La grande presse


Elle est située à Larmor, donne directement sur les quais et correspond à la parcelle 1516 de la section H de l'ancien cadastre.

Le 2 juin 1743, Guillaume Le Goff et consorts vendent à Jean Pierre Raud qui agit pour François Raud son oncle, négociant résidant à Marseille, un terrain et petit canton de terre froide appelé Porhe Bihan sans édifice, situé au lieu de Larmor donnant du bout du levant sur la mer et de l'autre bout sur la maison actuellement possédée par les héritiers du sieur Grenier. Le dit terrain contenant en fonds dix cordes.
Les vendeurs consentent que l'acquéreur jouisse et disposent du terrain et qu'il lui soit permis d'y construire tel bâtiment qu'il verra en observant néanmoins de laisser le chemin de fréquentation requis et raisonnable.
La vente est consentie moyennant la somme de quatre cent trente livres payée en louis d'or et argent blanc.

 

François Raud, fait construire la grande presse sur ce terrain.
Le 12 mars 1753, pour satisfaire à l'édit du roi de mai 1749, Guillaume Launy déclare que François Raud possède une presse à sardines couverte en ardoises, située au lieu de Larmor. Il précise qu'il l'occupe en qualité de commis.

 

Le 12 août 1765, Marie Anne Raud veuve de Jean André Couturier écuyer noble, ancien premier échevin de la ville de Marseille, demeurant rue du Monceau St Gervais à Paris, représentée par Antoine Fraboulet Kerorgan, premier lieutenant de la Compagnie des Indes, vend une presse à Larmor à Laurent Macé, négociant, et Marie Françoise Martin son épouse demeurant à Lorient.

La vente concerne un terrain anciennement nommé Porhe Bihan, situé au lieu de Larmor, paroisse de Plœmeur, donnant au levant, midi et nord sur la grève, du couchant sur un chemin charretier commun avec les héritiers Grenier et Croizet. Une grande maison bâtie sur le dit terrain couverte d'ardoises, servant de presse à sardines, consistant en magasins, chambres et cabinet, ayant son quai au midi et au levant un appartement aussi couvert en ardoises, consistant en une cuisine aux pêcheurs, et une salorge avec leurs issues, chemins, sentiers et servitudes.
La vente est faite pour la somme de sept mille livres dont cent cinquante livres pour les effets servant à la presse : manestans, faux fonds, barriques, barres de presse, balances, barriques à saumure, grande baille à laver le poisson, civières et autres choses à cet usage.
Par la même occasion, la veuve Couturier charge Antoine Fraboulet Kerorgan de retirer des mains du sieur Antoine Brémond, négociant, toutes les pièces papiers et titres qu'il peut avoir relatifs à la dite presse.

 

Après le décès de Laurent Macé en 1805, sans descendance, Jean Joseph Marie Macé son neveu, négociant à Lorient, en devient pleinement propriétaire en 1816 en rachetant leurs parts aux cinq autres héritiers.

 Par acte sous seing privé du 22 juillet 1833, Véronique Duquesnel, veuve de Jean Macé, loue ses deux presses, celle de Lomener et celle de Larmor, pour 4 ans moyennant 450 livres à Charles Jean Marie Le Maitre.

 

Après le décès de leur mère Véronique Duquesnel en 1840, Laurent Auguste Macé et sa sœur Marie Francine décident de mettre fin à l'indivision. La grande presse est estimée à 9000 F et la petite presse de Lomener à 2000 F. Laurent Auguste réside habituellement à Romsdal en Norvège pour les besoins de ses affaires, il décide donc de laisser à sa sœur les biens immeubles dont il ne pourrait s'occuper. Pourtant, le 15 octobre 1841, il achète une presse au Kernével.
Le partage effectué le 31 octobre 1841, attribue donc à Marie Francine Macé, veuve Quénot, la grande presse.
Le 25 décembre 1842, elle fait paraitre dans "L'Abeille de Lorient" l'annonce ci-dessous.

 

Le 12 mars 1852, Marie Francine Macé, épouse en secondes noces d'Armand Théodore Marion, vend la grande presse à Pierre Joseph Le Corre et Marie Joseph Françoise Le Coupanec pour cinq mille francs. Le matériel se compose de :
                      25 barres de presse ;
                      22 faux fonds de barils, 4 faux fonds de quart ;
                      18 bonnes balances, 5 mauvaises ;
                      100 bons manestants et plusieurs mauvais ;
                      6 bailles grandes et mauvaises, 5 petites ;
                      1 entonnoir ;
                      3 pelles en bois.

 

Après le partage de la succession de ses parents en 1880, Marie Joséphine Le Corre devient propriétaire de la presse. Elle est estimée 20 000 francs. Marie Joséphine Le Corre est l'épouse d'Auguste Jégo, né au Croisic en 1853. Il est également fabricant de conserves pour Amieux à Etel.

Le 18 mars 1880, Auguste Jégo demande l'autorisation d'établir une pompe aspirante dans sa propriété pour prendre à la mer l'eau nécessaire aux besoins de son usine de conserves alimentaires. Les travaux consistent en l'enfouissement dans le sable de la grève, à environ 10 m de la laisse des hautes mers d'équinoxe d'un tuyau de conduite communiquant avec son usine et traversant le terre-plein. Le préfet lui délivre l'autorisation le 19 juillet moyennant une redevance annuelle de 1 franc pour occupation du rivage maritime.

 

Après le décès d'Auguste Jégo à Groix en 1892, âgé seulement de 38 ans, sa veuve tente de vendre par adjudication l'ancienne fabrique de conserves, comprenant cinq grands magasins, atelier, appartement de six pièces, greniers, cuisine, caves et écurie. Sur la mise à prix de 10 000 francs, aucune enchère ne s'étant produite, la veuve Jégo retire l'adjudication.
Finalement, elle loue la presse à Henri Bourgeois, industriel parisien qui possède également une usine à Concarneau.

 

Le 29 mai 1896, M. Bourgeois, gérant de la presse, demande l'autorisation d'utiliser la prise d'eau qui avait été établie par monsieur Jégo en 1880, pour l'approvisionnement en eau de mer nécessaire aux besoins de son usine. Il s'agit en particulier d'effectuer des réparations consistant en le remplacement d'une partie du tuyau de plomb ; tuyau qui restera encastré sous le terre-plein du port ainsi que dans les rochers. 

Le 4 juin 1897, M. Bourgeois demande l'autorisation de construire un égout pour conduire à la mer les eaux de son usine.
Le conduit à construire s'embranchera sur l'aqueduc placé sous son usine et viendra rejoindre le parement de la cale à la naissance de la rampe d'accès à l'usine. Il sera ensuite posé tout le long de la cale et viendra aboutir à la cote (2.00), sur le bord de la plature de roches qui existe à cet endroit. La redevance annuelle est fixée à 1,15 francs.

 

 

 

Le même jour, il demande l'autorisation de faire sécher son poisson sur le terre-plein situé devant son usine pendant la saison de pêche, de mai à décembre. Le 16 juillet, le préfet lui délivre l'autorisation sous réserve de laisser complètement libre à la circulation la zone comprise entre son usine et le terrain dont l'occupation lui est accordée. Le public aura libre accès sur ce terrain lorsqu'il ne sera pas occupé. La redevance est fixée à 48,35 francs.

 

En 1901, selon le recensement, 4 ferblantiers, 4 boitiers et 1 manœuvre travaillent chez Bourgeois. En 1921, 3 ouvriers sont recensés.

 

En 1926, selon le cadastre Joseph Jégo est le propriétaire de la presse. Il la cède à Yves Le Page, quincaillier à Lorient, qui en change complètement la destination. Sérieusement sinistré par les bombardements en 1943, l'immeuble est reconstruit en 1963 et abrite maintenant des appartements, sous le nom de "Résidence les Marines".