La fin du pont suspendu

Le 30 mars 1914 l'agent voyer cantonal fait un rapport alarmant sur l'état du pont suspendu. En effet, le remblaiement de la rive droite du Ter pour mener au futur pont produit des mouvements dans la pile du vieux pont suspendu. La pile se dirige vers Lorient, mais la tête se couche sur Larmor. Les câbles qui raidissent les garde-corps aux appuis sont très tendus du côté de Larmor. Dans la travée côté Lorient, le garde-corps et le tablier présentent un dos d'âne très visible et une flèche vers la rade.
Nous estimons que la pile ne présente pas toute la sécurité désirable et que l'époque de la rupture ne peut pas être prévue.
Dans ces conditions, nous sommes d'avis que toute circulation soit interdite sur le pont.

1914 Arrete 2S83L'agent voyer en chef vient se rendre compte de la situation. Il la juge si dangereuse qu'afin d'empêcher tout passage, il fait enlever cinq mètres du tablier et établir des barrages en planches à chaque extrémité du pont.
Le 3 avril le préfet Roth prend un arrêté interdisant toute circulation sur le pont.

Les usagers privés de la possibilité de traverser le Ter, sont ramenés plus de cent ans en arrière. Ils réagissent aussitôt en faisant deux pétitions. 

L'une le 8 avril à l'initiative de monsieur Le Guénézan signée par 108 personnes. Elles demandent qu'une commission de personnes compétentes soit nommée d'urgence pour savoir si oui ou non le danger est immédiat et fasse le nécessaire pour assurer un passage provisoire et gratuit pour tous les piétons.

L'autre en faveur d'un passage fixe au pont de Kermélo. Les 69 signataires :
- protestent contre les lenteurs apportées à leur donner un passage au pont de Kermélo ;
- déclarent n'être pas satisfait d'une demi-mesure. Ils veulent un passage fixe ;
- demandent à monsieur le sous-préfet un pont provisoire fait avec des radeaux ou chalands.

Les démarches du sous-préfet auprès de la marine pour établir un pont flottant s'avèrent infructueuses. Tout cela est bien ennuyeux, car à marée basse, c'est-à-dire pendant de longues heures, le bateau de Lenoble ne peut faire le service et la petite plate qui le remplace en ces moments est dangereuse. 

L'administration s'active pour trouver une solution pour passer le Ter.
Jean-Marie Evanno, vétéran de la marine en retraite à Lorient moyennant un salaire de 7 francs par jour effectue la traversée des passagers jusqu'à 8 heures du soir à l'aide d'un canot lui appartenant. Il est aidé par son fils. Pour faciliter l'embarquement et le débarquement, il a été nécessaire de construire des débarcadères de fortune.

Le 22 avril 1914, le préfet Roth vient sur les lieux se rendre compte par lui-même des travaux du nouveau pont. Il considère le transbordement des piétons d'une rive à l'autre insuffisant.
L'idée d'une passerelle en bois d'un mètre de large, garnie de balustrades, est envisagée. Elle serait située en amont et latéralement à celle actuellement en usage pour les travaux de l'entreprise. 

1914 Adjudication 3O2678La stabilité du pont suspendu est très précaire et sa conservation constitue un danger pour la sécurité publique, notamment pour les ouvriers employés à la construction du nouveau pont.
La démolition immédiate de la suspension et du tablier, aussi bien que celle des supports métalliques de cette suspension s'impose.
Le 16 mai, Louis Denoël, entrepreneur à Hennebont, enlève le marché pour 310 F.

Le 27 avril 1914, Bonduelle et Martineau, déjà adjudicataires des travaux de construction du pont de Kermélo s'engagent à réaliser une passerelle en bois pour assurer le passage des piétons d'une rive à l'autre du Ter.
Le 30 l'ingénieur en chef Bidu émet des réserves quant à la sécurité de l'accolement d'une passerelle à piétons aux échafaudages instables de l'entreprise.

Le même jour, le préfet Roth soutient devant la commission départementale le projet de construction d'une passerelle en bois qui est la solution la plus avantageuse. Dès le 5 mai, elle est mise à la disposition du public.

 

Arrêt de la construction du pont

Le 1er mai 1914 l'agent voyer d'arrondissement fait un rapport sur la reconstruction du pont de Kermélo. Il rappelle les problèmes constatés au niveau de la culée du côté de Larmor du fait de la très grosse couche de vase à cet endroit. Les remblais effectués provoquant une inclinaison des pieux ont donc été arrêtés et la maison Hennebique propose de nouvelles modifications et dispositions qu'elle soumet à l'approbation du préfet.

Le préfet réagit auprès de l'ingénieur en chef. La lecture de ce dossier et de vos conclusions provoque de ma part les observations suivantes :
Des instructions doivent être adressées à l'entrepreneur et une copie à l'administration. Mais ce n'est pas à l'administration à donner des ordres aux entrepreneurs qui travaillent sous la direction et la responsabilité de la maison Hennebique.
Monsieur Bidu, une fois de plus, se décharge de l'affaire en demandant à l'agent voyer d'arrondissement de s'en occuper.

Le très mauvais état du chemin d'intérêt commun N° 92, qui de Lorient mène au pont de Kermélo, est souligné le 23 septembre par l'agent voyer Allias. En de nombreux points, l'épaisseur de l'empierrement est infime ou nulle et des ornières multiples sillonnent la chaussée.
L'agent voyer en chef lui répond de commencer par le déroctage des roches qui émergent et met à sa disposition un crédit de 300 francs.
Il parait que les prisonniers Allemands qui vont arriver à Lorient seront distribués, sur demande, dans les chantiers de travaux d'intérêt public. Leur utilisation à cette tâche serait intéressante au point de vue du prix de revient.

Alors que la construction du nouveau pont est quasiment terminée et qu'il ne reste que les accès à terminer, une fissure s'est produite à la culée côté Larmor le 3 octobre 1914. Aussitôt les entrepreneurs en avertissent l'agent voyer en chef afin qu'il prenne les mesures utiles. Il se contente de répondre qu'il se rendra sur place le 10 ou le 12, sans donner d'instruction. La fissure ne fait que s'accentuer et l'extrémité de la culée commence à s'enfoncer. L'entrepreneur télégraphie le 10 à monsieur Bidu pour lui demander à nouveau ses instructions. Ce n'est que le 13 qu'il vient se rendre compte de l'état du pont. Il estime que les remblais peuvent être continués, mais ne veut pas donner d'ordre pour parer à tout éventuel accident.

La situation s'aggravant de jour en jour, Bonduelle et Martineau écrivent à nouveau à M. Bidu qui fait répondre que le service vicinal n'avait aucune initiative à prendre en vue des dispositions que les circonstances imposaient, pour parer au mouvement anormal de la culée du pont.

Deux jours plus tard, l'agent voyer en chef se défend en écrivant au préfet. Si le service vicinal doit veiller à l'exécution stricte des dispositions prévues pour la constitution de l'ouvrage d'art et donner tous ordres nécessaires en ce sens, il ne lui appartient aucunement d'y apporter aucune modification. Dans le cas présent, c'est à l'entrepreneur de concert avec la maison Hennebique à présenter toute proposition qu'il jugera opportune pour parer à la situation actuelle.
1915 Bonduelle 3O2673

Devant une telle situation, Bonduelle et Martineau saisissent le conseil de préfecture le 29 octobre. Ils lui demandent de statuer en référé et d'ordonner :
1° faire d'urgence toutes constatations utiles afin d'établir les causes de l'accident qui se produit actuellement ;
2° exiger de l'administration vicinale qu'elle continue à assurer la direction des travaux, l'inviter à nous donner tous ordres et instructions qu'elle jugera utile ;
3° nous allouer une indemnité à établir ultérieurement, tant pour le montant des travaux supplémentaires que pour le retard apporté à l'achèvement des travaux.

 

Le conseil de préfecture statue le 2 novembre. Il sera procédé d'urgence à un constat matériel des accidents survenus dans les travaux en béton armé du pont de Kermélo.

Monsieur Le Brun pour la maison Hennebique expose à monsieur Bidu que si les instructions qu'ils ont données avaient été suivies, le mouvement du pont n'aurait pas dû se produire. Le renversement des pieux qui avait déjà commencé nécessitait des précautions minutieuses qui devaient être strictement observées.
Puis il donne des instructions à exécuter immédiatement pour préserver les parties de l'ouvrage qui peuvent l'être. Ensuite, ils examineront les travaux nécessaires pour la réparation ou même la reconstruction de la culée de Larmor.
Enfin il déplore l'attitude de l'agent voyer en chef dans cette affaire. Nous ne pensons pas qu'en vous abstenant de donner aucune indication ni aucun ordre aux entrepreneurs, vous pouviez éviter à votre administration des responsabilités qui sont encourues ou même qui seront encourues dans l'avenir.

L'agent voyer cantonal estime que la maison Hennebique est dans l'erreur car les travaux qu'elle a ordonnés, en son temps, ont été faits.

Le 10 novembre, le préfet met en demeure les agents généraux de la maison Hennebique, d'avoir à produire dans le délai de dix jours, tous les dessins et autres documents relatifs aux dispositions qui s'imposent pour assurer l'exécution du projet qu'ils ont présenté.
La semaine suivante, ils adressent au préfet leurs rapport et conclusions. Ils exposent que l'administration ne semble pas se rendre compte du rôle et des responsabilités incombant à chacune des trois parties en cause.
- Celui des agents généraux consiste à fournir sous leur responsabilité à l'administration, les plans du béton armé, avec les feuilles de détail et emploi des aciers à mettre en œuvre.
- Celui de l'administration est de faire observer par l'entrepreneur toutes les prescriptions, de donner sous sa responsabilité les ordres nécessaires à l'entrepreneur en conformité avec les plans qui lui ont été fournis et de s'assurer que les entrepreneurs ont bien exécuté et atteint le but indiqué par les plans et les prescriptions.
- Celui de l'entrepreneur est celui d'un entrepreneur au sens le plus large du mot et non pas d'un tâcheron qui se trouve couvert de toutes responsabilités. Sa compétence d'entrepreneur l'oblige à prendre toutes les mesures subsidiaires utiles pour la bonne réalisation des ouvrages.
Puis ils rejettent entièrement la situation actuelle sur les carences du service vicinal qui sont longuement dénoncées une à une et conseillent la démolition de la culée côté Larmor.

Le 6 décembre 1914, l'entreprise Bonduelle-Martineau fait savoir que quant à la démolition de la culée et à sa reconstruction, étant donné le cas de force majeur créé par l'état de guerre, qui nous prive de notre personnel et qui nous a mobilisé nous-même; nous avons le regret de ne pouvoir pour le moment effectuer la direction de ce travail.

Le 20 décembre, le vice-président du conseil de préfecture écrit au préfet : Il me semble que cette affaire est aiguillée dans une mauvaise voie. M. Bidu considère les entrepreneurs Bonduelle-Martineau comme les délégués de la maison Hennebique, tandis qu'il résulte des pièces que j'ai eu sous les yeux lors de l'ordonnance de référé, qu'ils sont indépendants de cette maison. Bien différente est la responsabilité d'Hennebique vis-à-vis du département. Cette responsabilité est entière, grâce à la garantie donnée.

L'agent voyer en chef répond point par point, avec toujours les mêmes arguments, aux griefs formulés un mois plus tôt par les agents généraux de la maison Hennebique.

Alors qu'un cultivateur s'est noyé en passant sur la passerelle, la presse locale dénonce les conditions faites aux piétons.

Il y a bien incurie de la part de l'entreprise ou de l'administration. Des deux côtés, la passerelle provisoire est bordée de fondrière. Une épaisse couche de terre glaise ou de boue gluante empêche presque les piétons de s'y aventurer. A l'heure de la pleine mer, on ne peut passer d'une rive à l'autre sans prendre un bain de pied ou s'exposer à toutes sortes de périls.
Et à notre tour, nous devons dire que si le brevet d'ingénieur mène à tout, il ne couvre pas tout et, pour nous borner au pont de Kermélo, il est surprenant que de nouveaux malheurs ne se soient pas déjà produits par ce temps de tempête.
                                                                                                                     Le Nouvelliste du Morbihan 3 janvier 1915

Le préfet demande si l'accès de la passerelle est aussi défectueux que l'indique le journal. L'agent voyer cantonal avance une explication. Samedi 2 janvier, il y a eu une forte marée qui poussée par la tempête atteignit la hauteur des plus grandes marées d'équinoxe. Pendant une demi-heure, les vagues balayèrent l'extrémité Larmor de la passerelle.
Les abords de la passerelle sont boueux en raison des pluies persistantes et de la grande circulation des piétons bien que l'entrepreneur fasse ébouer presque journellement. La description faite par le journal est outrée et tendancieuse.

Les 4 et 15 mars 1915, l'agent voyer en chef informe le préfet que les travaux de déblais et remblais à Kermélo sont arrêtés, suite à l'instabilité de la culée du pont. Par ailleurs, eu égard à la mobilisation du personnel de Bonduelle et Martineau, la démolition de la culée ne peut être poursuivie et il n'est pas possible de l'y contraindre pour le moment.

"Le Nouvelliste du Morbihan" consacre à nouveau un article au pont de Kermélo dans lequel il fustige le rôle de l'administration.
"Tout le mal vient de cette éternelle plaie du rond-de-cuirisme administratif qui ne désarme jamais. Et parce que les deux directions chargées des travaux de reconstruction – entreprise et ponts et chaussées – ne peuvent se mettre d'accord, se renvoyant la balle au bond, se déchargeant l'une sur l'autre des responsabilités encourues."

Le 24 mars, l'agent voyer en chef répond à une note du préfet relative aux conclusions du conseil de préfecture. Je n'aperçois pas que le service vicinal ait à présenter sa défense alors qu'il n'est absolument pour rien dans la conception du projet qui lui a été imposé.

Le 19 août Bonduelle et Martineau adressent une lettre recommandée à l'agent voyer d'arrondissement pour lui signaler que la passerelle pour piétons ne sert pas seulement à la destination pour laquelle elle a été construite. En effet, un capitaine l'a franchie à cheval, ainsi qu'un capitaine d'artillerie à bicyclette. Dans ces conditions, ils émettent toutes réserves sur l'entretien de la passerelle.

Le 4 octobre, un nouvel incident est révélé par Bonduelle Martineau. Une corvée de soldats a été employée aux abords du pont au repêchage des plates coulées lors de l'exercice de passage de la rivière. Il a été nécessaire que les soldats fassent des manœuvres sur les charpes des pieux et passent par-dessus la palissade de la passerelle. Ils protestent auprès de l'agent voyer.
Celui-ci répond que les faits se sont produits hors de la passerelle et le garde-corps franchi se trouve en bordure des terrassements sur la rive droite. La passerelle n'a subi de ce fait aucune dépréciation. La protestation et le dédommagement éventuel est affaire entre les entrepreneurs et l'administration de la guerre.

Le 12 octobre, nouvelle réclamation de Bonduelle Martineau.
Le perré en maçonnerie commencé du côté Lorient a été démoli par suite des fortes eaux de cette grande marée. Pour éviter que les dégâts s'accentuent nous faisons réparer la brèche et vous prions de nous tenir compte de ce travail.
Aussitôt, l'agent voyer cantonal répond qu'ils doivent l'entretien des modifications apportées de leur propre initiative. Leur demande n'est susceptible d'aucune suite.

Le 16 novembre 1915, nouvelle lettre recommandée à l'agent voyer pour l'informer que la tempête a causé de graves avaries à la passerelle provisoire et à ses perrés d'accès.
Ils vont faire les réparations d'urgence. Mais nous protestons contre l'entretien de cette passerelle que nous prétendons ne plus devoir depuis que les travaux sont arrêtés. Il y a dans le cas actuel un fait indépendant de notre volonté qui justifie le cas de force majeure et nous vous prions de tenir compte des dépenses que nous allons faire.
L'agent voyer estime que leur demande est irrecevable parce que le cas de force majeure ne peut être invoqué en leur faveur ; les mesures qu'ils ont prises pour exécuter leur marché étant insuffisantes et dénotant une imprévoyance incontestable.

 

Négociations et reprise des travaux

Le 3 mai 1916, le conseil de préfecture est saisi d'une nouvelle requête présentée par Bonduelle et Martineau ayant pour avoué maître Latouche à Lorient. Ils demandent de statuer sur les revendications suivantes :
1° allocation d'une indemnité de 10 000 F pour retard dans la présentation du décompte annuel de 1914.
2° majoration du prix pour l'extraction et le transport des déblais du fait de la différence entre la nature du terrain trouvé dans une partie (rocher) et celle établie par les sondages.
3° exonération des frais d'entretien de la passerelle provisoire depuis la mobilisation qui a suspendu les travaux et de toute responsabilité en cas d'accident.

M. Bidu, agent voyer en chef, est chargé par le préfet de lui fournir les renseignements nécessaires à sa réponse.
1° il n'est rien dû à l'entrepreneur qui a reçu des acomptes jusqu'à concurrence de 70 000 F représentant le montant total des travaux exécutés,
le cahier des charges précise que "Les déblais sont payés à un prix unique quel que soit la nature des terrains rencontrés et le mode d'extraction employé".
enfin concernant les frais d'entretien de la passerelle, rien n'autorise à y donner satisfaction. Le texte de la soumission est formel.

Bonduelle-Martineau contestent ces arguments. 

Le 20 mai 1916, le conseil municipal de Lorient émet le vœu que les travaux soient repris dans le plus bref délai possible et que la circulation normale soit ainsi rétablie pour le plus grand bien des populations de Lorient et de Plœmeur dont les intérêts sont gravement lésés par la prolongation d'une semblable situation.
Louis Nail, sous-secrétaire d'état de la marine marchande, sollicité par ses compatriotes Lorientais, intervient dans le même sens auprès du préfet.

Le préfet animé par le désir d'en finir avec les travaux de reconstruction propose de procurer une main d'œuvre d'internés civils "austro-allemands". De leur côté, Bonduelle-Martineau vont s'enquérir du personnel technique nécessaire car étant encore à la disposition de l'autorité militaire, ils ne peuvent assumer la direction des travaux.
Cependant, nous déclinons d'avance toute responsabilité au cas où l'administration croirait devoir maintenir le projet primitif. Sous cette réserve, nous sommes toujours à l'entière disposition de l'administration pour l'exécution des ordres qu'elle voudra bien nous donner.

Quelques jours plus tard, l'agent voyer en chef fait savoir au préfet qu'il ne voit aucune objection à la reprise des travaux par Bonduelle-Martineau s'il dispose des moyens nécessaires dont il se déclarait dépourvu il y a 18 mois.

Le 9 septembre le préfet, la maison Hennebique et l'entrepreneur Bonduelle-Martineau, tout en faisant chacun en ce qui concerne les intérêts des trois parties en causes toutes réserves de droit, se sont mis d'accord sous réserve de l'approbation du conseil général.
- Au point de vue de la marche des opérations :
                        1° on procédera à la démolition de la culée côté Larmor.
                        2° on envisagera le rétablissement d'une nouvelle culée par les procédés les plus appropriés au terrain.
                        3° on terminera l'ouvrage en rétablissant la seconde travée.
- Au point de vue de l'exécution :
                     Ces travaux seront confiés par extension du marché de la maison Bonduelle-Martineau qui pourra avec l'autorisation de l'administration sous-traiter tout ou partie des travaux.
- Au point de vue des crédits nécessaires :
                        La dépense résultant de ces travaux sera couverte par un crédit spécial à ouvrir par le conseil général.

Lors de la séance du conseil général du 11 septembre, le préfet Grimaud rend hommage à son prédécesseur le préfet Roth, mort au combat à la tête de sa section le 3 juillet à l'âge de 37 ans.
Pour ce qui est du pont, il serait de bonne administration de ne pas laisser plus longtemps les choses en l'état.
Monsieur Brard, au nom de la 2e commission, rappelle la situation et le fait que les trois parties se refusent énergiquement à endosser la responsabilité de cet état de choses. Toute tergiversation ne peut que compromettre la solidité de l'ouvrage tout entier et rien ne serait plus imprudent que de baser le maintien du statut quo sur l'éventualité d'un procès dont l'issue lointaine nous obligerait à envisager un ajournement indéfini du projet complet.
Le préfet reçoit les pouvoirs nécessaires pour immédiatement mener à bien la reconstruction.

Cette décision prise à l'encontre de l'avis de monsieur Bidu, provoque sa demande de mise à la retraite à compter du 30 septembre. Pour le remplacer, le préfet prend l'initiative de nommer aussitôt monsieur Lebert, actuel ingénieur en chef des ponts et chaussées.

Joseph Morvan soldat de la classe 1898, affecté au 85e territorial à Vannes, qui a été blessé au front, vient de rentrer au dépôt. Bonduelle et Martineau interviennent auprès du préfet afin qu'il soit mis à leur disposition pour diriger le chantier.

Dès le 29 septembre, le conseil de préfecture, désigne monsieur de Larminat, directeur des travaux hydrauliques de la marine à Lorient, à l'effet de procéder aux constatations afin de fixer les responsabilités encourues.
Il signale que l'on pourrait avoir des ouvriers du camp de concentration de Sarzeau, 3 ou 4 cimentiers, des forgerons, des manœuvres, des terrassiers.
Un ordre de service est adressé à l'entrepreneur pour qu'il soit en mesure de commencer les travaux de démolition le lundi 16 octobre.