Foucard et la verrerie neuve

 

Pour relancer l'activité de la verrerie, Foucard doit se soumettre aux dispositions du décret impérial du 15 octobre 1810 relatif aux manufactures et ateliers qui répandent une odeur insalubre ou incommode et obtenir une autorisation préfectorale.

Le 8 mars 1827, dans sa demande d'autorisation d'exploiter la verrerie, Foucard propriétaire et régisseur de la société en participation qui s'est formée pour son exploitation écrit : j'ose espérer que vous m'accorderez l'autorisation de continuer la fabrication par charbon de terre de bouteilles et verres à vitres dans la verrerie royale du Kernével, titre qui n'a jamais été obtenu par ses prédécesseurs et qu'il n'hésite pas à utiliser dans son en-tête de lettre. 

A l'appui de sa demande il sollicite l'aide des autorités locales. C'est ainsi que le 6 janvier 1827, Lomenech, maire de Plœmeur, intervient en sa faveur auprès du sous-préfet. Tous les habitants de la commune et particulièrement ceux du Kernével verront avec un grand plaisir et un intérêt tout particulier la remise en activité de cet établissement comme un moyen assuré de donner de l'occupation à une foule de malheureux qui manquent souvent d'ouvrage.
Il précise que l'usine par sa situation ne peut aucunement nuire ni porter préjudice à personne. Rien ne s'oppose à ce qu'elle continue ses travaux aujourd'hui comme par le passé.

Le 1er mars, Audren de Kerdrel, le maire de Lorient, lui délivre une attestation précisant que pendant tout le temps de son activité, cette usine a procuré de grands avantages à la ville de Lorient et que sous tous les rapports, on ne peut que désirer de voir continuer en ce pays une branche si essentielle d'industrie qui a contribué pendant tant d'années à fournir l'existence à un grand nombre de familles et donné une si heureuse impulsion au commerce de cette ville. Nous désirons vivement la reprise des travaux de cette usine.

Le 12 mars 1827, le préfet considérant :
- que l'usage exclusif du charbon de terre pour la fabrication du verre au Kernével éloigne tout motif d'opposition puisqu'il ne pourrait y en avoir qu'à raison de l'emploi du combustible végétal ;
- qu'il est d'un avantage reconnu de maintenir les grands établissements industriels et que dès lors on ne peut qu'applaudir à la demande du sieur Foucard ;
Arrête :
Le dit sieur Foucard est autorisé à remettre en activité la verrerie du Kernével telle qu'elle existait avant le décès du sieur Bisson qui en était propriétaire, puis à se pourvoir auprès de l'autorité supérieure dans le cas où il voudrait donner à cet établissement une plus grande extension ou y apporter des changements quelconques.

Le directeur de la verrerie est alors Henry Tallendeau.

 

Un rapport sur la situation de l'industrie au 1er février 1832 indique que la verrerie est actuellement éteinte.

 

Avant 1833, François Mathurin Vrignault, négociant à Lorient et Jean Rotinat, ancien instituteur, négociant, sont les nouveaux propriétaires de la verrerie. Ils sont beaux-frères ayant chacun épousé une demoiselle Carré.

En 1837, un autre rapport du sous-préfet sur la situation de l'industrie agricole et commerciale précise que la verrerie du Kernével n'attend pour travailler que l'abaissement demandé à si juste titre du droit sur l'entrée des houilles étrangères à Lorient. 

Vrignault décède le 25 mars 1843. Ses trois fils Charles Joseph, Edouard Louis et Alphonse Hippolyte héritent de la moitié de la verrerie du Kernével qu'ils cèdent pour la somme de 5000 francs par acte sous seing privé du 20 octobre 1843 à Jean Rotinat qui en devient ainsi l'unique propriétaire.

En 1843 dans un document intitulé "Statistiques de France" on retrouve Jean Rotinat, seul propriétaire de la fabrique ou manufacture de verre du Kernével. Elle est alors en non activité. Néanmoins, d'après ce document, elle compte 44 ouvriers hommes et 8 enfants au-dessus de 16 ans dont le salaire journalier est de 2,90 francs et 0,90 franc. Il y a 3 fourneaux, 1 forge, 1 four, 1 moulin à vent, 1 moulin à manège, 4 chevaux et mulets. 

L'usine utilise du charbon, du sel de soude et du sable d'une valeur de 147 382,80 francs. Elle produit annuellement 171 000 feuilles de verres simples et doubles pour une valeur de 203 879,20 francs vendues sur le littoral de la France, l'Amérique du sud et les iles anglaises de la Manche.

 

Après le décès de Jean Rotinat en 1849, la verrerie devient propriété de ses deux filles, chacune pour moitié. Adèle, épouse de Charles Hello avocat, parents d'Ernest Hello, philosophe, polémiste et Amélie épouse de Marie Joseph Desmarest, professeur de mathématiques. 

 

Nous ignorons ce qu'il advient de la verrerie. Toutefois, il semble qu'en 1867 Jules Laureau y installe sa fabrique d'engrais.