Fort de Kernével
La redoute de Kernével est construite après l'attaque anglaise de 1746 sur Lorient. Une batterie allongée s'intègre dans un fort en étoile avec porte ouverte dans un redan tenaillé. A l'intérieur les deux corps de garde sont axés selon une symétrie par rapport à la pointe sud du fort. La porte à pont levis à chaînes relève un tablier charretier.
Affaire Gillet : infraction aux contraintes de servitudes
En 1852, un litige oppose le sieur Auguste Gillet, fabricant de conserves de sardines au Kernével, au génie. En effet, il reconstruit sa maison d'habitation, incendiée en 1851, située entre les bâtiments de son usine, mais surtout dans la première zone des servitudes défensives de la batterie de Kernével instaurée par la loi du 10 juillet 1851. Il s'agit là d'une contravention aux règlements sur la police des terrains soumis aux servitudes militaires.
Néanmoins, le 21 août 1852, le ministre de la guerre l'autorise à conserver sa maison à condition qu'il souscrive la soumission de démolir dans le cas prévu par la loi ; ce qu'il refuse de faire.
Dans ces conditions, le 1er octobre le garde du Génie lui dresse un procès-verbal en contravention avec injonction de démolir dans les quinze jours. Le 25, le chef du Génie décide de saisir le conseil de préfecture, seul apte à trancher la question.
Le 30 novembre, le conseil de préfecture arrête que le sieur Gillet devra démolir sa construction dans les trois mois, rétablir les lieux dans leur ancien état et le condamne à payer une amende de 16 francs ainsi que les frais de timbres, d'enregistrement et de notification.
Le 4 avril 1853, Auguste Gillet forme un nouveau recours devant le conseil de préfecture qui maintient son arrêt.
Délimitation des zones de servitudes
Le 10 août 1853, un décret portant règlement d'administration publique concerne le classement des places de guerre et des postes militaires, et les servitudes imposées à la propriété autour des fortifications. En application à ce texte, le 13 avril 1854, MM. Dubard, chef de bataillon, chef du génie de la place de Lorient et Dubreil ingénieur des ponts et chaussées procèdent au bornage de 3 zones de servitude, en présence de monsieur de Raime, maire de Plœmeur et des propriétaires concernés. Le procès-verbal et le plan sont homologués par un décret impérial du 12 septembre 1859.
Le 2 octobre 1856, il est procédé à la délimitation du polygone exceptionnel de la batterie de Kernével, suite aux décisions ministérielles des 17 décembre 1855 et 13 mai 1856 (en jaune sur le plan). Ce bornage est homologué par le décret impérial du 18 février 1860.
Le même jour il est procédé au bornage de la zone des limites extérieures de la zone des fortifications du fort de Kernével.
Terrains militaires
En juillet 1874 la commission de défense des côtes prononce l'abandon de la redoute. Son déclassement est effectif en 1888. Cependant les terrains restent dans le domaine militaire.
Le 7 septembre 1912, le ministère de la guerre remet à titre d'occupation temporaire, précaire et révocable, sans redevance ni fixation de durée au Département de la Marine un terrain de 40 m sur 11, situé sur le terrain militaire au nord du fort de Kernével. Cette occupation est concédée pour y effectuer un dépôt de matériel de barrage des passes.
Demande de cession ou de location
Le 28 mai 1933, monsieur Causer demande au conseil municipal que soit étudiée la demande de cession ou de location à la commune par l'administration de la Marine du terrain dépendant des servitudes du petit fort du Kernével. Après quelque aménagement, ce terrain pourrait être mis à la disposition des baigneurs qui, fréquentent la plage à cet endroit.
Aucune suite n'est donnée à ce dossier.
De nos jours
Le terrain et le fort sont toujours la propriété du ministère de la Défense.
L'un des blockhaus, construit à cet endroit lors de l'occupation allemande, abrite le club nautique de la Marine.