La jetée du Petit Port

 

 

Le 5 avril 1847, la municipalité de Plœmeur sollicite des autorités - préfet, députés, conseil général - de reconnaitre la nécessité de restaurer la chaussée des deux ports de Lomener et de Larmor.
Dans l'intérêt de la navigation et pour donner un abri assuré aux nombreux bateaux de notre littoral et de l'ile de Groix qui font la pêche de la sardine ou poisson frais, pépinière de matelots, soit qu'ils soient contrariés par les ventes ou surpris par la tempête, soit qu'ils veuillent aborder au contraire pour y vendre le produit de leur pêche, la commune souhaite obtenir du gouvernement une subvention afin de remettre en état les chaussées des ports.

Peu de temps après, le conseil général ajoute les havres de Larmor et de Lomener aux onze ports de l'arrondissement de Lorient qui reçoivent de l'état un fonds annuel d'entretien.

En 1852, le conseil général émet le vœu que l'on établisse une jetée à Larmor afin de permettre aux pêcheurs d'abriter leurs embarcations et de leur faciliter le débarquement du poisson. Les choses avancent très lentement puisque ce n'est que le 31 octobre 1854, qu'un projet de jetée est soumis à l'approbation du ministère des travaux publics.

Finalement entre 1854 et 1857, une jetée de pierres sèches est construite par les pêcheurs ; il s'agit de la cale de l'actuel Petit Port.

 

 

 

 


 

 

Projet de cale de débarquement

 

 

Le 19 septembre 1857 s'ouvre une conférence relative à un projet d'amélioration de la cale de débarquement créée à Larmor par les pêcheurs de la localité.
Elle réunit messieurs Le Nouvel, chef de bataillon du génie à Lorient, Noyon, ingénieur des ponts et chaussées chargé des travaux maritimes, Le Bouëdec, ingénieur des ponts et chaussées attaché au service des travaux hydrauliques.

1857 Amelioration 4S1247

 

 

Pour améliorer et compléter les moyens de débarquement que les pêcheurs ont créés à Larmor, les ponts et chaussées proposent de prolonger la rampe IK existante par une cale ABC afin de pouvoir accoster à marée basse près des fabriques de conserves de sardines.
L'ouvrage aurait 60 m de long sur 3 m de large. Dans la partie AB, on comblerait avec de la maçonnerie de blocage les anfractuosités qui existent entre les rochers. L'extrémité BC en saillie de 10 m sur le massif rocheux FG serait en maçonnerie avec mortier et on enlèverait les portions de rocher qui gêneraient l'accès au sud du débarcadère.
Pour réduire la dépense, l'administration a l'intention d'extraire à la côte sur les points V, U et Z les pierres à employer dans les maçonneries de la cale projetée.

Le chef du génie ne voit pas d'inconvénient à cet ouvrage. En effet, le seul but que l'ennemi pourrait se proposer en débarquant sur cette partie du littoral serait de s'emparer du fort de Locqueltas pour en détruire les feux dans le cas d'une attaque de Lorient par mer. Or une attaque de ce genre n'est guère à redouter, et dans tous les cas l'ennemi ne choisirait pas pour son débarquement un point situé dans le triangle formé par les batteries de Locqueltas, de Gâvres et de Port-Louis.

L'ingénieur des travaux hydrauliques pense que le projet est très utile pour la population maritime et donne un avis favorable.

Le directeur des fortifications à Brest donne au nom du département de la guerre adhésion pure et simple à l'exécution immédiate des travaux dont il s'agit.

L'ingénieur en chef des travaux maritimes demande que l'adhésion du service de la marine soit donnée sans délais afin que les travaux puissent être commencés à la basse mer de vive eau d'octobre prochain.

Le directeur des travaux hydrauliques est d'avis que les travaux sont sans inconvénient pour son service.

Finalement, ce sont deux cales qui sont construites entre 1857 et 1864, année où l'on trouve des preuves de leur existence. Elles sont dénommées cale nord et cale sud.

1865 Cale 4S463

 

 

 

En effet le 31 octobre 1864, le sieur Lamour, propriétaire d'une presse à sardine (à la pointe des Blagueurs) saisit le conseil de préfecture pour obtenir réparation des dégradations causées par la mer aux fondations de sa maison lors des grandes marées de février et mars. Il affirme que ces dommages sont dus à la construction des deux cales de débarquement et d'un escalier.

Le conseil estime que les nouvelles cales n'ont pas pu modifier le régime de la grève, ni influencer en quoi que ce soit la direction des lames ou en augmenter la violence. Quant à l'escalier, il a été construit à la demande de M. Lamour pour remplacer une rampe d'accès en mauvais état et n'a pu en aucune façon augmenter la violence de la mer en ce point.

En conséquence, la demande du sieur Lamour est rejetée.

 

 

Construction d'un mur de soutènement au petit port

En février 1869, le maire de Plœmeur expose au conseil que la voie donnant accès au petit port de Larmor est devenue impraticable par suite d'éboulements successifs et des dégâts occasionnés par les dernières tempêtes. Cette voie de communication, une des principales rues du village, est indispensable aux piétons et aux voitures qui se rendent à la côte ou dans les fabriques de conserves. La construction d'un fort mur de soutènement destiné à maintenir les remblais est nécessaire.
Le conseil considère qu'il y a urgence à exécuter les travaux. Il approuve le marché de gré à gré préparé avec monsieur Calvar, entrepreneur, et vote un crédit de 1300 francs pour la construction du mur.

 


 

 

Amélioration du port

 

 

Prolongement de la cale
Le 22 novembre 1871, le conducteur des ponts et chaussées propose à son supérieur des améliorations à apporter au port de Larmor dont les cales sont fréquemment submergées par l'eau. En effet, à marée haute dans les vives eaux dès lors que la mer est un peu agitée, les bateaux sont obligés d'aller chercher un abri dans la crique située au nord de la jetée insubmersible.
Lorsque les marées atteignent la cote 5,20 m à l'échelle du bassin du port de Lorient, la cale sud est transformée en ile. Pendant deux heures, le commerce est interrompu pour les marins qui arrivent à la pleine mer pour écouler le produit de leur pêche. Les marins et les industriels du pays m'ont à différentes reprises fait remarquer la fâcheuse situation dans laquelle cet état de chose les plonge. Ce sont 150 bateaux de pêche qui fréquentent régulièrement le port de Larmor. Les pêcheurs demandent que la petite cale soit exhaussée et prolongée.
Les ponts et chaussées évaluent les travaux à 2000 F.

Dès le 28 novembre, monsieur Pierre Borgard, entrepreneur à Lorient s'engage à exécuter les travaux selon les instructions qui lui seront données. Il est probable qu'ils n'ont pas été réalisés puisque 3 ans plus tard il est à nouveau question de prolonger la cale nord.

En 1874, le conseil d'arrondissement de Lorient demande que la cale de débarquement située au nord soit prolongée. En octobre, le conseil général prend en considération cette requête du fait de l'importance du port de Larmor où existent des établissements importants alimentés par la pêche. La question est mise à l'étude.

Pétition
Le 8 novembre 1875, les habitants, pêcheurs et industriels de Larmor adressent une pétition au ministre attirant son attention sur la situation fâcheuse dans laquelle se trouvent les ouvrages du port.
Il serait indispensable d'y créer une jetée nouvelle donnant à la fois de l'abri et un facile débarquement aux chaloupes de pêche qui parfois au nombre de 300 viennent se presser autour des cales et essayent d'accoster. Le débarquement n'est possible qu'en pénétrant dans l'eau et souvent les pêcheurs y restent à mi-corps pendant tout le temps du déchargement.
Pour hâter les travaux, les usagers du port de Larmor, négociants, industriels, commerçants et pêcheurs vont jusqu'à proposer de concourir à la dépense en s'engageant chacun pour une certaine somme. A la date du 3 décembre, 833 francs sont ainsi promis par les intéressés.

Les ponts et chaussées pas vraiment favorables
Fin 1875, le capitaine de frégate Simon en résidence à Lorient prend l'initiative de réaliser une étude sur les améliorations propres à faciliter l'entrée de la rade de Lorient.
Il démontre l'utilité de la construction d'un port à Larmor qui servirait d'abri aux caboteurs lorsque le mauvais temps leur interdit l'entrée de la rade, les obligeant à se retirer au Kernével, à Port-Louis ou à Locmalo.
Il propose la construction d'une jetée de 300 m de longueur, enracinée dans les rochers qui sont au sud du port et se prolongeant jusqu'au fond de 3 m.
L'administration des ponts et chaussées, chargée d'étudier ce rapport, estime le 16 septembre 1876 qu'il n'y a pas lieu de donner suite à ces propositions. Cet avis est validé par le ministre des travaux publics le 3 avril 1877.

Un rapport de Boudvilain, conducteur des ponts et chaussées, du 15 mai 1878, rappelle que les pétitionnaires de 1875 réclament une amélioration des ouvrages existants pour leur fournir de la profondeur d'eau et de l'abri.
Il souligne qu'il existe à Larmor plusieurs usines de conserves alimentaires, un grand nombre de négociants en rogue dont les ventes peuvent être estimées à 5000 barils par an. Ces négociants font également l'expédition de poissons en vert. Enfin, un négociant en vins reçoit annuellement environ 250 tonneaux.
Les marins qui fréquentent Larmor sont presque tous étrangers. Les industriels se contentent de s'abonner pendant la saison de la sardine à plusieurs patrons de chaloupes de Port-Louis, Locmalo, Gâvres et Locmiquélic. Les bateaux inscrits au syndicat de Larmor ne dépassent pas le nombre de 10.
Pendant l'été, saison commerciale de l'endroit, les chaloupes de pêche doivent trouver, pensons-nous, avec les ouvrages existants des moyens sinon entièrement faciles d'embarquement et de débarquement au moins suffisants.
Reste maintenant la question des caboteurs chargés de rogue, d'huile, de caisses de sardines, de vin, etc. il est certain que la difficulté d'embarquer et de débarquer est plus grande pour eux. Ils ne peuvent guère faire cette opération que le long de la jetée, mais il arrive que le tirant d'eau de ces bateaux ne leur permette pas toujours l'accostage ; c'est ce qui doit arriver pendant les mortes eaux.

Ainsi par exemple, monsieur Léonce Boy transporte annuellement de Lorient à Larmor et vice versa :
                                        7000 caisses de sardines à l'huile, pesant      210 tonneaux,
                                        600 barils de rogue de morue                         180
                                        80 pièces d'huile d'olive                                    40
                                        Sel                                                                     30
                                        600 caisses de fer blanc, plomb…                    50
                                       7000 caisses vides                                             45
                                       Charbon de terre et de bois                                35
Soit au total 590 tonneaux de marchandises que je ferais transporter par mer avec une économie de 2 F par tonneau s'il y avait à Larmor un port convenable.

Donc les industriels et négociants ne peuvent employer le transport par eau que pendant les marées de vives eaux. Le reste du temps, ils emploient forcément le transport par voie de terre au détriment de leurs intérêts.
Le transport continuel par eau ne peut avoir lieu qu'avec l'exécution d'une jetée, c'est-à-dire en faisant supporter à l'état une dépense assez considérable. La question se résume par la présence de deux intérêts. L'un serait-il une juste compensation de l'autre ? L'importance du port de Larmor au point de vue commercial serait-il en rapport des sacrifices que l'état se verrait imposer ?
Il conclut : nous pensons que Larmor ne pourrait pas lutter avec Port-Louis, Locmalo et Gâvres où sont établies un grand nombre d'usines et où existent de très bons ports offrant toute la sécurité nécessaire pour la conservation des chaloupes de pêche.

Le 16 septembre, le conducteur des ponts et chaussées rédige un nouveau rapport.
Aux dires des marins, ils ne fréquentent le port de Larmor que pendant l'été, période de la pêche à la sardine. Monsieur Boy, négociant à Lorient, par exemple, possède 20 à 30 bateaux immatriculés à Concarneau. Ils sont présents à Larmor pendant la pêche et rentrent à leur port d'attache à l'entrée de l'hiver.
Pendant l'hiver, moins de 10 bateaux restent au port.
Les commerçants et les marins prétendent qu'un marché aux poissons s'établirait si un ouvrage d'abri était fait. Ils demandent qu'une jetée insubmersible soit construite à l'emplacement de la cale nord.
Enfin, il signale qu'il n'y a pas de cale pour l'usine Camus (à l'emplacement de l'actuelle école N.-D. de Larmor). Le débarquement du poisson se fait sur la grève ; les marins se mettent à l'eau jusqu'à la ceinture.
Mais il termine encore par une appréciation négative : le port abri demandé serait celui de l'avenir en supposant qu'un marché aux poissons s'établisse à Larmor et fasse concurrence à Locmalo et Port-Louis, ce qui est douteux.

Changement de position des ponts et chaussées
Cependant, le 30 janvier 1879, monsieur Bourdelles, ingénieur ordinaire des ponts et chaussées, faisant suite à une pétition, établit un rapport sur l'amélioration du port de Larmor.

Le petit port de Larmor n'est plus à la hauteur des besoins. Il assèche à peu près complètement à mi-marée. Les chaloupes pontées peuvent à peine y accéder . . . on est pratiquement obligé de renoncer à la voie maritime pour tous les transports.
Quant aux deux cales, submersibles, elles sont insuffisantes pour les bateaux de pêche.
L'importance de Larmor justifie suffisamment l'amélioration de son port. Cinq usines fabriquent annuellement des conserves à l'huile pour une valeur de 400 000 F environ. Les expéditions en vert atteignent le chiffre de 60 000 F. Ces industries occupent pendant la saison de la pêche plus de deux cents ouvriers. Elles sont alimentées par 56 bateaux abonnés aux usines et montées par 380 marins. Des bateaux libres en nombre à peu près égal viennent vendre de la sardine à Larmor et rentrent dans leur port d'attache en hiver.

La situation de Larmor est très favorable à l'industrie de la pêche. C'est le point de la côte le plus rapproché du chemin de fer et le mieux placé pour l'expédition du poisson en vert. Son emplacement est excellent au point de vue maritime.

Contrairement au conducteur Boudvilain son subalterne, l'ingénieur Bourdelles pense qu'avec un bon port Larmor serait choisi de préférence à Locmalo.
L'amélioration du port de Larmor, également réclamée par la chambre de commerce de Lorient, est amplement justifiée. En outre les intéressés offrent de concourir à la dépense pour la somme de 833 francs.

Il élabore un avant-projet d'amélioration du port de Larmor dont il évalue le cout à 39 000 F.

En avril 1879 une conférence mixte réunit messieurs Coville, chef du génie à Lorient, Herpin, ingénieur des travaux hydrauliques du port militaire, Bourdelles, ingénieur des ponts et chaussées pour étudier le projet élaboré par l'ingénieur des ponts.
Les travaux consistent en :
            - redressement de la cale existante ;
            - construction d'un môle adossé à la face nord de cette cale sur une longueur de 35,50 m et se prolongeant sur 32,50 m dans la direction nord-est ;
          - établissement d'une nouvelle cale intérieure adossée à la branche du môle et le dressement selon un plan incliné régulier de tout le rocher qui s'étend au-dessus des basses mers entre le môle projeté et la jetée du vieux port.
Le chef du génie, l'ingénieur des travaux hydrauliques, le département de la guerre, le directeur des travaux hydrauliques donnent tous un avis favorable à l'exécution de ces travaux.

Le 3 janvier 1880, cet avant-projet est approuvé par le ministre des travaux publics sous réserve de modifications importantes dans le mode de fondation et du concours financier de la commune. Un projet définitif devra être rédigé.

Le 14 mai 1881, le ministère s'inquiète de n'avoir toujours pas reçu le projet définitif. La raison de ce retard réside dans la nécessité d'effectuer des sondages. En outre, la commune de Plœmeur sollicitée pour un concours financier n'a pas encore répondu.

Finalement, le conseil municipal de Plœmeur est d'accord pour venir en aide, autant que possible, à l'accomplissement du travail en question et réserve sa participation en fonction de l'importance du chantier.

Le 16 novembre, l'ingénieur Herpin rédige le projet définitif avec devis et cahier des charges. Les sondages réalisés mettent en évidence des difficultés techniques à satisfaire la demande du ministère quant aux fondations du môle. Dans ces conditions, il propose d'utiliser le même système qu'à Arlan (ile d'Ouessant).
La dépense totale chiffrée à 45 575 F est supérieure à celle de l'avant-projet du fait d'une augmentation du cube de la maçonnerie nécessaire et du changement apporté au mode de fondation.

 

 

   

 

 

Le sous-préfet demande à la commune si elle accepte de participer à hauteur d'au moins le tiers du coût des travaux. Le 26 décembre 1881, le conseil déclare qu'il n'est pas possible à la commune de faire un pareil sacrifice en ce moment pour des travaux dont la nécessité n'est pas reconnue.

Le 26 janvier 1882, l'ingénieur en chef des ponts et chaussées estime que c'est là une fin de non-recevoir qui nous parait suffisante pour motiver l'ajournement absolu de ce travail puisque nous ne demandions en réalité à cette commune qu'une subvention de 6000 F soit 1/8e de la dépense totale du projet, proportion bien inférieure au concours que l'administration a toujours exigé en pareil cas.
Toutefois pour que l'étude complète que notre service a faite ne reste pas sans fruit et dans l'espoir que la commune de Plœmeur reviendra un jour à une plus juste appréciation de ses véritables intérêts, nous proposons de remettre à l'approbation de l'administration supérieure le projet.

Le 1er avril 1882, le ministère répond que les enrochements projetés autour de la jetée ne paraissent pas suffisants pour garantir les fondations. Il demande donc de modifier le projet en conséquence.

Ce n'est que le 7 juin 1884 qu'est présenté un projet modifié conformément à la décision ministérielle ainsi qu'un cahier des charges modifié par l'ajout de quelques articles.
Le devis estimatif s'élève maintenant à 54 000 F, étant entendu que l'exécution des travaux est conditionnée par le retour de la commune de Plœmeur sur son refus de participation financière.
L'ingénieur en chef Baum estime qu'il y a lieu pour l'administration supérieure :
- d'approuver les dispositions techniques ;
- d'ajourner sa mise à exécution tant que la commune de Plœmeur, ou à défaut le département, n'aura pas versé une subvention de 14 000 F égale au quart de la dépense totale.

Le 6 septembre, après avis favorable du conseil général des ponts et chaussées, le ministre des travaux publics approuve les propositions de l'ingénieur en chef.

Puis l'ingénieur en chef propose que le département participe à la dépense pour 4000 F et la commune pour 10 000 F.
En novembre, le conseil municipal fait observer que la commune a beaucoup de charges en ce moment. Elle a voté en mai une somme de 17 325 F pour le rachat du pont de Kermélo. Elle a des écoles à créer. Il serait très difficile d'emprunter une nouvelle somme de 10 000 F. Mais il accepterait de payer 4 000 F si le département prenait à sa charge 10 000 F.

En avril 1885, le conseil général est amené à se prononcer sur cette affaire. Mais la somme de 10 000 F est jugée trop élevée pour une seule commune et l'avis de la commission des finances est nécessaire. La question est ajournée et renvoyée à la session d'août au cours de laquelle la question de la subvention à accorder aux travaux d'améliorations du port de Larmor est largement débattue. Finalement le conseil prononce une nouvelle fois l'ajournement pour complément d'informations.

Le conseil municipal de Plœmeur restant inflexible sur sa participation à hauteur de 4 000 F, en mai 1886 le conseil général renvoie encore l'examen de l'affaire à la session budgétaire d'août. Finalement, le 25 aout 1887 en raison de la situation du budget départemental qui ne lui permet pas d'affecter une somme aussi élevée, le conseil général rejette toute participation aux dépenses tout en reconnaissant l'utilité des travaux.

Ainsi le projet d'amélioration du port de Larmor est définitivement enterré.

 


  

 

Construction d'un môle et approfondissement du port

 


En 1893 la compagnie des vapeurs Port-Louisiens annonce avoir transporté à Larmor 23 932 passagers de juin à septembre.

Sous la pression, de nouvelles études reconnues indispensables du fait du développement de l'activité touristique à Larmor, conduisent l'ingénieur Mallat à dresser un projet entièrement nouveau le 3 juillet 1894.

Tout en acquérant ainsi une importance nouvelle, Larmor conservait son activité commerciale. Quatre usines pour la fabrication des conserves de sardine et de thon y sont installées ; des mareyeurs y font l'expédition du poisson en vert, et les pêcheurs de toute la région viennent y apporter leur pêche. Il n'est pas douteux que si ces pêcheurs pouvaient y accoster à toute heure de marée et par tous les temps, leur nombre serait encore beaucoup plus considérable.

Il faut que les bateaux de pêche comme les bateaux de voyageurs puissent accoster les cales à toute heure de marée à l'abri des lames et de la grande houle.

Or le projet approuvé en 1884 est inadapté au service des voyageurs. En effet les bateaux qui font ce service ont un tirant d'eau tel qu'ils ne pourraient débarquer des passagers qu'à partir de la mi-marée. D'où la réalisation d'un nouveau projet donnant satisfaction à tous les intérêts en cause.
Le nouvel ouvrage partira du rivage pour aboutir au saillant du massif de rochers en suivant sensiblement la direction ouest-est. Toute la partie du rocher située au nord sera enlevée pour que les bateaux puissent s'y abriter. Une cale située à l'intérieur du môle permettra l'accostage et remplacera la cale submersible actuelle qui sera démolie.
Le môle aura la forme d'un arc de cercle ayant 152 mètres de longueur. Son coût est estimé à 67 000 F.
Le 29 octobre 1894, le ministère qui a soumis le projet à l'avis du conseil général des ponts et chaussées demande en particulier que soit apportée une modification dans l'orientation du môle qui permettrait d'en réduire la longueur de plus de 10 m.

 

Une récente loi sur la marine marchande permet d'établir dans un port des péages temporaires pour assurer le remboursement des emprunts contractés. Ces péages sont payables par les navires en raison de leur tonnage de jauge, des quantités de marchandises et du nombre des voyageurs embarqués et débarqués. Il serait ainsi possible d'autoriser la commune de Plœmeur à percevoir des taxes sur les voyageurs.

Le produit d'une taxe de 0,10 F par passager permettrait à la commune d'amortir un emprunt de 24 000 F sur 20 ans, bouclant ainsi le budget.
Le 26 janvier 1895, le projet est modifié pour tenir compte des exigences ministérielles. Au lieu d'un seul alignement courbe, le môle comporte maintenant deux alignements droits faisant entre eux un angle de 134° et dont la longueur n'est plus que de 137 m. Le coût du nouvel ouvrage est évalué à 57.000 F, soit 10.000 F de moins que le précédent projet.

 

Mais il s'avère que le nombre des voyageurs débarqués à Larmor doit être revu à la baisse après que le gérant de la compagnie des vapeurs Port-Louisiens ait refait ses calculs. Il n'était que de 16 491 en 1893 et de 12 324 en 1894. En retenant le chiffre rond de 12 000 passagers, cela n'autorise plus qu'un emprunt de 17 000 F par la commune ou de 20 000 F mais sur 28 ans.

Pour le financement il est donc proposé que l'état prenne à sa charge 55% soit 31 350 F et la commune 25 650 F (6000 de subvention et 20 000 en emprunt)

1895 Projet mole 5ETP623

 

 

Le 5 avril 1895, 57 propriétaires, industriels, armateurs, commerçants et pêcheurs demandent au ministre de hâter le commencement des travaux. Et afin de montrer à l'administration l'intérêt énorme que la population attache à l'exécution de ce projet, ils s'engagent à verser dans les caisses de l'état les sommes souscrites par chacun d'eux, soit au total 2276 F.

Le 10 avril 1895, le ministère décide qu'il y a lieu de soumettre l'avant-projet à l'examen d'une commission nautique locale, après qu'il aura été modifié de manière à porter au moins à 0,60 m l'épaisseur des parements maçonnés avec ciment de Portland au-dessus de la cote (3.00).

 

Les modifications apportées au projet, il est validé par l'ingénieur en chef Willotte le 1er juillet.
La commission nautique nommée par le préfet se réunit sur la plage le 26 juillet. Elle est composée de messieurs :
          De Raime Maire de Plœmeur, Président ;
          Le Montagner, syndic des gens de mer de Larmor ;
          Bougnot, gérant de la compagnie des vapeurs Port-Louisiens ;
          Créour Marc, pêcheur à Kerderff ;
          Goulven, ancien capitaine au long cours ;
          Guennec, patron de vapeur à la compagnie des vapeurs Port-Louisiens ;
          Le Bras, fabricant de conserves de poissons à Larmor ;
                                                                                                   Ménard Jean, pêcheur au Méné.
Après que messieurs Mallat, ingénieur et Boutvilain, conducteur des ponts et chaussées aient présenté le projet, la commission l'approuve à l'unanimité.

Le 23 novembre 1895, le ministère décide :
- d'approuver l'avant-projet présenté, s'élevant dorénavant à 60 000 F.
- de fixer à 27 000 F la subvention à fournir par la commune, ajoutant qu'avant de poursuivre l'instruction de l'affaire, il est nécessaire qu'elle s'engage à fournir cette contribution.

Le 9 février 1896, le conseil municipal de Plœmeur refuse de prendre un engagement quelconque au sujet de sa part contributive sous prétexte qu'il arrive à la fin de son mandat. . .

La chambre de commerce informée de cette position décide le 9 avril de faire pression sur la commune pour qu'elle accepte la décision ministérielle, ainsi que sur le conseil général pour obtenir sa participation financière.

Le 28 juin, sur proposition de M. Duliscouët le conseil municipal de Plœmeur vote une subvention de 10 000 F pour la construction du môle.

En octobre, à la demande des marins, pêcheurs et armateurs, l'ingénieur Mallat sollicite du ministre des travaux publics l'établissement au port de Larmor d'un baromètre indiquant les prévisions du temps. Cette demande est sans doute restée vaine puisqu'elle est renouvelée le 21 novembre.
Le 26 décembre, le ministre informe le préfet que son collègue, le ministre de la marine, mis au courant de cette demande, a prescrit au chef du service hydraulique de faire expédier un baromètre. Il sera délivré à titre de prêt et installé par les ponts et chaussées.

Le même jour, 26 décembre 1896, le conseil municipal de Plœmeur, prié de préciser comment il compte financer les 17 000 F restant, maintient son vote de 10 000 F et refuse de rentrer dans d'autres détails.

Dans ces conditions, l'ingénieur des ponts conclut que quelque regrettable que soit l'abandon du projet d'amélioration du port de Larmor, le vote du conseil municipal de Plœmeur rend sa réalisation tout à fait impossible.

En février 1897, monsieur Le Dantec, conseiller général du 2e canton de Lorient propose que la chambre de commerce se substitue à la commune pour le financement des 17 000 F en instaurant à son profit la taxe sur les passagers que Plœmeur refuse d'envisager.

Deux mois plus tard, monsieur Louis Romieux, Larmorien et avocat à Lorient, propose de réduire à 0,05 F la taxe que payeraient les voyageurs et d'instaurer une taxe identique sur chaque caisse de boites de sardines fabriquées. La perception de ces taxes serait faite pour le compte de la chambre de commerce. Cette combinaison aurait l'énorme mérite de faire aboutir enfin un projet qui traine depuis plus de 20 ans.

Dans sa séance du 12 novembre, la chambre de commerce de Lorient accepte de parfaire la somme nécessaire à l'établissement de la cale en fournissant la somme de 17 000 F.

Nous ignorons la suite donnée à cette affaire, mais une chose est sure, le môle n'a jamais vu le jour. Une fois de plus le projet de construction d'un môle est abandonné. Le problème reste entier.

 


   

La cale Le Bras

 

 

Le 7 février 1884 monsieur Pierre Le Bras fait part au préfet de son désir de construire une cale en maçonnerie de moellons devant son usine, plage de Toulhars. Il demande qu'on lui donne l'emplacement nécessaire.

Le travail consisterait en un escalier suivi d'une cale dans son prolongement.
Cette cale faciliterait le transport du poisson aux pêcheurs qui auraient ainsi un accès direct aux usines au lieu d'être obligés de faire un long détour.

Le 1er mars, l'ingénieur des ponts et chaussées estime que cette cale n'aura pas d'effet sur le régime de la lame et qu'au contraire elle consolidera le haut du mur de soutènement du chemin de Larmor à Kernével.

Par arrêté préfectoral du 17 mai, Pierre Le Bras est autorisé à établir au nord du port de Larmor et au droit de son usine de conserves alimentaires une cale de débarquement. L'ouvrage aura une longueur de 12 m, une largeur de 2 m et son extrémité supérieure sera reliée par un escalier en maçonnerie au chemin de Larmor à Kernével.
Le public pourra se servir de la cale, toutefois il est interdit d'y amarrer des embarcations ou d'y laisser en dépôt des marchandises pouvant gêner la circulation.
La présente autorisation est accordée à titre précaire moyennant une redevance annuelle de 7,50 F. Elle n'est valable que pour un an et sera périmée de plein droit, si ce délai passé le pétitionnaire n'a pas exécuté les travaux.

 

 

C'est cale n'a pas été construite puisque le 2 mai 1897, Pierre Le Bras fait une nouvelle demande pour l'établissement d'un débarcadère devant son usine. Cette fois, la construction projetée fait 20 m de long.
Le 2 juin 1897, l'autorisation lui est délivrée par le préfet moyennant une redevance annuelle de 2 F. Elle ne lui confère aucun droit de jouissance exclusive. La circulation y sera toujours permise au public et l'accès en demeurera libre pour toutes les embarcations qui auront à prendre ou à déposer à terre des passagers.

 

 


  

 

Débarcadère avec chaussée

 

 

 

Suggestion de M. Hecaen
Le 7 août 1893, monsieur Zéphyr Hecaen, syndic de faillites à Paris, attire l'attention du préfet sur les conditions de débarquement des passagers à Larmor.
J'habite Larmor une partie de la belle saison et j'ai peine à m'expliquer l'indifférence que l'administration semble manifester pour cette plage qui cependant se développe tous les jours et tend de plus en plus à devenir la promenade favorite des Lorientais.
Du logement que j'occupe et qui a vue sur les rochers où sont débarqués les voyageurs à marée basse, j'ai le triste privilège d'assister aux chutes qui à chaque débarquement se produisent sur ces rochers d'autant plus difficiles à franchir qu'ils sont couverts de goémon, et par conséquent fort glissants.
Souvent même devant le danger qu'offre le débarquement des voyageurs, des femmes surtout, refusent de descendre et préfèrent s'en retourner avec le bateau qui les amène.
Dans ces conditions, l'administration ne pourrait-elle faire prolonger de quelques mètres l'une ou l'autre des deux petites cales qui servent aux pêcheurs de façon à ce que les bateaux puissent y aborder à marée basse, ou bien encore ne pourrait-elle, à l'extrémité des rochers où abordent ordinairement les bateaux, faire établir une plateforme qui permettrait aux voyageurs de descendre du bateau sans courir le risque de se rompre les os. (Cette suggestion ressemble beaucoup au futur débarcadère dit "cale en T").

La dépense serait minime et ce serait en même temps qu'un acte d'humanité, un véritable service rendu au nombreux public qui fréquente aujourd'hui Larmor.
Vous m'excuserez monsieur le Préfet si je prends la liberté d'appeler sur cet état de choses votre bienveillante sollicitude.

Deux semaines plus tard, jour de grande marée, un journaliste écrit dans "Le Nouvelliste du Morbihan" : le vapeur loge son étrave dans une anfractuosité de rocher et c'est alors curieux de voir les prodiges d'équilibre auxquels se livrent les malheureux passagers pour ne pas dévaler sur les goémons gluants parmi les crabes et les crevettes. Quelquefois, le vapeur obligé de mouiller à quelque distance du rivage entasse son monde dans un méchant canot. Pour comble de bonheur le canot lui-même ne peut accoster la cale. C'est l'heure des résolutions héroïques où l'on voit les robustes matelots prendre dans leurs bras messieurs obèses et frêles demoiselles.

1893 Petition Hecaen 4S3068L'ingénieur des ponts et chaussées répond à la lettre de M. Hecaen le 4 octobre.

La situation signalée par M. Hecaen est bien connue de l'administration des ponts et chaussées, qui s'en est depuis bien longtemps préoccupée. Il ne suffirait pas d'ailleurs pour y porter remède de prolonger les cales actuelles de quelques mètres. En raison de la faible déclivité de la plage, il faudrait prolonger beaucoup ces cales, qui auraient toujours le grand inconvénient d'être absolument exposées à la grande mer.
Notre service a présenté en 1881 un projet d'amélioration d'ensemble du port de Larmor qui s'élève à 54 000 francs. Un concours de 14 000 francs a été demandé aux intéressés directs pour la mise à exécution de ce projet; mais ce concours n'a pas pu être été donné par eux, et pour ce motif, le projet n'a pas encore été exécuté.
Cependant il est incontestable qu'en présence de l'extension considérable qu'a prise le port de Larmor comme station balnéaire, la situation actuelle ne pourra pas se prolonger longtemps encore.
Les marins, armateurs, propriétaires, etc. qui ont des intérêts à Larmor, s'en sont émus, et d'après les renseignements que nous avons recueillis, une pétition signée de plus de 80 personnes formulant les désidérata des habitants de Larmor a été adressée récemment à M. le Ministre des Travaux Publics.
Cette pétition ne nous a pas encore été transmise ; dès que nous l'aurons reçue, nous examinerons quelles sont les modifications dont le projet de 1881 est susceptible pour répondre aux besoins nouveaux du port de Larmor, sans donner lieu à des dépenses exagérées et nous espérons qu'avec le concours de la commune de Plœmeur, qui sera très probablement réclamé, les observations de M. Hecaen recevront satisfaction, dans ce qu'elles ont de légitime.

 

Petition

 

 

 

Pétition des habitants
Dans la pétition en question, appuyée par messieurs Guieysse, Le Coupanec et Le Clech députés du Morbihan, les signataires soulignent que les moyens d'accostages manquent et font absolument défaut au moment des basses mers. Les moyens d'abri manquent également pour éviter la perte de nos embarcations et chaloupes.

Il y a plus de 10 ans, l'administration a fait un projet dont le montant s'élevait à 54 000 francs. L'état devait apporter 40 000 F, le solde devait être fourni par la commune qui a voté un crédit de 4 000 F et le département qui lui n'a jamais rien voté.
Nous prenons la liberté de vous faire remarquer, Monsieur le Ministre, que Larmor possède quatre usines de conserves alimentaires, que le commerce des sardines, poissons, rogues, vins et cidres y est considérable et que cette agréable station balnéaire possède une pépinière de marins qui méritent toute votre sollicitude.

 

Ce n'est que 7 ans plus tard que ce projet refait surface. Le 23 décembre 1900, monsieur Puren, conseiller municipal, expose au conseil, appelé à se prononcer sur une subvention pour le port de Lomener, que des dépenses relativement minimes permettraient à Larmor l'établissement d'une cale de débarquement allant de la petite cale sud à la roche du père Boulay. Il demande que le conseil vote une subvention de 2000 F largement suffisante pour, avec les fonds du département et de l'état, établir la cale demandée qui est absolument indispensable pour le débarquement des nombreux voyageurs et des habitants de Larmor ainsi que pour l'accostage des bateaux à vapeurs.
Le conseil émet le vœu que l'administration des ponts et chaussées fasse l'étude des travaux nécessaires et vote le principe d'une subvention.

Le projet établi est beaucoup moins ambitieux que les môles envisagés depuis 20 ans et rappelle la proposition faite par M. Hecaen en 1893. Il conduit à une dépense de 11 000 F dont un tiers à la charge de la commune. Le 17 mars 1901, à la demande de son maire, monsieur Le Coupanec, le conseil vote une subvention de 3700 F correspondant à sa part dans les travaux de la cale du père Boulay et demande son exécution aussi prompte que possible.

Le 22 mai 1901, le conducteur des ponts qui s'est rendu sur place écrit dans son rapport :
A toutes les basses mers de vives eaux, l'accostage ne peut se faire que par la plature de rochers qui existe au sud du port dont la surface est très accidentée, recouverte de goémon et sur laquelle la circulation est très difficile sinon dangereuse.
Actuellement lorsque la hauteur d'eau n'est plus suffisante pour permettre l'accostage des cales existantes, les bateaux à vapeurs sont dans l'obligation de mouiller à une certaine distance du rivage, puis de transporter leurs voyageurs à terre dans un bateau à fond plat, à faible tirant d'eau.

1902 Debarcadere 4S1247Lorsque la mer est bien calme, ce bateau peut accoster la plature rocheuse près de la roche du père Boulay ; les voyageurs doivent alors traverser cette plature dans toute sa largeur. Mais lorsqu'il y a un peu de clapotis, même quand la mer est belle, le voisinage des roches émergentes et de celles disséminées sur le fond ne permet pas de débarquer à la roche du père Boulay. Le bateau plat doit alors se diriger vers la petite cale sud dont il s'approche autant que le permet la hauteur de l'eau et le débarquement s'opère à dos d'homme.
Le projet consiste en l'établissement d'un débarcadère à la roche du père Boulay. Les bateaux pourraient accoster franchement l'ouvrage le long duquel ils trouveraient la plus grande profondeur d'eau. Le débarcadère serait ensuite relié à la cale sud par une chaussée en maçonnerie établie sur la plature, destinée à rendre possible sans danger la circulation sur les rochers. Ces ouvrages submersibles ne seraient utilisés qu'au moment des basses mers.

Observons que le "Petit Port" actuel était alors dénommé "Grand Port".

La société des vapeurs Port-Louisiens sollicitée par la commune pour une participation financière aux travaux envisagés vote une subvention de 700 F pour construire la nouvelle cale.

  

1902 Debarcadere 4S461

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Certaines modifications apportées au projet ont ramené son coût à 8225 F.
Le 28 mars 1902, le ministère prend en considération le projet et fixe la part contributive de la commune à 45 %, soit toujours 3700 F. Il demande à recevoir son engagement financier, à soumettre le projet à la commission nautique et à ouvrir les conférences mixtes réglementaires.

Le 13 avril le conseil maintient à l'unanimité sa subvention de 3700 F.

La commission nautique se réunit le 23 mai. Elle est présidée par monsieur Le Romancer, syndic des gens de mer et composée de messieurs :

                                         Goulven Etienne, ancien capitaine au long cours ;
                                         Créour Marc, patron pêcheur à Larmor ;
                                         Esvan Joseph, patron pêcheur ;
                                         Romieux Louis, propriétaire ;
                                         Desforges, propriétaire ;
                                         Le Bras Eugène, négociant
La commission serait reconnaissante à monsieur le préfet du Morbihan de vouloir bien avoir la bonté de faire aboutir le plus tôt possible le projet en question.

Le dossier est ensuite transmis aux administrations concernées qui toutes (direction des travaux hydrauliques, génie à Brest, ministères de la guerre, de la marine et des travaux publics) donnent leur accord à la construction du débarcadère. Muni de toutes ces adhésions le ministère des travaux publics clôt l'instruction mixte le 6 septembre 1902.

Le 8 novembre, le projet définitif est rédigé avec devis et cahier des charges pour être adressé au ministère qui le valide le 8 janvier 1903.

Les travaux sont mis en adjudication à la préfecture de Vannes le 14 mars. 7 concurrents ont fait des offres allant d'une augmentation de 5% à un rabais de 7%. C'est M. Frédéric Borgat, qui emporte le marché pour 7014,93 F.

1903 Debarcadere02 4S463Les travaux démarrent rapidement et, selon l'administration, devraient être terminés avant la fin de l'année. Mais le 27 août 1903, l'ingénieur des ponts et chaussées intervient auprès de monsieur Borgat.
J'apprends que, contrairement à ce qui avait été convenu entre nous, et malgré le beau temps, vous n'avez pas profité des vives eaux de mardi et mercredi, pour établir les fondations du débarcadère de Larmor.
Je crois devoir en conséquence vous adresser un nouvel ordre de service et vous prévenir que je n'hésiterai pas, au cas où vous persisteriez dans votre inaction à prendre au besoin des mesures de rigueur contre vous.

Le 14 octobre, M. Borgat informe l'ingénieur des ponts et chaussées que les travaux de maçonnerie constituant le débarcadère ont subi d'importantes avaries occasionnées par la tempête des 11 et 12 octobre. Il demande à être indemnisé des dégâts subis.
Une nouvelle tempête, le 22 octobre, occasionne d'autres dégradations et retarde les travaux.
Le 28 janvier 1904, M. Borgat écrit au préfet que les travaux sont terminés et demande à être remboursé des dommages qu'il évalue à 1636,82 F. Le 31 mars, le ministère donne une réponse favorable à sa requête.

 

 

 

Nouvelle tempête
Entre le 1er et le 8 mars 1908, une violente tempête cause de nombreux dégâts sur tout le littoral. A Larmor, la cale sud, fragilisée depuis longtemps, a subi de graves dégradations. Une réfection sur une vingtaine de mètres s'impose, soit une dépense évaluée à 3200 F. Le ministère donne son accord le 29 avril.

 


 


 

 

 

 

1917 LeVanic 4S3343Construction d'un escalier
Le 4 mars 1917, monsieur Le Vanic sollicite du préfet l'autorisation de construire un escalier en face de la maison Le Corre qu'il habite, située en face du port et donnant accès sur un petit coin de plage. Cet escalier serait appliqué contre le mur, avec 14 marches, d'une longueur de 5,40 m et de 1,20 m de largeur.

L'administration considère qu'il n'y a aucun inconvénient à ce qu'il soit fait droit à cette demande ; le projet permettant au contraire au public d'accéder du rivage au terre-plein en avant des constructions. L'autorisation d'occupation temporaire lui est accordée moyennant une redevance annuelle de 1 F.

 

Nouvelle dégradation des cales
Dans la nuit du 26 au 27 novembre 1920, une violente tempête se déchaine. Les deux cales sud et nord sont dégradées sur 1,50 à 2 m à leurs extrémités ; et la jetée en pierres sèches du vieux port est très éprouvée. Une brèche de 6 m de long, 4 m de haut et 1 m de profondeur s'est formée du côté du large.
Pour éviter l'extension de la brèche, l'ingénieur des travaux publics donne l'ordre de la boucher et de rejointoyer les extrémités des cales.

 

Visite du ministre Alphonse Rio
Le dimanche 31 juillet 1921, monsieur Alphonse Rio, (natif de Carnac, maire de Quiberon, président du conseil général, député puis sénateur du Morbihan) sous-secrétaire d'état à la marine marchande, aux ports et aux pêches, est accueilli à Larmor pavoisé de drapeaux. A son arrivée il est reçu sur la place de l'église par son compatriote l'abbé Jourdan, recteur, originaire de Saint-Pierre Quiberon avec qui il s'entretient cordialement.
Puis tout le monde pénètre dans la grande salle de l'hôtel Edelin où est servi un vin d'honneur. Monsieur Perrodo, président du comité républicain, lui demande de bien vouloir prendre en main l'allongement et la surélévation d'une des malheureuses petites cales de Larmor à sec à marée basse et recouvertes à marée haute. Il promet de demander aux ponts et chaussées d'étudier la question et d'établir un avant-projet.

 

Nouveau projet de môle-abri
Le 11 mars 1922, monsieur Perrodo, adresse à l'administration une demande d'amélioration du port de Larmor. Un projet de môle-abri, comparable à celui de 1894, est mis au point en 1923, mais aucune suite n'y est donnée.

Le 20 février 1927, monsieur Romieux, conseiller municipal de la jeune commune de Larmor-Plage, rappelle cette demande.
- Considérant que les ouvrages du port de Larmor ne répondent plus aux nécessités actuelles,
- que ce port est fréquenté pendant la saison estivale par deux compagnies de bateaux à vapeur et à moteur et aussi par de nombreux bateaux sardiniers,
- que ceux-ci ne trouvent aucune facilité pour débarquer, les uns leurs passagers, les autres leurs pêches,
- qu'en cas de mauvais temps, le service des bateaux à vapeur se trouve complètement arrêté et la flottille des bateaux de pêche se voit dans l'obligation de se réfugier dans les ports voisins,
- qu'il est incontestable que si les ouvrages du port de Larmor étaient améliorés, son trafic deviendrait plus important et que les compagnies n'hésiteraient pas à assurer un service toute l'année.
Le conseil émet le vœu que l'administration poursuive l'étude du projet.

Ce projet ne sera jamais mis à exécution.

 

La tempête de 1928
1928 Raz mareeEn 1928, les grandes marées d'équinoxe sont particulièrement vives. Dans la nuit du 23 au 24 mars, la mer, poussée par un vent violent de sud-ouest, déferle avec furie sur tout le littoral morbihannais causant des dégâts importants. A Larmor des cabines de bain et des canots sont partis à la dérive. La cale et le terre-plein situés près de l'ancienne usine Bourgeois sont littéralement labourés par les vagues. La plus grande partie du pavage est démolie rendant la circulation quasiment impossible. Quatre mois plus tard rien n'a été fait pour sa remise en état et la commune demande aux ponts et chaussées d'exécuter d'urgence les travaux de réfection nécessaires. 

En octobre, monsieur Pasquier, ingénieur des travaux publics, saisi de cette affaire, constate que non seulement le terre-plein est complètement bouleversé mais que toutes les cales ont également souffert. Il attribue ces dégâts exceptionnels à la présence à proximité du port de l'épave de la Dévastation en raison du ressac qu'elle provoque. Il rappelle que le préfet avait formellement interdit son échouage sur les plages de Larmor, Toulhars et Kernével.
Depuis un an, dans une note, il avait prévu ce qui s'est produit. Dans ces conditions il estime qu'il y a lieu de demander aux entrepreneurs de démolition et aux propriétaires de contribuer à la réparation des ouvrages.

Les deux cales et la jetée sont en cours de réparation. Quant au terre-plein, son peu d'intérêt pour la navigation et le manque de crédit conduisent à attendre la participation financière des propriétaires de la Dévastation.
Ce n'est qu'en février mars de l'année suivante que le terre-plein pavé est rétabli.

En 1933, l'administrateur délégué de la compagnie des vapeurs de l'Union Lorientaise, Goisillone, Port-Louisienne demande à la commune de faire effectuer des travaux d'amélioration du môle de la plage de Toulhars afin de pouvoir faire accoster leurs bateaux.
Un an plus tard, la chambre d'industrie touristique de Larmor-Plage émet le vœu que la cale centrale dite cale Bourgeois soit exhaussée et allongée de dix mètres.
Le 29 juillet, le conseil municipal approuve cette demande et la transmet aux autorités compétentes.
Mais ces travaux ne seront jamais réalisés.

 

Plus récemment
Dans les années soixante, un projet est établi, consistant en un allongement de 20 m de la cale sud, son rehaussement et son élargissement ainsi que la construction d'une digue de 45 m et terreplein avec enrochement destiné à relier la cale au rivage.

Le projet définitif est approuvé le 28 juillet 1966. Les travaux sont terminés en 1968.