Construction d'un môle et approfondissement du port

 


En 1893 la compagnie des vapeurs Port-Louisiens annonce avoir transporté à Larmor 23 932 passagers de juin à septembre.

Sous la pression, de nouvelles études reconnues indispensables du fait du développement de l'activité touristique à Larmor, conduisent l'ingénieur Mallat à dresser un projet entièrement nouveau le 3 juillet 1894.

Tout en acquérant ainsi une importance nouvelle, Larmor conservait son activité commerciale. Quatre usines pour la fabrication des conserves de sardine et de thon y sont installées ; des mareyeurs y font l'expédition du poisson en vert, et les pêcheurs de toute la région viennent y apporter leur pêche. Il n'est pas douteux que si ces pêcheurs pouvaient y accoster à toute heure de marée et par tous les temps, leur nombre serait encore beaucoup plus considérable.

Il faut que les bateaux de pêche comme les bateaux de voyageurs puissent accoster les cales à toute heure de marée à l'abri des lames et de la grande houle.

Or le projet approuvé en 1884 est inadapté au service des voyageurs. En effet les bateaux qui font ce service ont un tirant d'eau tel qu'ils ne pourraient débarquer des passagers qu'à partir de la mi-marée. D'où la réalisation d'un nouveau projet donnant satisfaction à tous les intérêts en cause.
Le nouvel ouvrage partira du rivage pour aboutir au saillant du massif de rochers en suivant sensiblement la direction ouest-est. Toute la partie du rocher située au nord sera enlevée pour que les bateaux puissent s'y abriter. Une cale située à l'intérieur du môle permettra l'accostage et remplacera la cale submersible actuelle qui sera démolie.
Le môle aura la forme d'un arc de cercle ayant 152 mètres de longueur. Son coût est estimé à 67 000 F.
Le 29 octobre 1894, le ministère qui a soumis le projet à l'avis du conseil général des ponts et chaussées demande en particulier que soit apportée une modification dans l'orientation du môle qui permettrait d'en réduire la longueur de plus de 10 m.

 

Une récente loi sur la marine marchande permet d'établir dans un port des péages temporaires pour assurer le remboursement des emprunts contractés. Ces péages sont payables par les navires en raison de leur tonnage de jauge, des quantités de marchandises et du nombre des voyageurs embarqués et débarqués. Il serait ainsi possible d'autoriser la commune de Plœmeur à percevoir des taxes sur les voyageurs.

Le produit d'une taxe de 0,10 F par passager permettrait à la commune d'amortir un emprunt de 24 000 F sur 20 ans, bouclant ainsi le budget.
Le 26 janvier 1895, le projet est modifié pour tenir compte des exigences ministérielles. Au lieu d'un seul alignement courbe, le môle comporte maintenant deux alignements droits faisant entre eux un angle de 134° et dont la longueur n'est plus que de 137 m. Le coût du nouvel ouvrage est évalué à 57.000 F, soit 10.000 F de moins que le précédent projet.

 

Mais il s'avère que le nombre des voyageurs débarqués à Larmor doit être revu à la baisse après que le gérant de la compagnie des vapeurs Port-Louisiens ait refait ses calculs. Il n'était que de 16 491 en 1893 et de 12 324 en 1894. En retenant le chiffre rond de 12 000 passagers, cela n'autorise plus qu'un emprunt de 17 000 F par la commune ou de 20 000 F mais sur 28 ans.

Pour le financement il est donc proposé que l'état prenne à sa charge 55% soit 31 350 F et la commune 25 650 F (6000 de subvention et 20 000 en emprunt)

1895 Projet mole 5ETP623

 

 

Le 5 avril 1895, 57 propriétaires, industriels, armateurs, commerçants et pêcheurs demandent au ministre de hâter le commencement des travaux. Et afin de montrer à l'administration l'intérêt énorme que la population attache à l'exécution de ce projet, ils s'engagent à verser dans les caisses de l'état les sommes souscrites par chacun d'eux, soit au total 2276 F.

Le 10 avril 1895, le ministère décide qu'il y a lieu de soumettre l'avant-projet à l'examen d'une commission nautique locale, après qu'il aura été modifié de manière à porter au moins à 0,60 m l'épaisseur des parements maçonnés avec ciment de Portland au-dessus de la cote (3.00).

 

Les modifications apportées au projet, il est validé par l'ingénieur en chef Willotte le 1er juillet.
La commission nautique nommée par le préfet se réunit sur la plage le 26 juillet. Elle est composée de messieurs :
          De Raime Maire de Plœmeur, Président ;
          Le Montagner, syndic des gens de mer de Larmor ;
          Bougnot, gérant de la compagnie des vapeurs Port-Louisiens ;
          Créour Marc, pêcheur à Kerderff ;
          Goulven, ancien capitaine au long cours ;
          Guennec, patron de vapeur à la compagnie des vapeurs Port-Louisiens ;
          Le Bras, fabricant de conserves de poissons à Larmor ;
                                                                                                   Ménard Jean, pêcheur au Méné.
Après que messieurs Mallat, ingénieur et Boutvilain, conducteur des ponts et chaussées aient présenté le projet, la commission l'approuve à l'unanimité.

Le 23 novembre 1895, le ministère décide :
- d'approuver l'avant-projet présenté, s'élevant dorénavant à 60 000 F.
- de fixer à 27 000 F la subvention à fournir par la commune, ajoutant qu'avant de poursuivre l'instruction de l'affaire, il est nécessaire qu'elle s'engage à fournir cette contribution.

Le 9 février 1896, le conseil municipal de Plœmeur refuse de prendre un engagement quelconque au sujet de sa part contributive sous prétexte qu'il arrive à la fin de son mandat. . .

La chambre de commerce informée de cette position décide le 9 avril de faire pression sur la commune pour qu'elle accepte la décision ministérielle, ainsi que sur le conseil général pour obtenir sa participation financière.

Le 28 juin, sur proposition de M. Duliscouët le conseil municipal de Plœmeur vote une subvention de 10 000 F pour la construction du môle.

En octobre, à la demande des marins, pêcheurs et armateurs, l'ingénieur Mallat sollicite du ministre des travaux publics l'établissement au port de Larmor d'un baromètre indiquant les prévisions du temps. Cette demande est sans doute restée vaine puisqu'elle est renouvelée le 21 novembre.
Le 26 décembre, le ministre informe le préfet que son collègue, le ministre de la marine, mis au courant de cette demande, a prescrit au chef du service hydraulique de faire expédier un baromètre. Il sera délivré à titre de prêt et installé par les ponts et chaussées.

Le même jour, 26 décembre 1896, le conseil municipal de Plœmeur, prié de préciser comment il compte financer les 17 000 F restant, maintient son vote de 10 000 F et refuse de rentrer dans d'autres détails.

Dans ces conditions, l'ingénieur des ponts conclut que quelque regrettable que soit l'abandon du projet d'amélioration du port de Larmor, le vote du conseil municipal de Plœmeur rend sa réalisation tout à fait impossible.

En février 1897, monsieur Le Dantec, conseiller général du 2e canton de Lorient propose que la chambre de commerce se substitue à la commune pour le financement des 17 000 F en instaurant à son profit la taxe sur les passagers que Plœmeur refuse d'envisager.

Deux mois plus tard, monsieur Louis Romieux, Larmorien et avocat à Lorient, propose de réduire à 0,05 F la taxe que payeraient les voyageurs et d'instaurer une taxe identique sur chaque caisse de boites de sardines fabriquées. La perception de ces taxes serait faite pour le compte de la chambre de commerce. Cette combinaison aurait l'énorme mérite de faire aboutir enfin un projet qui traine depuis plus de 20 ans.

Dans sa séance du 12 novembre, la chambre de commerce de Lorient accepte de parfaire la somme nécessaire à l'établissement de la cale en fournissant la somme de 17 000 F.

Nous ignorons la suite donnée à cette affaire, mais une chose est sure, le môle n'a jamais vu le jour. Une fois de plus le projet de construction d'un môle est abandonné. Le problème reste entier.