balancier et le piston de la pompe seront enlevés et enfermés dans le magasin à sel, dont la douane conserve la clé, chaque fois et pendant tout le temps que l'atelier restera inactif.
L'autorisation est accordée à titre précaire et révocable, moyennant une redevance annuelle de 2,50 francs révisable tous les cinq ans.

En 1901, toujours sous l'exploitation de Carnoy, il y a 1 ferblantier.

 

 

En 1926, Lucien Bonnet pour une partie, et Charles Le Sage pour l'autre, sont propriétaires des constructions.